Geoffroy-Julien Kouao-La démocratie rime avec le pluralisme politique. Dans une démocratie, en effet, il y a plusieurs formations politiques. Chacune cherche à accéder au pouvoir, à l’exercer et à s’y maintenir le plus longtemps possible. Heureusement que la limitation des mandats, de fait ou de droit, favorise l’alternance politique. Le parti politique est une association de personnes physiques réunies par une idéologie avec pour objectif la conquête du pouvoir. Dans cette définition, le mot le plus important est idéologie, c’est-à-dire un système de pensées, de conceptions, de visions de la société, de l’Etat. Plusieurs exemples. Les partis monarchistes s’opposent aux partis républicains.
Dans la tradition politique occidentale, les oppositions idéologiques ont donné naissance à la gauche et à la droite. Sur le plan économique, la droite est favorable à l’économie de marché, c’est-à-dire à la privatisation et au libre-échange. A l’opposé, la gauche est pour le service public et la justice sociale. L’Etat pour les hommes de gauche est le principal acteur économique. Sur le plan social, la gauche est progressiste voire libertaire, la droite, elle, est conservatrice, traditionaliste. La gauche cultive une idéologie socialiste, communiste. La droite est d’obédience libérale. L’idéologie détermine la politique gouvernementale.
Quand on prend l’exemple de la Côte d’ivoire, le binôme café-cacao reste la principale articulation de notre économie, sans qu’il y ait un début d’industrialisation de la filière. La Côte d’Ivoire produit du cacao, du café, mais les ivoiriens ne consomment pas ces deux produits. Les problèmes de notre système scolaire et sanitaire sont endémiques. Nous sommes dans une économie de marché sans marché, dans un Etat capitaliste sans capitaux, dans une société libérale avec des monopoles d’Etat. Arrêtons-nous un instant sur la question de l’école ivoirienne.
Une politique de gauche pour sauver l’école ivoirienne
La ministre de l’éducation nationale affiche une volonté rassurante de donner un nouveau souffle à l’école ivoirienne, agonisante. Malheureusement, les bonnes intentions ne suffisent pas. Il lui faut des moyens politiques et surtout idéologiques. Au regard de notre système politique, la conduite et la détermination de la politique à un seul siège, la maison présidentielle du plateau. L’initiative de réforme, pour atteindre les résultats escomptés, doit plus provenir de là que de la cité des tours administratives.
Selon les chiffres officiels, nous avions en 2018-2019, 2019 établissements secondaires, 37.077 salles de classes avec un effectif de 2.110 .499 élèves. De ce qui précède, nous avons un ratio de 56 élèves par classe. Evidemment, dans la réalité, nous avons des disparités, des inégalités abyssales selon que nous sommes en milieu urbain ou rural, dans des quartiers défavorisés ou huppés etc. Toujours, dans le secondaire général, nous avons 61338 enseignants soit 1 enseignant pour 34 élèves. Le ratio est bon si on s’arrête là.
Si nous prenons le secteur public, le ratio passe de 34 à 47 élèves par enseignant, inversement dans le secteur privé le ratio connaît une baisse de 7 points, soit de 34 à 27 élèves par enseignant. Par ailleurs, les chiffres officiels mettent en lumière, un autre problème, idéologique celui-là. En effet, 74% des établissements de l’enseignement secondaire général sont du secteur privé. En Côte d’Ivoire, nous avons 1495 écoles privées contre 524 écoles publiques dans le secondaire général. Pour être précis, de 2014 à 2019, l’Etat a construit 2.506 salles de classes.
L’enseignement de ces valeurs, les orientations idéologiques qui s’y rattachent relèvent de la compétence, sinon exclusive du moins générale, des pouvoirs publics. L’Etat ne peut pas, sauf à renoncer à son essence, à sa mission de service public, abandonner l’éducation de nos enfants et de nos jeunes entre les mains lucratives et malhabiles du capital. A l’observation, pour soigner notre éducation nationale, il faut de la dépense publique. Celle-ci nous permettra d’avoir, à moyen et à long termes, une forte classe moyenne qui aura une forte potentialité de consommation.
Cette classe moyenne sera constituée de cerveaux et de mains expertes capables de créer de la richesse et de soutenir durablement la croissance économique. Il faut revenir à l’houphouëtisme, construire davantage d’écoles primaires, de collèges, de lycées et des universités, des établissements préscolaires, primaires, secondaires et supérieurs publics. Par exemple 4.000 salles de classes au secondaire général par an, sur 25 ans. En une génération, nous aurons fait des bons qualitatifs.
Ledebativoirien.net
Geoffroy-Julien KOUAO Politologue et Essayiste