Ouéllé-Une table-ronde pour régler tout ! Témoignages et annonces. Vivez l’ambiance aurifère avec Ledebativoirien.net/Reportage
Ouéllé-Janvier 2023, plusieurs ministères en Côte d’ivoire dont celui des Mines sont réveillés par un collectif de 11 villages du département de Ouéllé, au centre du pays. Les villages Ouellé-prikro, Egoukro, Kouakoussékro, Ebini, Kouadiokro, Sikakomenankro, Ananda, Koumélékro, Angouakro, Degbé et Bayassou, exposent, ‘‘la destruction et la pollution de leur environnement par des eaux boueuses’’. Ils pensent qu’elles proviennent des installations de l’exploitation de la Société Minière de la Nawa-SOMINA, présente sur ‘‘leurs terres’’, bientôt un an.
Cette atmosphère n’a pas manqué d’alourdir l’environnement à Ouéllé dans une ambiance ivoirienne d’orpaillage clandestin. Mieux, elle n’est pas faite pour un exercice paisible de la Société Minière de la Nawa. Une immersion, le 13 février 2023, a permis à Ledebativoirien.net d’explorer ce territoire minier.
Des explications et importants éclairages seront apportés par le directeur général de la SOMINA, Fiacre Koffi, sur la levée de boucliers de certains villageois dans la contrée. Ayant pris la portée et la mesure des demandes de ceux-ci, avec ses collaborateurs et son partenaire Sako, il fera de grandes annonces, comme la construction de 11 forages pour les 11 villages. Afin de les éloigner de la consommation d’eau non potable. Avec un plan d’accompagnement agricole. Une table ronde entre toutes les parties est annoncée par le DG Fiacre Koffi. Mais, que de récriminations de part et d’autre. Suivez l’ambiance avec Ledebativoirie.net qui a tout vu.
« On veut de l’eau»
Le premier cri part du village Ouellé-Prikro, situé à 7 km du chef-lieu de département Ouellé. Là-bas, le chef du village, Kassé Kouakou Pascal y fait remarquer, la perte de sa récolte 2022 du fait de l’inondation de sa plantation d’ignames par la rivière, «Baya». Selon lui, ce sont les écoulements des eaux boueuses en provenance du site de l’exploitation de la SOMINA, intensifiés par la dernière saison des pluies. A la suite d’une visite de son champ par les différentes équipes de reportages, dont Ledebativoirien, le chef de ce village explique:
« C’est à travers cette rivière Baya que les 11 villages réalisent leurs travaux champêtres. Si cette eau est polluée, tous ceux qui consommeront les produits de nos récoltes périront… Avec cette situation de perte de nos récoltes, le directeur de la Somina nous a apporté une assistance alimentaire avec des sacs de riz et m’a remis la somme de 300 mille francs qui n’est pas un dédommagement, mais une aide».
Kassé Kouakou Pascal est suivi dans sa remarque, un peu plus loin à Koumélékro, par Kouassi Kouadio Edouard, se présentant comme le président du collectif des 11 villages se déclarant impactés par l’exploitation minière. «Quand la SOMINA lave leur or, cela nous crée des désagréments dans la rivière Baya que nous utilisons pour faire le ménage, la lessive. Parce que la Somina, extrayant son or, le lave dans le Baya…Si rien n’est fait, nous irons toujours avec courtoisie pour les rencontrer, car en mars, c’est le début des travaux…».
En parcourant les différends sites présentés par les villageois, des étangs d’eau impropre à la consommation sont constatés. Pas de coulée ou ruissellement d’eau, mais stagnante, ici et là. C’est ce qu’est la rivière’’ baya’’ qui retrouve sa joie de la traversée des végétations des villages à la saison des pluies. Tout est dit pour donner lieu à une explication et des précisions de la part de la direction générale de la société minière indexée.
