Dr Diomandé Moussa-Alors que ce mardi 25 avril le Président Alassane Ouattara s’adresse à la nation, en prélude à la fête du 1er Mai, nous avons rencontré Dr Diomandé Moussa Elias Farakhan, Président de la puissante et indépendante Confédération Patronale Unique des Petits et Moyennes Entreprises de Côte d’Ivoire (CPU-PME.CI) dont les Ivoiriens entendent de plus parler et qui étend sa toile avec succès dans le microcosme économique ivoirien.
C’est un fait notable : les PME ivoiriennes ne jurent plus que par la CPU-PME.CI. Connu pour son franc-parler et son charisme exceptionnel, l’homme s’est prêté à nos questions. Dans cet entretien, il livre aux Ivoiriens quelques-unes des propositions que la CPU-PME.CI fait au Président de la République tout en se prononçant sur d’autres sujets. Un délice et un déferlement de vérités.
LDI: Le Président de la République va s’adresser à la Nation ce mardi. Chaque fois que c’est le cas, vous êtes invités. Quels sont les axes que pourrait aborder, à votre sens, le Chef de l’Etat ?
Je ne saurais vous répondre… Cependant, comme il est de coutume, le Chef de L’Etat doit obligatoirement prendre en compte les réalités socio-économiques du moment. Nous observons, en effet, que la Côte d’Ivoire est dans une situation de grands défis. C’est le moment de se questionner sur la façon dont nous pouvons continuer.
Nous souhaitons que le Président s’attaque lui-même à la fiscalité et aux charges sociales qui asphyxient les PME. Les réduire pourrait aider le pouvoir d’achat, susciter des envies, des ambitions business nouvelles. Nous sommes toujours en attente de l’application totale et pleine de sa décision de réduire les délais de paiement. Certaines entreprises étatiques rechignent à le faire.
Cela nous surprend et surprendra certainement nos lecteurs. Alors, s’il vous plait, pourriez-vous être plus concret ?
Concernant les impôts et charges sociales, en les diminuant on peut faire gagner du pouvoir d’achat aux salariés. L’on est fondé à s’interroger : à quoi sert l’Impôt Minimum Forfaitaire (IMF) dans le contexte actuel ?… C’est inique pour la plupart des entrepreneurs et des patrons de PME. Lorsqu’il s’est agi du SMIG, notre proposition avait été de baisser progressivement les charges sociales et d’en rétrocéder une partie aux salaires. On ne nous a pas écoutés. Le résultat est là aujourd’hui : la pilule passe mal ! Les PME ont du mal à l’appliquer. La grève des agents de G4 Securicor apporte de l’eau à notre moulin et, in fine, nous donne raison.
Pourtant la CGECI et les syndicats des travailleurs ont signé… N’êtes-vous pas, quelque part, un peu en porte-à-faux avec le mouvement général ?
En porte-à-faux ? Non. Oui, effectivement ils ont signé. Mais nous, nous pensons et sommes convaincus, au regard de ce que nous constatons, que nous devons absolument revenir à la réflexion. La CPU-PME.CI est une machine à réflexion. Elle ne s’inscrit pas dans une approche d’accompagnement mais de conviction, de proposition-action, d’intelligence et de responsabilité. Et ce de façon pédagogique. Comprenez ainsi que le Patronat d’accompagnement est loin derrière nous.
Permettez que nous abordions maintenant un autre sujet qui est sur de nombreuses langues. Que pensez-vous de la carte de séjour en Côte d’Ivoire ?
C’est une bonne chose. Nous devons assumer nos réalités actuelles et ne pas avoir de complexe. Notre souveraineté, si elle ne nous en fait pas obligation, nous dispose et nous autorise néanmoins à définir qui a droit à la carte de séjour, à la carte de résident, et au permis de travail en Côte d’Ivoire. Il en est de même de la question de savoir qui peut entrer en Côte d’Ivoire et qui n’y est pas autorisé. Nous conseillons au Président la réactivation des textes sur le permis de travail en Côte d’Ivoire, qui doit être couplé avec la carte de séjour et la carte de résident. Nous lui demandons, avec insistance la création, du ‘’local content board’’.
Quel est votre regard sur le commerce en Côte d’Ivoire ? Est-il dynamique ou non ?
Là aussi, nous devons assainir certains secteurs, et surtout réformer totalement le commerce en Côte d’Ivoire. La CPU-PME.CI a proposé au Chef de l’Etat la création d’un département Unique dédié au commerce local, à la consommation et au pouvoir d’achat. Nous attendons…
Il faut briser les monopoles ethniques, que l’on observe dans la quincaillerie, la vente de poisson au port de pêche, le bois, le matériel de construction, le ciment, la vente de brique, le phytosanitaire, les banques etc…
L’on ne pourrait achever cette interview sans recueillir votre avis ou vos sentiments quant à la guerre en Ukraine…
Catastrophique ! C’est un désastre ! Je pense vraiment que le monde ne sera plus comme avant, le bilatéralisme est mort, place au multilatéralisme souverainiste de rupture. Il faut s’inscrire dans une logique nouvelle, les pays Africains doivent sérieusement faire attention et en tirer toutes les leçons.
Ledebativoirien.net
par Christian Kocani
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