CDD-La croissance de la Côte d’Ivoire s’accélère depuis 2012. Il faut dire à cet effet que le pays reçoit d’importants financements de la France via le Contrat de désendettement et de Développement. Un instrument de compassion de la France envers les pays fortement endettés. Suivez le décryptage de Douglas Mountain ; Le Cercle des Réflexions Libérales.
Qu’est-ce que le CDD, le Contrat de désendettement et de Développement ?
L’opinion entend très souvent parler du CDD dans les journaux télévisés, sans savoir toujours exactement de ce dont il s’agit. Le terme est un peu technique, et l’Ivoirien ordinaire qui est devant sa télé une vague idée de la chose. Pourtant le mécanisme du Contrat de Désendettement et de Développement (CDD) repose sur une idée bien simple. Les pays du Sud, et plus généralement les pays africains, ne parviennent pas toujours à rembourser les dettes. S’endetter est une chose, rembourser en est une autre. Dans l’ensemble, les pays africains ne sont pas toujours de bons payeurs. Ainsi dans les instances internationales, le problème de leurs dettes est souvent mis sur la table.
Plutôt que de les restructurer (c’est-à-dire accorder plus de temps aux différents pays pour rembourser), ou de les annuler purement et simplement, la France a mis en place une solution innovante, c’est le Contrat de Désendettement et de Développement, ou CDD.
Concrètement le pays qui bénéficie d’un Contrat de Désendettement et de Développement (CDD), rembourse intégralement sa dette dans un premier temps. Puis la France utilise la totalité de ce remboursement pour financer entièrement des projets de développement identifiés d’un commun accord. Pour faire simple, le pays paie sa dette, puis la France utilise cet argent pour financer des projets dans ce pays. En fait l’argent lui est rétrocédé. Mais attention ! Cet argent n’est pas mis entre les mains des pays en développement pour qu’ils financent eux-mêmes leurs projets. Parce qu’on sait comment tout cela va se terminer si on procède ainsi.
C’est la France qui finance directement les projets en question, qui portent généralement sur la construction de centres de santé, d’école, l’adduction d’eau dans les zones reculées, la construction ou la réhabilitation des routes, et d’ autres infrastructures à fort impact social.
Vous vous désendettez en remboursant vos dettes, puis en retour, cet argent est utilisé pour financer gracieusement des projets de développement chez vous. D’où le nom de Contrat de Désendettement et de Développement, CDD ou C2D. C’est une »annulation productive » de la dette, une solution innovante et formidable mise en place par la France
Cette approche a un double avantage.
D’abord celui d’inscrire dans les esprits des dirigeants africains la nécessité du remboursement des emprunts. Quand on s’endette alors il faut rembourser. Vous ne pouvez pas emprunter, puis plus tard demandez que la dette soit annulée parce que vous ne pouvez pas la rembourser. Ce n’est pas responsable. Annuler la dette d’un Etat, c’est le soustraire à ses responsabilités, c’est le conforter dans le laxisme. Le second avantage du mécanisme du CDD est tout simplement le financement effectif des projets de développement, chose rendue possible et c’est triste de le dire, par le fait que l’argent ne transite pas dans les mains des dirigeants des Etats en question. C’est la France qui finance directement les projets à travers l’Agence française de développement, l’AFD.
Quand on annule une dette, rien ne garantit que l’argent qui devait servir à son remboursement sera utilisé au service des populations. Avec le CDD, la chose devient automatique. Le CDD exige cependant une accélération dans le remboursement des emprunts. C’est le seul bémol qu’on peut reprocher à cette approche. En définitive, le CDD c’est de l’argent que la France donne aux Etats du Sud, de façon gracieuse. Le remboursement d’un emprunt est de l’argent qui ne vous appartient plus. Si cet argent sert à financer des infrastructures dans votre pays, c’est de la compassion, de la bienveillance, de la part de votre créancier. Sur la période 2012-2025 la Côte d’Ivoire bénéficie d’un financement gracieux de 1 901 milliards de FCFA
Le mécanisme a été mis en place depuis 2001. Mais c’est seulement en 2012 que la CI a signé son premier CDD avec la France, CDD couvrant la période 2012-2015 et portant sur un montant de 413 milliards de FCFA de projets financés. Le second CDD a été signé en 2014 pour couvrir la période 2014-2020 et portait sur un montant de 738 milliards de FCFA de projets financés. Quant au troisième CDD signé le 27 Octobre 2021, il couvre la période 2021-2025, et porte sur un montant de 751 milliards de FCFA de projets qui seront financés. C’est le plus important CDD signé par la France à ce jour. Ainsi de 2012 à 2025, la Côte d’Ivoire bénéficiera à terme de 1 901 milliards de FCFA de financement de ses projets de développement. C’est de l’argent que la France nous donne sans contrepartie, gracieusement.
Décembre 2017, et financée par le CDD de la période 2014-2020.
L’opinion publique ne saisit pas toujours ces choses. Il y a aujourd’hui un sentiment anti-français en Afrique francophone, alors que cette zone est prioritaire dans l’octroi des financements du CDD. Mali, Burkina, Niger, Cameroun, Côte d’Ivoire, Tchad, Sénégal etc…etc……tous ces Etats bénéficient des financements issus des CDD. Le pont de Béttié dans l’Indénié–Duablin, le pont de Béoumi, la réfection de l’axe Bouaké-Ouangolodougou, la construction de centaines d’école primaire, de dizaine de collèges de proximité, la réhabilitation des centres de santé dans les localités de l’intérieur, le financement de certains programmes des emplois jeunes, etc…. etc….font partie des projets financés en Côte d’Ivoire. Une partie du financement de la ligne 1 du métro proviendra du troisième CDD.
Il y a nécessité de communiquer davantage sur cet instrument, qui vise dans sa conception à faire ressentir directement aux populations, l’impact des annulations de dettes. Ceux qui voient la France comme » l’empire du mal », les panafricanistes comme ils se définissent eux-mêmes ( Kémi Séba, Nathalie Yamb……….. et leurs relais sur les réseaux sociaux ainsi que dans les médias), qui imputent à la France l’origine de tous le maux de l’Afrique, sont visiblement ignorants de ces choses. La France n’est pas la nation prédatrice que l’on croit. La Chine refuse d’entendre parler de renégociation des dettes, à fortiori de leur annulation. Or c’est le plus gros créancier des pays africains en ce moment. C’est important d’avoir cela à l’esprit.
Quand vous avez emprunté de l’argent à quelqu’un, qui en retour utilise votre remboursement pour financer vos propres projets, peut-on trouver la meilleure preuve de compassion à votre légitime ? Il y a aussi le Millénium Challenge Corporation le MCC, un outil mis en place cette fois par les Etats-Unis, qui permet aux pays du Sud de recevoir de façon gracieuse d’importants financements. Ainsi la Côte d’Ivoire doit recevoir un financement de 300 milliards de FCFA, qui servira en partie à la construction d’un vaste échangeur au grand carrefour de Koumassi, la réfection du boulevard de vridi, et du boulevard de la paix. Il faut vraiment dire »merci » à ces pays », indique Douglas Mountain, Le Cercle des Réflexions Libérales.
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