Passée donc cette étape de visite de la ‘‘baya’’ composée de grosse marre d’eau, direction sur le site ou encore, la plateforme d’installation de la Société Minière de la Nawa. Des ouvriers et techniciens miniers, près de trois, sont actifs entre plusieurs compartiments de la chaine de traitement du minerai extrait du sol. De l’excavation, au concassement des roches en passant par le broyage au traitement en produit fini, l’obtention de l’or après lavage. Le tout sous le contrôle et l’expertise de M. SAKO Lancina, directeur de Sako Group, l’opérateur technique.
Une grande cuvette de recueil des eaux provenant du lavage de la terre contenant le minerai est juste en aval du site. Elle sert de récupération de cette eau boueuse pour un traitement en vue de l’alimentation de la fontaine d’où coule en permanence l’eau à laver les pierres.
«Nous faisons tout selon les normes», le directeur général Koffi Fiacre qui explique et éclaire
Pour bien faire, plusieurs membres des villages sont présents sur le site, ce 13 février 2023, y compris le comité d’évaluation du projet de la SOMINA à Ouellé. Une ambiance qui crée une excitation particulière des ouvriers et de tout le personnel redoublant d’ardeur devant les projeteurs des caméras et micros. Une journée exceptionnelle sur la plateforme du traitement du minerai.
Entouré de ses collaborateurs le directeur Fiacre Koffi apporte des éclairages précis sur l‘activité de son entreprises et ses actions sociales. «Il est clair que l’impact se ressent tant au niveau environnemental que social. Nous déployons toute notre énergie au quotidien pour l’atténuer, de sorte que le projet soit plus bénéfique à la communauté et qu’il soit un atout pour le département de Ouellé.
Une étude diligentée par le préfet, en octobre 2022, sur la qualité de l’eau autour de la zone de sa société a révélé, que 10 km avant et 10 km après le périmètre d’exploitation, l’eau était de très mauvaise qualité. Donc la situation décrite par les villages ne saurait être du fait de la société… Dans la région, pendant les périodes des pluies, toute l’eau de ruissellement est de mauvaise qualité par la texture comme la composition des matières grasses et autres. La terre ici est poussiéreuse, il suffit d’une pluie et la coulée de la boue jaunâtre envahi tout avant même l’arrivée de l’entreprise présente à peine 9 mois».
Et l’eau souillée dans la rivière Baya ?
«Il n’y a pas de cours d’eau qui coule en permanence pour presque la moitié des saisons pluvieuses à Ouellé. Baya n’est pas une rivière. C’est est un ruisseau. Qui n’a d’eau que durant la saison de pluie, entre octobre et novembre. Nous travaillons en circuit fermé avec de l’eau de forage, ce qui, de ce fait, ne peut pas laisser échapper cette eau acquise durement. L’eau utilisée, est récupérée dans un autre bassin. C’est une rotation. Nous n’avons pas intérêt à libérer cette eau d’autant plus que nous payons cher ne serait-ce que pour avoir une goutte pour traitement de notre minerai.
Si l’eau du Baya est plus ou moins boueuse cette année, cela est la résultante de l’érosion du fait de l’inondation provoquée par le fleuve N’zi sur les zones décapées qui a entrainé la boue, jusque dans la rivière et non les eaux de nos forages. Il y a eu effectivement un phénomène avec les inondations constatées un peu partout en Côte d’Ivoire et beaucoup plus ressenties à M’Bahiakro qui ont entrainé l’érosion dans notre zone, qui a impacté ces villages»,
explique le directeur de la Somina. Il ne manque pas de faire savoir que cette inondation ressentie a englué deux de leurs engins acquis chacun à plus de 50 millions FCFA et inutilisables aujourd’hui. «Nous sommes aussi victimes de cette situation. Mais nous ferons du mieux pour assister les populations impactées par cette situation qui n’est pas notre fait. Il nous fait partager ce que nous gagnons…», indique Fiacre Koffi.
