Guy TRESSIA, journaliste ivoirien, patron de média numérique dans une Tribune, en témoin de multiples dérives et accidents de la circulation en Côte d’Ivoire. Le constat est net sur les routes ivoiriennes : c’est l’horreur. De retour de plusieurs tours effectués tant dans la capitale économique ivoirienne qu’à l’intérieur du pays. Il n’a pas voulu passer sous silence le théâtre des tueries par la route. Voici sa Tribune avec Ledebativoirien.
Guy TRESSIA « Selon le Groupement des Sapeurs-pompiers, ce sont 267 accidents de la circulation qui ont été enregistrés pendant le week-end Pascal 2023. Ce qui nous a inspiré pour dénoncer une des causes de ces accidents, les opérations « un jeune, un permis de conduire ». En Côte d’Ivoire, les permis de conduire ont été distribués comme de petits pains, dès 2012, dans des opérations baptisées « un jeune, un permis de conduire ».
Des ministres, des maires, des présidents de région, des députés, etc. ont organisé dans leurs différentes circonscriptions ou région cette opération pour s’attirer la faveur des jeunes. De bonne foi sans doute, ils ont voulu donner un moyen d’autonomisation économique à ces jeunes. Ce qui n’est pas mauvais en soit. Mais c’est le mode opératoire qui est à décrier et qui serait sans doute à la base de la hausse du nombre des accidents en Côte d’Ivoire.
En effet, quand une opération pour l’acquisition gratuite du PC est lancée par une autorité, les jeunes s’inscrivent avec la Carte nationale d’identité (CNI). Une liste est donc établie et remise à l’autorité qui a lancé l’opération. Une auto-école partenaire reçoit la liste. Un programme de formation au code de la route est établi. Ce qui devrait donner une éducation routière aux prétendants.
Ce tableau non reluisant pour le pays montre que le nombre des accidents oscillait entre 4000 et 8000, de 2000 à 2011. Mais, à partir de 2013, le nombre a franchi la barre des 10.000 cas d’accidents. Ce qui coïncide, malheureusement, avec la période des grandes distributions de permis BCDE avec les opérations « un jeune, un permis ». Et le ministère fait la remarque, sur le site data.gouv.ci, que «de façon générale, la tendance des accidents de la route observée en Côte d’Ivoire sur la période 2000 à 2020 est haussière. Avec un pic de 12.874 accidents constatés en 2020.»
Ce qui a fait prendre conscience aux autorités ivoiriennes qu’il y a danger, si rien n’est fait pour revoir la tendance à la baisse. Ainsi, depuis 2021 que l’Etat a décidé de changer les choses avec un contrôle plus strict, les choses ont changé avec la disparition des opérations « un jeune, un permis de conduire » et la baisse du nombre d’accidents a commencé.
Concernant les accidents mortels, 35 % des dossiers ont été analysés en 2022 contre 42 % d’accidents corporels, 15 % pour les autres infractions et 8 % d’accidents matériels. 69 % des dossiers viennent des constats de la Police Nationale, 23 % de la Gendarmerie Nationale et 8 % de la Police Spéciale de la Sécurité Routière.
Les statistiques indiquent que les véhicules dits « personnels » sont les plus impliquées dans les accidents avec 22 % contre 20 % pour les motos ou cyclomoteurs et respectivement 13 % pour les minibus communément appelés « Gbaka » et les taxis. Ces accidents sont dus à 20 % à l’imprudence des conducteurs, 19 % au défaut de maîtrise et 16% à la vitesse excessive. Je l’ai dit ; Incivisme routier : J’accuse les opérations « un jeune, un permis de conduire« .
Ledebativoirien.net
G.T.