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Côte d’Ivoire : Pourquoi après avoir brillé d’un « éclat présidentiel  » durant un moment, l’étoile de Téné Birahima Ouattara semble avoir désormais pali ?

 

Téné Birahima Ouattara-Interrogé en Septembre 2021 par le magazine Jeune Afrique sur une éventuelle candidature de son frère cadet en 2025, le président Ouattara déclarait :  » pour l’instant il n’est intéressé que par les responsabilités que je lui confie. Mais en 2025, la démocratie interne va pleinement jouer pour la désignation du candidat du parti  et on verra ».  La réponse était surprenante. Le président n’a pas balayé cette éventualité du revers de la main comme on pouvait s’y attendre. Il a laissé la porte ouverte. Suivez le décryptage de Douglas Mountain,  Le Cercle des Réflexions Libérales.

Dès 2011, Téné Birahima Ouattara (TBO ) devient le  » principal conseiller  » de son frère pour les questions de défense et de sécurité. En 2012 il est nommé Ministre des « affaires présidentielles », un portefeuille aux contours flous, qui lui permet d’être au cœur de l’appareil militaire, quoi qu’étant un civil. Loin des feux de l’actualité, il va chapeauter l’ensemble des services de défense, de renseignements et de sécurité, concentrant entre ses mains de vastes attributions, et ne répondant que devant le Président.

Tout naturellement il devient Ministre de la défense le 06 Avril 2021, suite au décès d’Hamed Bakayoko. Il va alors entamer un règne sans partage sur l’appareil militaire. Dans les faits il avait tous les attributs du numéro 2 du régime. Son étoile commençait à luire d’une clarté nouvelle, et son nom faisait son chemin dans les esprits en tant que possible successeur de son frère. Les groupes de soutien se mettaient en place, et l’homme parrainait beaucoup de manifestations. Hélas un événement que personne n’a vu venir, a brutalement mis un coup d’arrêt à une ascension, qui peut-être aurait déjà accéléré.

l’étoile du Minstre de la Défense, Téné Birahima Ouattara semble avoir désormais pali ? ledebativoirien.net

Le 10 Juillet 2022, on apprenait l’arrestation de 49 soldats Ivoiriens au Mali. C’était l’incompréhension dans l’opinion. Pour tous, la Côte d’Ivoire disposait bien d’un contingent au Mali au sein de la MINUSMA. Jusque là tout s’était bien déroulé. Pourquoi cette arrestation maintenant ? Deux jours plus tard, les choses se précisaient. Les 49 soldats mis aux arrêts n’étaient pas du contingent ivoirien de la Minusma, mais assuraient un service auprès d’une entreprise privée qui était en partenariat avec la Minusma, une entreprise allemande du nom de SAS, qui assurait la sécurité de l’aéroport de Bamako.

Par la suite, on apprenait que le circuit des salaires était différent.  Si les salaires des soldats relevant de la Minusma étaient déposés sur un compte géré par le trésor public ivoirien, ceux des soldats qui opéraient pour le compte de la société SAS, étaient déposés sur un compte géré par le ministère de la défense, avec qui l’entreprise était liée par un accord. Ce  » deal  » datant de 2019, était donc en place depuis Hamed Bakayoko. TBO avait la possibilité de le résilier, mais a décidé de le poursuivre, bien qu’il ait été informé, que vu la dégradation des relations entre les autorités ivoiriennes et la junte malienne, la présence sur le sol malien de soldats ivoiriens au statut assez flou pouvait poser problème.

Le statut ambigu des militaires suscita l’incrédulité.

Colonel Assimi Goita, Chef de la junte malienne, chef d’Etat

Au sommet de l’Etat, tous ces détails étaient ignorés. Ce fut un choc de les apprendre. Si les premiers communiqués étaient assez durs, intimant l’ordre au Mali de libérer les soldats, le ton est devenu plus diplomatique, plus conciliant par la suite. C’est que les maliens avaient minutieusement préparé leur « piège ». Informés de la présence de soldats qui ne relevaient pas de la Minusma, ils ont mis en place une nouvelle procédure d’autorisation pour ces soldats, sans en avertir la partie ivoirienne !

Et c’est tout naturellement que venus assurer une relève, les 49 soldats ivoiriens ont été arrêtés, le processus de validation de leur mission n’ayant pas été réalisé selon la nouvelle procédure. Objectif pour les Maliens, échanger  ces soldats contre Karim Keita, fils de l’ancien président IBK, et Tiéman Coulibaly, son dernier ministre de la défense.

TBO a dans un premier temps donné l’assurance que le problème serait « rapidement résolu ». Mais le temps passait et les autorités maliennes se montraient inflexibles, libérant seulement les trois femmes du groupe pour « raisons humanitaires » .  Au bout d’un moment, il était clair qu’il ne pouvait sortir les soldats de là. Il fut mis sur la touche, le président gérant directement le dossier. Ce fut alors une sorte de traversée du désert pour l’homme. Ouvertement personne ne pouvait lui reprocher quoi que ce soit, mais dans le silence on le tenait pour responsable de la situation. Il perdit en crédibilité et en prestige. Ses rapports avec le Président étaient au plus bas.

Partisan de la ligne dure

TBO recevant les familles des soldats arrêtés au Mali. Derrière les sourires de
circonstance, l’homme était dans une passe délicate

TBO penchait pour des mesures de rétorsions économiques, en désaccord avec le président qui préférait inclure la CEDEAO dans le dénouement de l’affaire. Mais en définitive, toutes les médiations ayant échoué, le Mali n’a finalement capitulé que lorsqu’ un ultimatum lui a été adressé, prélude à des sanctions qu’on disait particulièrement « dures ».

Ainsi par un retournement de situation, TBO a quelque peu regagné son prestige perdu parce que c’est son approche de la situation (c’est à dire les sanctions) qui a permis de résoudre le problème. C’est sa vision qui l’a emporté sur celle du président.

Après l’euphorie qui a suivi le retour des soldats, le président de la République lui a conservé sa confiance en le maintenant à son poste, preuve qu’il est bien un pilier incontournable du système.

Mais l’homme a perdu son aura d’avant crise, son étoile ne brille plus du même éclat, il ne semble plus être dans la course pour une éventuelle succession du président. La bataille semble désormais se jouer entre le PM, le VP, et le PAN, qui selon certains, croit son « heure proche ». Pourtant objectivement TBO a des arguments à faire valoir dans une éventuelle course pour la succession de son frère.

Les 49 soldats posant avec le président Alassane Ouattara à l’aéroport d’Abidjan après leur libération. La Nation a poussé un « ouf » de soulagement, et plus encore TBO.

Tout d’abord il a une mainmise sur l’appareil militaire et sécuritaire, ainsi que sur les finances du parti présidentiel. Il est réputé être un « dur », une qualité essentielle pour l’exercice de l’autorité au sommet de l’Etat ( le président Houphouët avait une « main d’acier dans des gants de velours » ).

TBO est un financier de profession, même si à l’inverse de son frère qui a œuvré dans la finance internationale, lui a plutôt fait ses armes dans le secteur bancaire. Mais il a certainement appris auprès de son frère la « science » de la recherche des capitaux sur les marchés internationaux.

Enfin c’est un garçon solide, qui inspire le respect. En tout état de cause, s’il fait profil bas aujourd’hui, il n’est pas exclu que son étoile se remette de nouveau à briller d’un « éclat présidentiel »,  bien entendu au cas où son frère décidait de se retirer. Un décryptage deDouglas Mountain avec Le Cercle des Réflexions Libérales.

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Douglas Mountain

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