Il dénonce une intoxication et manipulation politique
« Toute cette histoire de l’eau de Baya est de la manipulation et de l’intoxication. Aucune étude du Centre ivoirien anti-pollution et autres structures n’ont révélé la toxicité de l’eau ou que l’eau est source de pandémie du fait de SOMINA. Il ne peut pas y avoir une vie piscicole dans un ruisseau qui ne coule pas plus de six mois. Nous n’avons jamais été saisis d’aucun cas de mort d’animaux suite à la consommation d’une certaine eau qui proviendrait du site d’exploitation.
C’est de la pure intoxication, c’est de la méchanceté pure et simple. Il s’agit pour ceux qui se plaignent de mettre la pression pour que la société dépense encore plus d’argent. Ils ont appris que la société offre du riz, de l’argent aux impactés dans un rayon de trois kilomètres. Automatiquement, des gens qui sont à 50 km, se mettent dans la danse.
C’est une stratégie pour qu’on débourse de l’argent pour eux. Sinon il n’en est rien. Le projet mené par notre société n’est pas plus dangereux que ce qu’ils laissent leurs enfants faire dans leurs champs, dans leurs forêts, c’est-à-dire l’orpaillage illégal», note-t-il avant d’être encore plus précis :
«Vous devez savoir dans quelle dynamique ils sont. Nous avons fait l’étude de l’impact environnementale, l’étude de faisabilité. Nous avons fait toutes les enquêtes comodo et incomodo, ils ont été tous associés au projet, quand les jeunes de chez eux qui exploitent illégalement dans cette forêt ont débarqué pour perturber toutes les réunions. Et ont décidé pour le compte de leurs parents qu’il n’y ait pas d’exploitation chez eux tant que c’est la Somina qui exploite la zone qu’ils occupaient en tant que clandestins…
Toute la suite de l’intoxication qui se limitait à Koumélékro, avec les élections locales qui arrivent, ils ont associé les autres villages pour venir combattre des soi-disant, opposants candidats qui sont actionnaires au projet et ont accepté le projet dans leurs villages.
C’est un élément de campagne qu’ils utilisent, aujourd’hui en associant tous les autres villages…Il n’y a pas d’intoxication de populations, il n’en n’est rien ! Nous sommes ouverts à toutes les études mêmes internationales afin que nous soyons blanchis… ».
L’appel aux 11 villages
Le Directeur général Koffi Fiacre assure que sa société a pris des mesures nécessaires pour minimiser les conséquences de cette érosion en projetant la construction d’une canalisation supplémentaire autour de tout le site d’exploitation minière. «En plus de travailler en circuit fermé, une deuxième canalisation permet de contenir l’érosion de sorte que la boue retourne dans nos bassins. Nous demandons à la chefferie d’aller vers les villages voisins, de les informer afin que les personnes impactées négativement par cette inondation puissent recevoir un réconfort. Nous sommes prêts à étendre l’aide alimentaire à ces 11 villages pour que tous les villages soient servis.
Ce n’est pas pour qu’ils soient derrière nous, mais c’est d’ordre social et humanitaire. Pour les 11 villages, je voudrais leur rappeler que nous sommes tous, fils de cette région. Il est temps qu’on se parle et qu’on pense à valoriser ensemble, nos ressources, notre patrimoine commun pour que nos jeunes, sans emploi, puissent trouver des moyens de subsistance durable.
Il ne s’agit pas d’un problème politique. J’invite les 11 villages à une table-ronde à l’effet de leur octroyer le minimum pour leur permettre d’avoir un accès durable à l’eau potable. Nous sommes prêts à fournir 11 forages pour ces villages pour qu’ils aient de l’eau propre et ne plus compter sur l’eau de ruissellement du Baya».
