Site icon LE DEBAT IVOIRIEN

Urgent-Côte d’Ivoire-les Docteurs en ‘‘glissement catégoriel’’ sonnent l’alerte: «Impérieux de reconnaître  le Doctorat à la Fonction publique…railleries des collègues», Dr Pascal Tanoh, porte-parole sans détours

Côte d’Ivoire-les Docteurs en situation de ‘‘glissement catégoriel’’ donnent de la voix: «Il est impérieux de reconnaître  le Doctorat à la Fonction publique...railleries des collègues…», Dr Pascal Tanoh, porte-parole Ledebativoirien.net

 

 

Dr Pascal Tanoh-L’heure est au bilan dans  les rangs  des collectifs des titulaires du doctorat en situation professionnelle  difficile en Côte d’Ivoire. Mais aussi, le temps des perspectives en  2023, après la montée de l’adrénaline sur la période 2021-2022. Qu’ils soient  des Docteurs en quête du Numéro Matricule pour la Fonction  Publique, ou titulaire dudit numéro,  ils croient  qu’ils  sont assis sur  le même banc, dans même loge.

 Les persifflages dans l’administration continuent de briser  la joie du premier emploi à ces  docteurs exerçant à la Fonction  publique en Côte d’Ivoire. Celui qui a été désigné, le  porte-parole du Collectif des souffres doleur dans le Service  public, Dr  Pascal Tanoh Adjéi en situation de glissement catégoriel sort de sa réserve, avec  une certaine dose de réserve. Il décrit avec aisance pour ceux qui ne le sauraient  pas, la situation peu glorieuse des titulaires du doctorat  dans  la fonction publique ivoirienne. 2023 étant décrétée par le chef de l’Etat Ivoire Alassane Ouattara ‘‘année de la jeunesse’’ apportera-t-elle un  changement radical à l’image du doctorat en Côte d’Ivoire ? Ledebativoirien.net vous transporte dans la tête d’un fonctionnaire titulaire du doctorat, Dr  Pascal Tanoh. Suivez !

Ledebativoirien : Dr Pascal Tanoh, en 2021, l’actualité a été presque dominée par la naissance et les actions d’un  collectif de docteurs au chômage ou non recrutés en Côte d’Ivoire. En 2022, le nombre s’est accru, avec l’entrée en scène de l’un d’eux portant  le nom de collectif des docteurs en  ‘‘glissement catégoriel’’ dont  vous êtes le porte-parole. De quoi s’agit-il ?

Dr Tanoh: Monsieur le journaliste, avant tout propos permettez que je souhaite une heureuse nouvelle année à mon pays, à ses gouvernants et spécialement à tous les diplômés de Doctorat en attente d’un recrutement nouveau ou d’un glissement catégoriel. Que la crise dite des Docteurs-non recrutés soit un vieux souvenir en cette  nouvelle 2023, pour le bonheur de toutes les parties prenantes. A vous également journaliste,  que l’Éternel vous garantisse tout ce qui est bien pour vous, votre famille biologique et votre famille professionnelle.

 Revenant au sujet, je dirai que le mouvement avait débuté par des actions d’éclats, mais progressivement les intellectuels avec à la tête le Docteur Olivier Dally avaient déjà compris qu’il fallait s’orienter vers un autre paradigme dynamique; celui du dialogue social productif. Bref, à peine les résultats de la dernière session de 2022 proclamés que le collectif se disloqua donnant plusieurs collectifs pour diverses raisons que seuls les leaders d’antan détiennent.

 Nous fonctionnaires, titulaires de Doctorat et en attente d’un glissement catégoriel pour faire valoir ce diplôme avons sous l’impulsion de certains condisciples, issus de divers horizons décidé de mettre sur pieds un collectif dont l’Assemblée générale constitutive s’est tenue le juillet 2022. Mes camarades  ont  bien voulu me désigner comme leur porte-parole.

Pour dire plus simplement, il s’agit d’un collectif qui rassemble les fonctionnaires qui sont titulaires du diplôme de Doctorat, mais qui n’ont pas encore une promotion à partir de ce diplôme, de ce titre. Notre engagement est de négocier pour une revalorisation de statut.

C’est une requête de promotion. Nous sommes donc issus de plusieurs ministères avec des spécialités ou domaines divers.

 

LDI : Alors, si vous êtes déjà fonctionnaire, ce que recherchent  les autres diplômés du doctorat au chômage, qu’est-ce qui fait le problème, pour vous ?

