«Nul n’a le droit de coloniser une réserve administrative sans décision de déclassement », le maire Assalé Tiémoko
Une autre affaire aux pieds du Maire de la commune de Tiassalé Antoine Assalé Tiémoko? Une affaire de destruction et de construction. Un édifice public doit être bâti sur une réserve administrative abritant un champ d’hévéa et de cacao.
Les propriétaires des plantations ont-ils été par ailleurs abusés? Est-ce par mégarde ou ignorance? Ou, simplement une méconnaissance de la gouvernance des collectivités territoriales, notamment municipales qui préservent les intérêts de l’Etat?
Cette dernière accusation-ci contre la maire de Tiassalé allègue qu’elle aurait exproprié des propriétaires de terres, à l’effet de faire bâtir un centre de santé dans le village de Komenankpé, un village de la commune de Tiassalé, situé à 6 km du centre-ville. Des accusations qui ont fusé des villageois et portées à la rédaction de Ledebativoirien. La réaction du Maire a été aussi prompte qu’éclairante. Voici.
Que se passe-t-il encore avec les terres à Tiassalé ? Se demandent encore, administrés et observateurs, ces jours-ci. Une autre affaire, après celle des bois de tecks en 2022, bien entretenus par les agents des Eaux et forêts de Côte d’ivoire sur un site devant accueillir l’hôpital général de Tiassalé. Ne dites pas que le ministre Laurent Tchaga a souris avec ses collaborateurs des directions des Eaux et Forêts, qui voulaient s’initier et s’essayer à la vente des bois de tecks. Le syndicat est désormais surveillé depuis le bureau du ministre Tchagba.
Allons à Komenankpé, au village!
C’est qu’une famille de Komenankpé, un village de la commune de Tiassalé, situé à 6 km du centre-ville accuse la mairie de l’exproprier de ses terres par ‘‘maladresse’’. Ss terres que leurs aïeuls auraient laissé. Et ce, en vue de la construction d’un centre de santé sur la parcelle ‘‘réquisitionnée’’. La rédaction de Ledebativoirien.net a été saisie, dans la soirée du mardi 7 mars 2023 de ce fait porté à bras le corps par un paysan dudit village.
Il est jeune planteur. Son nom, Kassi Komenan Landry, vivant dans son village Komenankpé, depuis sa naissance et la perte des ses géniteurs. Il se plaint, depuis quelques jours de ce qu’une des parcelles d’1 hectare de son champ a été prise par la Mairie pour y faire bâtir un centre de santé, dont les travaux débuteront incessamment.
Cette ‘‘parcelle est considérée comme une réserve administrative », dit-il sans en avoir été informé. Mieux, deux autres de ses parcelles seraient aussi prises comme réserves administratives, sans qu’il ‘‘ne le sache’’ aussi, soutient-il encore.
« Nous avons été trompés. Nous n’avons même pas été dédommagés avec cette destruction de notre champ d’hévéa…», explique-t-il au journal. Il soutient encore que la Mairie a fait couper ses plants de cacao et d’hévéas « en faisant croire que le bornes ont été placées depuis 2013, alors que c’est tout récemment, alors que j’étais à l’église qu’ils sont venus les placer, découpant tout... » confie-t-il. «Nos parents décédés, ce sont ces terres qui nous ont été laissées en héritage par notre grand-Père», argumente-t-il.
Tout aurait été déclaré, réserves administratives sans compassassions et sans qu’il en soit informé au préalable accuse-t-il… «Ce n’est qu’il y a quelques jours que nous avons été informés de cette situation….». Lorsque nous lui demandons ce qu’en dit le chef du village, le planteur affirme: « cette situation se passe sous le regard du chef du village… ». Impuissance ou complicité? L’on le saura plus loin.
Et que, poursuit-il, ses vas-et-viens effectués à la Mairie, à l’effet de rencontrer le premier magistrat de la cité seraient sans réponses. «La collaboratrice du maire dit, toujours qu’il n’est pas là, alors que les travaux de construction du centre de santé démarrent dans quelques jours…», ajoute le plaignant.
Il dit avoir perdu ses pieds de cacao et d’hévéa, et qu’il verra deux autres de ses parcelles de terre lui être arrachées. Il dénonce l’appui du préfet dans cette affaire d’expropriation de ses parcelles de terres, «conduite par la mairie.
Le préfet nous dit d’abandonner nos terres. On va perdre toutes nos terres. Qui va nous aider ? On va faire», nous lance le planteur Kassi Komenan Landry, de Komenankpé, devant ce qu’il qualifie d’expiration de ses terres par la Mairie.
Qu’en dit et pense le Maire ?
La mairie étant au centre des accusations, le premier administrateur de la commune, le Maire Antoine Assalé Tiémoko, est contacté par la rédaction de Ledebativoirien, dans la nuit du même mardi 7 mars 2023. Sa réaction ou réponse est immédiate à l’effet de ‘‘lever toutes confusions et incompréhensions dans la réalisation d’un projet utile pour les populations villageoises ». Il fait alors la genèse de l’affaire de la construction dudit centre de santé pour le compte du village de, Kassi Komenan Landry.
Antoine Assalé Tiémoko explique:
« La mairie n’a exproprié personne. Il s’agit du village de Komenankpé, un village de la commune de Tiassalé, situé à 6 km du centre-ville. Il y a que le ministère de la Santé a entrepris de construire plusieurs centres de santé de proximité dans plusieurs villages du département de Tiassalé dont certains situés sur le territoire de la commune.
