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Tribune : ‘‘Les ponts et la problématique du développement en côte d’ivoire’’ Geoffroy-Julien Kouao (politiste)

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Tribune-Geoffroy-Julien Kouao-« Tout a commencé avec l’inauguration du pont de la 8e tranche à Cocody Angré, en 2011. Et depuis, il ne se passe pas de trimestre sans que la presse ne relaie l’émergence de nouveaux ponts.

Des plus futuristes aux plus modestes. Les prévisions pour 2025 et les années d’après sont très bonnes avec l’achèvement des quatrième et cinquième ponts d’Abidjan.

À la grande joie des populations, trop longtemps séparées les unes des autres. Désormais, Jacqueville est à quelques minutes de la capitale économique. A l’évidence, l’émergence de la Côte d’ivoire à l’horizon 2050 repose sur les ponts. La Côte d’ivoire devient « la Côte des ponts ».

Il y a aussi les autoroutes du nord et de Bassam avec leurs postes à péage. C’est vraiment beau le capitalisme ! Pardon le libéralisme. Nous sommes en plein dans la superstructure. Et la structure ? Bof ! Elle meublera le deuxième mandat de la troisième république, voire plus jusqu’en 2035.

Et si les bâtisseurs de ponts convoquaient régulièrement les essayistes Abraham Maslow et Jean-Paul Fitoussi ?

L’approche humaniste de la pyramide des besoins du célèbre psychologue américain, et le théorème du lampadaire de l’économiste français sont deux supports de réflexion qui peuvent aider et éclairer politiquement les bâtisseurs de ponts dans un Etat aux fragilités sociales abyssales. Le développement obéit à la logique des priorités.

Les salles de classe restent toujours surpeuplées, les amphithéâtres bondés d’étudiants. La surpopulation scolaire fragilise le système éducatif. La solution est simple, construire des salles de classe au prorata de l’effectif scolaire. La Côte d’ivoire compte 102. 937 salles de classe au primaire pour 4.252.503 élèves. La moyenne est de 40 élèves par classe.

Acceptable, me diriez-vous. La réalité est tout autre, quand on passe des écoles privées aux écoles publiques. Celles-ci atteignent par endroits des effectifs de 80 à 100 élèves par classe. Par ailleurs, nos hôpitaux publics ne donnent pas satisfaction aux populations faute d’infrastructures et de médicaments. Des efforts sont faits, mais les pouvoirs publics doivent faire davantage. La priorité, on le voit aisément, n’est pas la superstructure, mais la structure.

Les ponts, c’est bien, l’école et l’hôpital d’abord. Il faut savoir établir les priorités. La ville d’Abidjan est en chantier. De nouvelles routes sont tracées, des échangeurs par-ci, des ponts par-ci, mais Abidjan reste toujours embouteillée. Le pont de Cocody et celui de Yopougon n’y changeront rien. Pourquoi ? Parce que le problème est mal posé. Pourquoi ne pas rendre effectif le transfert de la capitale à Yamoussoukro ?

La capitale politique de la Côte d’Ivoire est une ville vide avec de grandes routes sans voitures. L’arrivée effective des institutions politiques à Yamoussoukro est la solution à court terme pour désengorger Abidjan. La ville natale de Félix Houphouët-Boigny, sera heureuse, elle aussi, d’accueillir des ponts, des échangeurs…»-Tribune de Geoffroy-Julien KOUAO.

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