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Côte d’Ivoire-‘‘LES ARMES À LA MAIN’’ : « Henri Konan BEDIE ne livrera pas cette dernière bataille politique » F. M. Bally

 

LES ARMES À LA MAIN- Les grandes douleurs sont muettes. Et depuis la soirée du 1er août 2023, tout le monde est bouche bée, n’en croyant rien. Henri Konan Bédié, l’ancien ministre de l’Économie et des Finances de Félix Houphouët-Boigny (21 janvier 1966 – 27 juillet 1977), l’ancien président de l’Assemblée nationale et dauphin constitutionnel (22 décembre 1980 – 7 décembre 1993), l’ancien président de la République de Côte d’Ivoire (7 décembre 1993 – 24 décembre 1999), est parti sur la pointe des pieds. Sans crier gare.

C’était le Sphinx. Il a été outrageusement combattu pour son patriotisme assumé, qu’il a revendiqué à travers le concept de l’ivoirité, dévoyé à dessein pour le vouer aux gémonies et le renverser le 24 décembre 1999. Président sortant du PDCI-RDA, qu’il a été depuis le 30 avril 1994, Bédié a sacrifié son confort, refusant la disparition de ce parti qui, né le 9 avril 1946, a fondé la Côte d’Ivoire indépendante.

« Il y aura aujourd’hui, demain et après-demain un PDCI-RDA, » affirmait-il, pour trouver incongrue la proposition que ce soit l’ex-parti unique, qui rejoigne les rangs du RDR, formation sortie de ses entrailles en 1994, au sein du parti unifié RHDP. Il a été amer, en effet. Après avoir soutenu, en 2010 et 2015 à la présidentielle, la candidature d’Alassane Ouattara, qu’il a fait baptiser « Alla N’San » pour le faire adouber par l’important électorat baoulé, Bédié n’a pas bénéficié du retour de l’ascenseur. Et il n’a cessé de ruminer sa colère.

Aussi, le 24 septembre 2018, mettra-t-il fin à une improbable idylle politique, scellée le 18 mai 2005 à Paris, avec Alassane Dramane Ouattara, son plus farouche adversaire politique, et contre Laurent Gbagbo dans un groupuscule de quatre partis (PDCI-RDA, RDR, UDPCI et MFA). « La politique est l’art de l’impossible, » défendait-il.

Depuis son retrait à Daoukro, HKB restait actif. Et il voulait mener ainsi de front deux derniers combats: la lutte contre les dissidents, qui ont violé la discipline du parti en allant en candidats sans étiquette aux élections locales (municipales et régionales du 2 septembre 2023) et la préparation du 13è congrès ordinaire du parti (19, 20 et 21 octobre 2023) pour lequel il était candidat.

Henri Konan Bédié ne livrera pas cette dernière bataille politique.

Il est tombé, les armes à la main. La grande faucheuse lui a ôté la vie, à 89 ans révolus et à la surprise générale, sous une fine pluie. C’était N’Zuéba, le prince Nambê, dont toutes les arrivées ou presque coïncidaient avec la pluie. Ayant concentré tous les pouvoirs entre ses mains pour contrer les luttes de positionnement et colmater les brèches, ce fédérateur tenait fermement le gouvernail du parti. Et tous se reconnaissaient en lui.

De ce fait, malgré de nombreux départs et des débauchages, le PDCI-RDA est resté ce roseau qui plie sans rompre; parvenant à préserver, peu ou prou, ses bastions traditionnels. Le parti a alors survécu aux crises et tient toujours la dragée haute, restant au centre de toutes les convoitises politiques sur le terrain. C’est pourquoi le danger de sa fragilisation à sa dislocation rôde.

Au milieu de toutes les velléités et de la guerre inévitable de succession, le PDCI-RDA risque très rapidement de se retrouver à la croisée des chemins: d’un côté, les partisans de la ligne tracée par HKB, pour l’autonomie du parti et de l’autre, ceux qui veulent répondre au chant des sirènes du pouvoir pour une fusion-absorption.

F.M. Bally

 

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