Voyez-vous cher monsieur, le Doctorat a un véritable coût. Ce coût est non seulement financier, physique, mais aussi psychosocial.

Les diplômés du doctorat en situation de recrutement nouveau sont en quête de leur premier matricule. Ils ont fournis assez d’efforts pour avoir ce titre. Etre toujours sur le carreau après un tel niveau d’étude n’est pas aisé.

Le problème c’est qu’il y a un flot non négligeable de docteurs au chômage. La faute n’incombe pas aux diplômés qui ont besoin de formules d’insertion pour valoriser leur diplôme. Devant une telle réalité seule le dialogue permet de trouver des solutions idoines. Mais je n’ose pas rentrer dans le fétichisme des chiffres. Seule donc la tutelle est à même de situer sur le nombre exact de Docteurs dans cette situation.

 

LDI : Quelle est alors votre situation et comment pensez-vous régler le problème?

Les fonctionnaires qui s’engagent dans les études doctorales sont généralement endettés, pour ne pas dire très endettés. Car le seul salaire ne peut combler les  recherches.

Nous avons été contraints d’aller vers des structures bancaires pour nous soutenir jusqu’à termes. Il y a aussi les charges familiales. Nos parents, nos femmes et nos enfants, sont tous soumis aux caprices de notre engagement doctoral,  qui ruine le portefeuille et le grenier de plusieurs d’entre nous.

Aussi, faudrait-il rappeler que nous subissons les railleries de certains collègues dans nos services, faute de promotion. Nous avons été obligés pour certains d’entre nous de renoncer à nos grades. C’est-à-dire que le fonctionnaire titulaire d’un Doctorat et dont le grade est supérieur à A4 doit obligatoirement y renoncer afin de pouvoir postuler à un recrutement d’assistants ou d’attachés de recherches à l’enseignement supérieur. De ce fait, il perd tous privilèges et attends un recrutement  à l’enseignement supérieur, avant de pouvoir savourer une autre promotion. 

Lire:https://www.ledebativoirien.net/2022/10/abidjan-depot-de-dossiers-a-lipnetp-le-constat-de-dr-pascal-tanoh-du-collectif-des-docteurs-non-recrutes-en-situation-de-glissement-categoriel/

Nous avons souvent été loin de nos familles pour dérouler nos recherches. Pour cette raison, certaines familles ont été disloquées, séparées. Nous ne demandons donc qu’une promotion pour des fonctionnaires qui se sont investis dans ce champ fastidieux de la recherche, en vue de servir davantage la nation et de bénéficier du fruit de ses efforts. L’Etat le fait déjà, mais il y a  une masse de Docteurs qui attendent ce glissement catégoriel. Raison qui nous amène à entrer en négociation avec la hiérarchie compétente pour trouver des solutions efficientes.

Comme solutions nous avons d’abord mis en place le collectif, pris attache avec le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, celui de la Fonction Publique et des institutions stratégiques.

Nous avons  conçu une documentation qui s’invite comme un livre blanc de nos doléances. Il faut le reconnaître les autorités compétentes, avec à leur tête le Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Monsieur Adama Diawara, restent préoccupées par nos attentes. Ainsi, le Ministre Adama Diawara demeure disposé en créant un cadre de dialogue social avec les divers collectifs afin de trouver de manière concertée des solutions à notre situation. 

Pour régler durablement cette crise, il est impérieux de reconnaître  le Doctorat à la Fonction publique afin que les diplômés du Doctorat soient insérés dans plusieurs autres ministères autres que l’Enseignement supérieur, avec la possibilité de création de nouveaux emplois en adéquation avec les compétences des Docteurs. Le nouveau Statut Général de la Fonction publique, s’il est bien habillé peut aussi régler le cas des fonctionnaires titulaires de Doctorat et en attente du glissement catégoriel. Je veux dire que déjà par un concours professionnel exceptionnel, les concernés peuvent connaître la promotion en termes de mobilité professionnelle interne ou externe.

 Le Docteur qu’il soit en situation de glissement catégoriel ou de recrutement nouveau peut être mis  à la disposition de toutes structures qui demandent ses expertises. Ce sont ces réalités qui conduisent aujourd’hui à la réforme du système de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, qui permet de redynamiser les Ecoles Doctorales, creusets de toutes formations académiques performantes, aux valeurs et qualités heuristiques.

Déjà, il faut saluer le Ministre de l’enseignement supérieur, le Ministre Adama Diawara, qui en bon père et en bon Maître est resté à l’écoute des différents collectifs. Le dialogue social responsable auquel il nous invite sans cesse a permis d’ouvrir des perspectives satisfaisantes pour toutes les catégories de Docteurs.