Il s’agit de Broukro dont le centre de santé est déjà construit et ouvert et de Komenankpé. Celui de Komenankpé doit démarrer dans quelques semaines en effet. Le village de Komenankpé a été loti par la mairie de Tiassalé en 2016-2017, lotissement approuvé par arrêté ministériel et devenu définitif. Un lotissement ne peut être approuvé par le ministère de la Construction s’il n’y a pas des espaces réservés pour des projets communautaires et appelés ‘‘Réserves administratives » qui ne peuvent ni être vendus ni être occupés à titre de propriété privée par personne, pas même un maire.
En 2016-2017, à l’approbation du lotissement de Komenankpé, vous conviendrez que, Assalé Tiémoko n’était pas encore le maire de Tiassalé. Le 2ème adjoint au maire de Tiassalé de cette période, est un fils de Komenankpé et c’est d’ailleurs lui qui, au nom de la mairie, a initié ce lotissement.
Les lots revenants aux populations à la suite de ce lotissement, leurs ont été cédés et elles en ont fait ce qu’elles voulaient. Quand le ministère de la Santé a décidé de construire le centre de santé de Komenankpé, le chef de ce village, sans informer la mairie, a décidé que le centre soit construit sur la réserve administrative dite « Sport » alors qu’il y’a une réserve administrative dite « Santé ».
Cette décision ne revenant pas au chef, la mairie l’a interpellé pour que le projet santé soit réalisé sur le site santé et non sur le site sport. N’ayant pas déféré à l’interpellation de la mairie, le chef a été invité à s’expliquer devant le préfet.
Une réunion s’est donc tenue à la préfecture en début du mois de janvier 2023, réunion à laquelle ont assisté, le maire et le 2ème adjoint au maire, de même que le directeur du service technique de la mairie, le Directeur Départemental de la Construction et du logement, les forces de l’ordre de Tiassalé, le chef de Komenankpé et sa notabilité, le conseiller municipal Fiacre, ancien maire adjoint, fils de Komenankpé.
Au cours de cette réunion, le plan de lotissement de Komenankpé a été sorti et déposé sur le bureau du préfet par le directeur départemental de la construction. Le préfet a demandé à voir où étaient les réserves administratives. Le directeur départemental de la construction lui a montré les deux réserves administratives (Santé et Sport) situées aux deux côtés opposés du village.
Le directeur départemental a expliqué qu’on ne peut pas laisser la réserve santé pour construire un centre de santé sur la réserve Sport. Interrogé par le préfet, le chef a déclaré sa décision n’était due au fait que des gens avaient réalisé une plantation d’hévéa et de cacao, sur la réserve santé qui fait environ 1 hectare.
‘‘Qui a autorisé ces personnes à faire leur plantation sur la réserve, bien public?’’ A demandé le préfet.
Le chef a indiqué deux personnes qui étaient dans la salle de réunion. Interrogées, ces deux personnes ont répondu qu’au moment du partage des lots après le lotissement, elles n’auraient pas eu assez de lots et qu’elles ont préféré s’installer sur cette parcelle parce qu’on ne leur aurait pas expliqué que ce serait une réserve administrative classée ainsi par l’Etat.
Le préfet leur a donc demandé de libérer la réserve afin que le centre de santé y soit construit, parce qu’elles auraient dû se plaindre avant que le ministre de la construction n’approuve le lotissement.
Ensemble, il a donc été convenu que la plantation d’hévéa et de cacao soit rasée parce que nul n’a le droit de coloniser une réserve administrative sans décision de déclassement.
La mairie a été chargée de trouver un engin pour libérer le site afin que les travaux du centre de santé de Komenankpé soit construit. Un procès-verbal de cette réunion, dressé par les services de la Préfecture retrace tout ce qui suit. La mairie a donc pris un scieur qui est allé abattre quelques pieds hévéa pour dégager la superficie nécessaire aux travaux de construction du centre de santé. La semaine prochaine, un engin ira faire la plateforme afin que les travaux démarrent.
Voilà les faits.
La mairie n’a donc exproprié personne, personne ne peut être propriétaire d’une réserve administrative.
Ce site a été classé par arrêté du ministre de la construction, réserve administrative avant l’arrivée trois ans plus tard, de la nouvelle équipe municipale dirigée par le maire Assalé. Donc le maire Assalé Tiémoko ne peut pas avoir exproprié ou tenté exproprier quelqu’un alors qu’il n’était pas encore le maire de Tiassalé.
Au demeurant, seule une personne ayant le statut de propriétaire peut être expropriée. Or, il s’agit ici d’une réserve administrative et nul ne peut être propriétaire d’une réserve administrative. Les allégations de ces personnes sont donc fausses et très loin de la vérité des faits. C’est là, l’économie de cette affaire. Merci.» Voici, les explications du maire Assalé Tiémoko, qui devraient mettre fin au débat d’expropriation au village de Komenankpé.
Cependant, ne serait-il pas envisageable et judicieux de la part des autorités administratives et collectivités territoriales d’initier des campagnes de sensibilisation et d’explication sur ce qu’est, une réserve administrative ? D’autant que certains propriétaires de parcelle de terres se trouvent régulièrement victimes de cette insuffisance. Toutefois, n’est-il pas regrettable, cette perte des plantations de cacao et d’hévéa, du paysan Kassi Komenan Landry de Komenankpé ? Qu’est-il prévu pour tout paysan en l’espèce et en la matière?
Ledebativoirien.net
Hervé MAKRE
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