Bien appuyé par son partenaire SAKO GROUP dans le développement de cette exploitation minière semi-industrielle, le directeur de la SOMINA fera d’autres promesses, comme des plantations témoins en fournissant des semences pour ceux qui souhaitent faire la culture dans le lit du Baya. Et aussi, à financer intégralement tous les travaux et à assister à la récolte afin de mesurer si les travaux de l’entreprise ont occasionné la destruction massive des terres…
L’expertise de l’entreprise SAKO GROUP, dirigée par Sako Lancina a été d’une très grande utilité dans la réussite du projet de l’exploitation minière à Ouéllé. « Nous sommes à Ouéllé pour apporter notre expérience à la SOMINA, pour présenter une bonne image de l’exploitation semi-industrielle en faveur de toute la Côte d’Ivoire. Parce que nous observons les efforts du gouvernement à éradiquer l’orpaillage clandestin sur le territoire ivoirien et cela nous amène à apporter notre expérience à ces sociétés autorisées légalement à l’exploitation minière.
Ce qui va permettre au gouvernement dans les prochaines années d’avoir plusieurs sociétés semi-industrielles autorisées à exploiter. C’est une valeur ajoutée à l’économie nationale. Si on continue à chasser et qu’on n’a pas l’expérience pour faire la mise en place des sociétés autorisées, on sera toujours confronté à ce même phénomène d’orpaillage clandestin.
C’est pourquoi j’ai signé une convention avec SOMINA pour l’accompagner techniquement, dans les conseils, dans les matériels et la mise en place d’un système d’exploitation moderne que j’ai connu dans la sous-région, que ce soit au Mali, en Guinée, au Libéria…. Et que ce soit même au Ghana qui est avancé que la Côte d’Ivoire dans l’exploitation semi-industrielle…», indique le patron de l’entreprise Sako Group, SAKO Lancina.
Réaction des chefs de villages
Koffi Konan Kan (chef central de Ouellé):
«Je suis très satisfait de cette rencontre et des explications du directeur général de la SOMINA. Je voudrais faire savoir que, depuis que le projet est arrivé à Ouéllé, le village Koumélékro s’est opposé. Et il est resté sur cette position jusqu’à présent. Sinon, ici, il n’y a pas de problème et nous partageons ce que le directeur a dit.
La réalisation d’un projet dans lequel, le Préfet, le Sous-préfets et toutes les autorités sont impliqués, en ma qualité de chef central des villages de Ouélle, je ne peux m’opposer. De retour au village, j’informerai toute la communauté qu’aujourd’hui, s’est tenue une grande explication devant des journalistes, et que nous devons échanger pour que tout soit régler et aille bien. Aujourd’hui, il y a plus de cent de nos jeunes qui travaillent ici. Ce que les autres racontent, est faux ! Voilà.».
À ses côtés, le chef du village Sikakomenankro (faisant partie des 11 villages en colère)
«Pour moi, il n’y a pas de commentaires à faire après cette rencontre. La seule chose que je vais dire au directeur de la société, parce qu’il a parlé de table ronde de rencontre avec la population. Je souhaite, et mon seul souhait: qu’il vienne au village rencontrer les populations, les cadres. C’est eux qui peuvent décider. Sinon moi seul, je ne peux pas être témoin pour aller parler aux villageois. Mais qu’il vienne au village, s’assoir avec la population, avec les cadres pour être témoins…».
Moins d’un an d’activité, la SOMINA a construit des logements à certains propriétaires terrains, procédé à la distribution d’engins roulants aux jeunes, construit des forages dans des villages, procédé au reprofilage des pistes villageoises, sans oublier le recrutement de plusieurs dizaines de jeunes du département de Ouéllé.
La distribution de vivres et de soutiens financiers aux différents villages sont confirmés par les chefs des villages interrogés. Plusieurs projets à caractère social sont annoncés par les responsables de la société, et ce, à la satisfaction du Comité d’Evaluation du projet.
La prochaine table-ronde annoncée par le directeur général Fiacre Koffi retient toutes les attentions au sein des populations ‘‘impactées’’ par le projet de la SOMINA, à Ouéllé. Un air d’apaisement plane dans le ciel du département.
Ledebativoirien.net
HERVE MAKRE
Envoyé spécial
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