 LDI : Qu’en pense la ministre de  la Fonction  publique ?

En ce qui concerne la Fonction Publique, nous savons déjà en tant que fonctionnaire que les choses évoluent. Les portes du Ministère nous ont toujours été ouvertes et nous plaidons pour que les fonctionnaires ayant des grades au-dessus de, A4, puissent candidater sous réserve.

Nous souhaitons vivement aussi que les postes budgétaires alloués aux Glissements catégoriels soient revus à la hausse afin d’absorber rapidement le lot de fonctionnaires dans cette situation. Ils ont déjà l’expérience nécessaire, et la pédagogie pour ceux exerçant déjà dans l’enseignement. 

 

LDI : Alors quelle lecture faites-vous du doctorat, lorsque  le premier ministre ivoirien dit que c’est un choix et que l’Etat forme  mais ne  donne  pas de l’emploi ?

Je ne vais pas faire une lecture à priori de ce discours plein de sens. Il a été dit dans un contexte précis. Je n’ose pas croire que l’élite soit rejetée ou méprisée par son formateur, par l’Etat. Ce n’est pas le sens profond du discours que j’ai écouté. Je pense plus à une reconversion mentale, comportementale, attitudinale et professionnelle.

Dans notre livre blanc, nous abordons aussi la question  de reconversion. Pour nous  l’enseignement n’est pas la seule voie. Les Docteurs sont aptes à servir partout, à l’Enseignement, dans  l’administration, institutions, centre de recherches.

Le perfectionnement, la formation continue chez les fonctionnaires par exemple sont des modèles de reconversion qui hissent le fonctionnaire dans plusieurs domaines possibles. Le compendium de compétences des Docteurs clarifie ce fait. Il n’y a donc pas de fixation sur l’enseignement en ce qui concerne les Docteurs.

Nous pouvons servir partout où besoin se fera sentir. Et nous continuerons de nous perfectionner, de nous reconvertir. Par exemple de professeur de Lycée, le doctorat peut nous transformer en expert en environnement, foncier, hydraulique, cartographie, océanographe, Assistant ou attaché de recherche. C’est aussi cela la reconversion.

Ne nous laissons donc pas abattre par ce concept qui est une réalité socioprofessionnelle. La reconversion est dynamique. Et il sera possible de mettre les docteurs  à la disposition d’autres ministères autres que celui de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. C’est aussi ça, la reconversion dont  parle le Premier  ministre.

L’année 2023, étant celle de la jeunesse, de bonnes nouvelles attendent les Docteurs en recrutement nouveau et en situation de glissement catégoriel. C’est ma conviction,  au vu de l’intérêt que les autorités portent sur la jeunesse, dont font partie les Docteurs non- recrutés. Nous continuerons de plaider auprès des autorités pour toujours  entendre le cri des jeunes Docteurs, assoiffés de servir au mieux leur pays

 

LDI : Quelles sont  vos attentes aujourd’hui ?

Je voudrais vivement que nos frères qui refusent le dialogue social productif s’écartent du populisme, de la démagogie et des vaines calomnies. Au passage nous qui participons à ce dialogue, sommes attaqués et vilipendés, par ceux qui refusent la table des propositions.

La réalité est que le Ministre de l’enseignement supérieur a toujours invités les différents collectifs à la table des échanges. Mais,  sur les 7 collectifs, un seul ne répond toujours pas à l’appel. Comment allons-nous trouver des solutions idoines et concertées si nous pratiquons sans cesse la politique de la chaise vide. Il leur faut venir aux échanges constructifs, afin de participer à la résolution durable de ce problème, qui d’ailleurs prendra certainement fin d’ici peu.

Nous comptons toujours sur la hiérarchie qui a demeuré attentive à nos doléances et qui compte mobiliser des mécanismes adaptés d’insertion afin de clore ce chapitre. Nous souhaitons que nos jeunes frères qui attendent leur premier emploi puissent avoir ce matricule et que les fonctionnaires qui attendent le glissement catégoriel « glissent » soient effectivement  satisfaits en 2023. Je vous remercie infiniment pour votre engagement dans la résolution de la crise des Docteurs.

Dr Tanoh Adjéi Pascal, le  porte-parole du collectif des docteur  non recrutés en situation de glissement  catégoriel, au sein de  la Fonction  publique en Côte d’Ivoire. 

 Ledebativoirien.net

par HERVE MAKRE

Quitter la version mobile