Coup d’Etat-Avec le putsch au Niger du 26 Juillet 2023, nous en sommes à quatre putschs en Afrique de l’Ouest depuis 2020. Ces prises de pouvoir anticonstitutionnelles ne sont pas une fatalité. Pourtant si l’on y prend garde, la contagion peut aller au-delà de l’Afrique de l’Ouest et gagner toute l’Afrique. Il y aura toujours des crises dans les pays africains, comme dans tous les pays de la planète.
Faut-il systématiquement avoir recours aux putschs pour les dénouer ? Faut-il faire des putschs les instruments privilégiés de résolution des crises internes à nos pays ? Toute la question est là.
Le Niger, le Mali et le Burkina ne sont pas les seuls Etats africains à connaître des conflits. Le Cameroun, le Tchad et le Nigéria sont aussi confrontés au djihadisme. La RDC et le Soudan du Sud vivent des conflits de haute intensité. Mais les gouvernements de ces États sont en place. C’est dire que les putschs au Mali, au Burkina et aujourd’hui au Niger ne se justifient nullement, cela d’autant plus que les militaires dans ces pays ont été incapables de la moindre victoire sur les djihadistes depuis qu’ils sont aux commandes. Dans un article récent, nous avions montré comment par des mesures simples mais fortes contenus dans un protocole additionnel, la CEDEAO et surtout l’UEMOA étaient en mesure de dissuader toute prise de pouvoir par la force.
Mais les sanctions prévues sont timides,
raison pour lesquelles elles n’ont pas empêché les putsch ces trois dernières années. La logique voudrait qu’elles soient renforcées, qu’elles deviennent plus dures, plus contraignantes, des sanctions qui se déclenchent automatiquement et non décidées à l’issue de sommets extraordinaires. Ainsi par exemple, les pays frontaliers d’un pays où s’est déroulée une prise de pouvoir par la » force « , doivent fermer automatiquement leurs frontières avec celui-ci, et suspendre toutes les liaisons aériennes avec ce pays. Les organismes économiques continentaux ou sous régionaux ( BAD, BOAD, etc….) doivent suspendre les relations avec ce pays. L’objectif est de l’isoler afin que ceux qui ont pris le pouvoir » par les armes » ne puissent pas gouverner » sereinement « . Ces mesures doivent rester en place jusqu’au rétablissement de la légalité.
L’histoire nous apprend qu’en Allemagne, suite au désordre qui a suivi l’armistice avec les alliés, le putsch de Kapp a échoué en 1919 lorsque la Reichsbank, la banque centrale allemande de l’époque, a refusé de fournir au gouvernement putschiste les fonds nécessaires au financement des troupes. C’est dire que l’action de la banque centrale est véritablement l’arme massue. A deux reprises la junte malienne n’a cédé que lorsque cette arme a été brandie.
Toutes ces mesures (fermeture des frontières, suspension des liaisons aériennes, suspension des concours de la banque centrale etc…) il faut le répéter, ne doivent pas être prises au cours d’un sommet extraordinaire, mais être contenues dans un protocole additionnel au traité de cette organisation, et donc entrer automatiquement en vigueur dès qu’un putsch est constaté dans un pays. C’est seulement ainsi qu’on va dissuader de futurs putsch. Bien sûr ce sont les populations qui en souffriront. Mais peut-on faire autrement si on veut enrayer la spirale des prises de pouvoir par la force ?
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Douglas Mountain-Le Cercle des Réflexions Libérales