Dr Théophile SOKO WAZA est le Président du Mouvement citoyen, ‘’La 4ème Voix, La Voix des Sans Voix’’, et participe activement à l’animation de la scène politique ivoirienne. Il est un politicien ivoirien connu en Côte d’Ivoire pour ses prises de positions contre les monopoles économiques, ne manque pas d’attirer les regards sur l’organe de gestion des élections en Côte d’Ivoire, chaque fois qu’il en a l’opportunité.
Dr Théophile SOKO WAZA, vous avez constaté un changement du paysage politique ivoirien avec la création de deux partis politiques notamment le PPA-CI de Laurent Gbagbo, crée juste après son retour de la CPI et le Mouvement Génération Capable (MGC) de Simone Ehivet. Quelle est votre appréciation de la situation sociopolitique actuelle du pays?
Dr Théophile Soko Waza : Merci de me donner la parole et de m’exprimer sur la situation ivoirienne à travers votre journal. Je voudrais réaffirmer qu’effectivement nous sommes ‘’la 4ème voix, la Voix des Sans Voix’’. Et cette organisation citoyenne s’est donnée pour mission de défendre les opprimés. Nous sommes les porteurs de voix des sans voix. Donc naturellement, la mission que nous nous sommes donnés, c’est une mission de gauche.
Partisan de la politique de gauche, que dites-vous de l’action de la Commission électorale indépendante qui a radié le nom du Président Laurent Gbagbo de la liste électorale ?
La position que nous avons est la même. C’est-à-dire que nous défendons les opprimés. Tous ceux qui subissent une injustice, nous nous mettons à intervenir en les soutenants. Concernant le cas de Laurent Gbagbo, nous pensons et nous croyons que cette action de la Commission électorale indépendante n’est pas logique. Le bon sens ne le comprendrait pas. Comment quelqu’un qui a été député de la Nation, Président de la République et qui donc, a dirigé la Côte d’Ivoire pendant dix années et qui, de surcroit, est aujourd’hui président d’un parti politique, peut-il être privé de son droit de vote.
Ces mêmes pays et institutions qui ont délogé monsieur Gbagbo pour installer monsieur Ouattara ne se sont pas arrêté là. Ils ont transféré l’ancien président à la Cour pénale internationale de La Haye. Un président démocratiquement élu par les Ivoiriens arrêté et transféré dans une prison internationale. Vous savez, si nous voulons regarder les élections de 2010 sous l’aspect juridique, monsieur Laurent Gbagbo est celui qui a reconnu par comme vainqueur par le Conseil constitutionnel ivoirien.
Donc Laurent Gbagbo a été envoyé à la CPI pour des raisons politiques. Il revient en Côte d’Ivoire, acquitté de toutes les charges qui pesaient contre lui, il n’est pas logique et compréhensible que cet homme réhabilité soit radié de la liste électorale.
Quand hier, l’on contestait au président Alassane Ouattara la possibilité d’être candidat à la présidence de la Côte d’Ivoire, il a fallu le génie politique de Laurent Gbagbo pour apaiser les tensions, pour que Ouattara soit candidat. Donc lorsque nous regardons dans le rétroviseur, il y’a des actions qu’il ne faut pas poser. Et puis dans un pays, il y’a des symboles auxquels on ne touche pas. Laurent Gbagbo fait partie de ses symboles.
Depuis plusieurs années, vous portez un regard critique sur la Constitution. Cette même constitution sous le régime duquel Alassane Ouattara gouverne est en passe d’être modifiée au niveau de certaines de ses dispositions. Des partis politiques et non des moindres ont donné un avis contraire à la volonté du chef de l’Etat de modifier cette loi fondamentale. Commentaires….
Je l’ai dit tantôt. Nous sommes de ceux qui, hier menaient le combat pour dénoncer la constitution de 2016. Aujourd’hui encore, nous continuions de mener ce même combat. Ce projet de Constitution que nous avions combattu a été voté et la constitution adoptée. Donc nous nous sommes pliés au vote. Sinon, notre position, c’est d’avoir en Côte d’Ivoire, une Constitution qui règle définitivement les problèmes des Ivoiriens.
Pourquoi de telles incertitudes ?
Parce que l’organe qui dit le vote ne rassure pas. Nous pensons qu’il y’a des intelligences ici en Côte d’Ivoire, il suffit d’un peu de volonté politique pour que nous puissions avoir une CEI qui soit à l’abri des querelles politico-politiciennes. Une CEI purement technique parce que l’organe lui-même est technique. Organiser des élections relève d’une question purement technique et non politique .
Vous aviez fait des propositions pour une CEI composée des membres de la société civile. Et pourtant…
Effectivement, à l’époque, nous avions fait des propositions pour que la CEI ait en son sein uniquement que des membres de la société civile. Et que les partis politiques soient de simples observateurs. Parce quand des hommes politiques transfèrent la bataille politique à la Commission qui dit le vote, il va sans dire que cette organisation ne peut rassure ni l’opinion nationale ni internationale. Malheureusement, nous n’avons pas été écoutés.
Nous avons dit plus haut que le gouvernement veut changer certaines dispositions de la loi fondamentale, des partis politiques se sont opposés. Mais leur position n’a rien changé. Commentaires….
Cela pose encore le problème de fond de la loi ivoirienne. L’assemblée nationale dans sa vraie dénomination, c’est la représentation nationale. Donc ceux qui vont à l’assemblée nationale représentent la population. Mais déjà dans le découpage électorale pour aller à l’assemblée nationale, il y’a un problème. Nous avons fait des propositions pour demander que ce soit fait à la proportionnelle du nombre de voix.
Quand vous prenez le nombre de voix obtenues par le RHDP lors des législatives dernière, le pourcentage ne correspond pas au nombre de députés qu’ils ont. Et ça, c’est une injustice et à partir de cette injustice, les débats sont déjà biaisés. Maintenant, pour revenir à votre question, lorsqu’on pose un problème de fond à l’assemblée nationale et que deux des trois grandes formations politiques s’y opposent, c’est qu’il y’a déjà un grand problème.
En Côte d’Ivoire, nous avons trois grands partis. Si deux de ces trois s’opposent à une décision de vote, c’est qu’il y’a un problème. On devrait automatiquement prendre en compte l’avis des deux autres partis.
Vous n’avez pas posé de candidature ni pour les régionales ni pour les municipales. Pourquoi et pour qui vous voterez lors des élections locales de 2023 ?
Nous avons donné mandat à tous les membres de la 4ème voix, de soutenir le PPA-CI partout où il est représenté. Et comme moi, personnellement, président de la 4ème voix, je ne peux pas être partout à la fois, donc j’ai décidé de soutenir la candidature de Michel Gbagbo à Yopougon qui est la commune où je suis inscrit pour voter. Maintenant, dans ma région, dans le Loh Guiboua, je soutiens la candidature du ministre d’Etat Moïse Lida Kouassi pour le conseil régional. Les autres collaborateurs dans les régions de la Mé, de la Nawa, du Goh etc., soutiendront les candidatures du PPA-CI comme je l’ai souligné ci-haut.
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Avec Le Quotidien N°4417 du 1er Aout 2023