Objectif «zéro lèpre» en Côte d’Ivoire à horizon 2030
Un tour, à l’origine de la lutte contre la lèpre, dans la localité d’Adzopé, où a débuté l’œuvre charitable de Raoul Follereau. Le gouvernement ivoirien, lors de son Conseil des ministres du 1er mars 2023 a décidé de la commémoration de la 70è Journée mondiale des malades de la Lèpre et de la 2ème Journée Mondiale des Maladies Tropicales Négligées (JMMTN) à Adzopé, du 12 au 13 mars 2023. Une pensée pour ces souffrants avec ledebativoirien.net.
Une lutte pour redonner une humanité aux vivants atteints de la lèpre a été et est encore menée grâce à la Fondation Raoul Follereau. Caritative indépendante, elle est fondée par Raoul Follereau, qui lutte contre toute exclusion causée par la maladie, notamment la lèpre, l’ignorance et la pauvreté. Soigner, éduquer et réinsérer sont ses champs d’actions.
Adzopé, Ville de la Charité avec Raoul Follereau
L’institut Raoul Follereau, ce grand hôpital public est le seul en Côte d’Ivoire où sont traités les cas avancés de la lèpre et de l’ulcère de Buruli. Ce centre est enclavé, construit en pleine forêt, loin du centre-ville d’Adzopé. Pour le besoin de la cause. 12 kilomètres le séparent de la ville. La seule voie qui mène à cet établissement sanitaire n’est pas bitumée.
Pour l’atteindre, deux moyens de transport s’offrent aux personnes qui n’ont pas de voiture : les taxis pris en courses et les camions bâchés. Mais les taxis coûtent cher. Car il faut débourser au moins 5000 FCFA pour inciter un conducteur à y aller. C’est plus du triple du coût du transport Abidjan-Adzopé qui fait pourtant 102 kilomètres. L’état de la route démotive plus d’un taxi. Le sentier poussiéreux a une largeur d’environ six mètres. La gare est mitoyenne au grand marché d’Adzopé, pour ceux qui voudraient s’y rendre.
A Duquesne-Crémone, le village des lépreux guéris
Duquesne-Crémone est un village pas comme les autres. Il est situé à 1 km de l’Institut Raoul Follereau et à 10 km d’Adzopé. L’une des particularités de ce village, c’est d’être peuplé par des malades guéris de la lèpre, cette maladie invalidante dont souffre encore une minorité de la population vivant dans ce village. Cette singularité est due à son aspect d’ensemble, à la mentalité de ses habitants et à l’histoire de sa création.
Ce village n’est pas comme les autres. Il a été fondé à la fin des années 1960 par un prêtre français du nom de Roger Duquesne et les Amis des lépreux de Crémone (Italie). Il abrite à ce jour plus de 5000 âmes en majorité des malades guéris et leurs descendants. Il s’agissait de regrouper les malades de la lèpre à une époque où le traitement était encore imparfait et les lépreux mis au ban de la société, en raison de leurs difformités physiques et de la crainte d’une contagion.
Au village Marchoux
Par le passé, l’endroit était la léproserie. Il est devenu ensuite le village Marchoux, puisque les personnes qui y résidaient, près de 400 étaient atteintes de la lèpre. Aujourd’hui, il ne reste à peine qu’une poignée de personnes guéries mais qui présentent encore des séquelles. Toutes les personnes qui habitent ce village d’environ 300 âmes réparties en 52 familles sont nées de parents lépreux.
Au fil des années, leurs parents sont morts, et ils sont devenus des orphelins. Mais ils sont restés dans le village, sans famille. Ce village est habité par des ressortissants des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), dominés par des Burkinabè et des maliens.
Là-bas, lorsque ces ressortissants de la CEDEAO viennent dans le village et qu’ils contractent la lèpre, ils ne peuvent plus retourner chez eux. Certains ne connaissent même pas leur village. Ils sont délaissés par leur famille. Ainsi, les ethnies les plus parlées dans le village sont : agni, baoulé et malinké.
