Saint-Pétersbourg -Le chef de l’État camerounais, accompagné de son épouse et de son fils, a participé au sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg. Plusieurs de ses ministres ont rencontré des hommes d’affaires russes. La venue de Paul Biya au deuxième sommet Russie-Afrique, organisé du 27 au 28 juillet à Saint-Pétersbourg, était inattendue. D’abord parce que le président camerounais, qui se déplace rarement, est considéré comme pro-français, mais aussi parce qu’il ne s’était jamais rendu en Russie.
L’omniprésent Franck Biya
Le président et la Première dame Chantal Biya ont été accueillis par Mahamat Paba Salé, ambassadeur du Cameroun en Russie, accompagné de représentants du ministère russe des Affaires étrangères. Une délégation de huit ministres était présente, dont Louis Paul Motaze (Finances) et le chef de la diplomatie, Lejeune Mbella Mbella. Madeleine Tchuente (Recherche scientifique et l’Innovation) ne figurait pas sur la liste officielle, mais elle a également fait partie de ce voyage.
Comme souvent, Franck Biya a accompagné son père, dont il est un proche conseiller régulièrement présenté comme le potentiel successeur de Paul Biya ne manque d’ailleurs pas de le présenter à ses homologues, que ce soit Emmanuel Macron au sommet pour un nouveau pacte financier mondial ou Joe Biden, au sommet États-Unis Afrique.
De son côté, Chantal Biya en a profité pour multiplier les contacts auprès des organisations humanitaires russes. Elle a également visité le musée privé Fabergé situé dans le centre de Saint-Pétersbourg, avant de se rendre au palais de Peterhof, construit en 1705 par le tsar Pierre l Grand. Elle a enfin partagé un repas dans un restaurant en compagnie d’une proche de Poutine.
Entretien avec Poutine
Comme les autres pays, le Cameroun a eu droit à son stand où se sont succédées plusieurs personnalités, à l’instar de Nathalie Yamb, invitée spéciale du président russe ; Serge Espoir Matomba, homme d’affaires et opposant camerounais ; Bonaventure Mvondo Assam, député du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), convié au sommet par Alexander Smirnov, patron de l’entreprise Politekhnika, fournisseuse de services pour le ministère de la Défense russe.
Un protocole d’accord do d’ailleurs être prochainement signé entre la Chambre de commerce du Cameroun et l’Association pour la coopération économique entre l’Afrique et la Russie, afin de formaliser les relations d’affaires entre les secteurs privés russe et camerounais. Madeleine Tchuente, la ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation, a présenté les acquis de la recherche camerounaise et sollicité l’expertise russe en matière de nucléaire civil. Le 31 juillet, le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, a quant à lui représenté le chef de l’État à la traditionnelle parade navale marquant la célébration de la Journée de la flotte russe.
Vladimir Poutine s’est entretenu avec Paul Biya le 28 juillet. Les deux présidents, qui ont signé le 27 juillet un accord bilatéral d’exemption de visa pour les détenteurs de passeport diplomatique et de service, ont constaté un ralentissement de leur commerce bilatéral l’an dernier, même si les exportations de la Russie vers le Cameroun ont été multipliées par plus de 17.
Formations et accords militaires
Sur le plan diplomatique, « nous défendons un ordre mondial polycentrique, le principe de l’État de droit et le rejet du diktat et des doubles standards dans les affaires internationales », a affirmé le Vadimir Poutine qui a sollicité le soutien du Cameroun, « à un certain nombre d’initiatives russes à l’ONU ». Enfin, Paul Biya en a profité pour consolider les accords militaires signés le 12 avril 2022, deux mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Lors de son intervention, le président camerounais n’a pas manqué de saluer l’intervention de la Russie « dans le développement du continent, la lutte contre les crises et le terrorisme ».
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Vers Saint-Pétersbourg
L’annonce de la non-participation du président russe au sommet des BRICS, organisé fin août en Afrique du Sud, apparaît également comme un revers pour le maître du Kremlin. Mais le sommet de Saint-Pétersbourg comporte aussi des enjeux économiques cruciaux pour le continent. Alors que le non-renouvellement de l’accord sur les exportations de céréales en mer Noire présente un risque majeur pour l’alimentation en Afrique, Vladimir Poutine a assuré, le 24 juillet, que, malgré les sanctions qui la vise, « la Russie poursuivra ses efforts énergiques pour assurer la distribution de céréales, de produits alimentaires, d’engrais et d’autres biens vers l’Afrique ». Test diplomatique réussi pour Vladimir Poutine
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Avec Jeune Afrique