Rien n’est encore parfaitement officiel, mais selon plusieurs sources, dont la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB), l’Agence d’information burkinabè (AIB) et une source proche du gouvernement citée par l’AFP, la junte au pouvoir aurait demandé cette semaine le départ des troupes françaises de son sol et ce dans un délai d’un mois.
Selon une source proche du gouvernement, les autorités ont demandé « le départ des soldats français dans un bref délai ». « Ce n’est pas la rupture des relations avec la France. La notification concerne uniquement les accords de coopération militaire », a-t-elle précisé.
Tensions diplomatiques
Sur le plan diplomatique, le Burkina Faso et la France connaissent également des tensions : en octobre et novembre derniers, plusieurs manifestations ont visé l’ambassade de France à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays. Et en décembre, les autorités burkinabè ont exigé le départ de l’ambassadeur de France, Luc Hallade, après des propos jugés offensants. Le 3 décembre 2022, les autorités burkinabè ont suspendu Radio France internationale (RFI), à l’instar du Mali. Quelques jours plus tard, deux ressortissants français ont été arrêtés pour activités d’espionnage par les forces nationales burkinabè et ont été expulsés du pays les 17 et 18 décembre dernier.
Les autorités du Burkina, arrivées au pouvoir par un coup d’État en septembre, le deuxième en huit mois, ont manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats notamment en matière de lutte contre le djihadisme qui mine ce pays depuis 2015. Parmi les nouveaux partenaires envisagés, la question d’un éventuel rapprochement avec la Russie est régulièrement évoquée. « La Russie est un choix de raison dans cette dynamique », et « nous pensons que notre partenariat doit se renforcer », a souligné samedi le Premier ministre burkinabè Apollinaire Kyélem de Tembela, à l’issue d’une entrevue avec l’ambassadeur de Russie Alexey Saltykov. Début décembre, il avait fait une visite discrète à Moscou.
Un pays dans la spirale djihadiste
Il faut dire que le pays s’est retrouvé dans une spirale sans fin d’attaques terroristes. Pas plus tard que le week-end dernier, plus d’une soixantaine de femmes et d’enfants ont été enlevés par des djihadistes dans les alentours d’Arbinda, dans la région du Sahel (nord) alors qu’elles étaient sorties de leur village pour aller chercher de quoi se nourrir. Selon des sources sécuritaires, elles ont été retrouvées dans la zone de Tougouri, dans la région voisine du centre-nord, 200 km plus au sud, avant d’être héliportées vers la capitale burkinabè dans la soirée du samedi 21 janvier où elles ont été accueillies par des responsables de l’armée.
Jeudi, le Burkina Faso a également été endeuillé par une série d’attaques dans plusieurs régions du nord et du nord-ouest du pays faisant une trentaine de morts, dont une quinzaine de Volontaires de la défense de la patrie (VDP), des supplétifs de l’armée.
Parmi les nouveaux partenaires envisagés par Ouagadougou, la question d’un éventuel rapprochement avec la Russie est régulièrement évoquée. En décembre, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a affirmé, lors d’un entretien à Washington, en marge du sommet Afrique-États-Unis, que le Burkina Faso avait conclu un accord pour recruter des hommes de Wagner, à l’instar du Mali.
L’avenir de la présence militaire française au Sahel en question
De son côté, le président Emmanuel Macron s’est donné jusqu’au printemps pour repenser les partenariats militaires français sur le continent africain, qui devront plus répondre aux demandes spécifiques des pays et s’appuyer sur des dispositifs moins visibles. D’après des sources proches du dossier consultées par l’AFP, l’option privilégiée par la France serait de redéployer ces forces spéciales de « l’opération Sabre » dans le sud du Niger voisin, où sont déjà déployés près de 2 000 militaires français.
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Avec LePoint