L’Institut Raoul Follereau en Côte d’Ivoire
Au fond dans la cour, le bloc opératoire, l’orthopédie et les pavillons d’hospitalisation. Il y en a cinq au total, où dorment les 172 malades actuellement hospitalisés. Un pavillon regroupe femmes et les enfants. Les chambres sont bien grandes prenant jusqu’à 10 malades pour certaines. Certains sont couchés dans leur lit et d’autres assis, des membres amputés, sur la véranda des pavillons.
L’Institut Raoul Follereau de Côte d’Ivoire (IRFCI) est constitué de deux établissements, celui d’Adzopé et son annexe à Manikro à une dizaine de kilomètres de Bouaké. Il est le prolongement de la léproserie créée en 1942 par les religieuses de la congrégation Notre dame des apôtres (NDA). Il est devenu hôpital de la lèpre en 1951. Et en 1983, il est été érigé en Établissement public à caractère administratif (EPA). Le centre de Manikro a été rattaché à celui d’Adzopé pour former l’IRFCI en 2001.
C’est son combat acharné contre la lèpre qui lui a valu son surnom de Vagabond de la charité.
En 1936 Raoul Follereau rencontre des lépreux lors d’un reportage sur Charles de Foucauld. Il prend la défense de « la minorité oubliée du monde ». Il donne sa première conférence en 1942 pour récolter des fonds nécessaire à la construction du premier village pour des lépreux à Adzopé, en Côte d’Ivoire. Il entreprend plusieurs fois le tour du monde pour défendre les lépreux.
Dans le cadre de sa mission de service public, l’IRFCI est chargé principalement d’assurer des soins d’urgence, des examens de diagnostic, des traitements et l’hospitalisation des malades atteints de la lèpre et des ulcères à mycobactéries dont l’ulcère de Buruli. Avec un effectif plus de 150 agents et une capacité d’accueil de plus de 280 lits dont plus de 170 lits pour le centre d’Adzopé, l’IRFCI qui est d’un niveau tertiaire, est l’unique établissement public en matière d’hospitalisation et de prise en charge chirurgicale de la lèpre et de l’ulcère de Buruli en Côte d’Ivoire.
En Côte d’Ivoire la lutte contre la lèpre progresse
La Côte d’Ivoire est un peu la fille aînée de l’empire Follereau. C’est à Adzopé que, dans les années 50, le fondateur du groupe va construire la première léproserie Raoul Follereau. A titre indicatif, le pays compte 120 000 lépreux en 1952, la tâche est immense. Grâce à sa réussite, l’établissement devient, en 1968, l’Institut national de la lèpre de la Côte-d’Ivoire, géré directement par le gouvernement, en fonctionnant sur les fonds collectés par Raoul Follereau.
A l’heure de la retraite, le docteur Série endosse l’uniforme du «Raoul Follereau ivoirien». Il devient président de l’Association ivoirienne Raoul Follereau. Comme l’association française a besoin d’un nouveau délégué en Côte d’Ivoire, le docteur Série fait adouber en 1995 un certain Charles Matthieu, qui n’est autre que… son gendre, le mari de sa dernière fille. Un an plus tard, Charles Matthieu devient également représentant de l’AFRF au Burkina Faso.
Fin 2001, de nouveaux recrutés qui n’étaient pas des compagnons de route de Raoul Follereau, mais des professionnels, convaincus d’œuvrer pour une noble cause et persuadés de la nécessité de clarifier un fonctionnement opaque sont à l’œuvre jusqu’à ce jour.
70è Journée mondiale des malades de la Lèpre
Sous le patronage du premier ministre Patrick Achi, fils de la région. Il aura une pensée pour la route conduisant à l’institut Raoul Follereau où sont soignés les malades de la lèpre. Un humanisme. Sont annoncées ainsi des séances éclatées de dépistage précoce et de sensibilisation sur la Lèpre et les Maladies Tropicales Négligées.
Ledebativoirien.net
Grace Ozhylly
Avec autre presse