Eunice Brookman-Anissah a été récompensée pour son combat, du prix Nobel alternatif. Née en 1945 au Ghana, Eunice Brookman-Amissah a été médecin avant de devenir femme politique et diplomate. Avant de s’engager sur tout le continent pour que les femmes africaines aient accès à un avortement sûr, elle était … contre cette pratique.
Jusqu’au jour où elle apprend que l’une de ses patientes est décédée à 14 ans seulement, suite à une intervention réalisée dans de mauvaises conditions. A partir de là, le sujet devient son cheval de bataille, à une époque où il reste encore très difficile à aborder : « A nos débuts, le mot « avortement » était tabou et on ne pouvait pas vraiment en parler en public. »
Un combat sur tous les fronts
Pendant plus de trente ans, Eunice Brookmann-Anissah va parcourir le continent, mener un plaidoyer à tous les niveaux et jusqu’en haut de l’Union africaine, organiser des campagnes de sensibilisation et de formation sur les droits reproductifs des femmes pour faire avancer les choses. Les chiffres de 2001 qu’elle cite dans une vidéo mise à disposition par la Fondation du prix Nobel alternatif sont édifiants :
« Près de 24.000 femmes sont décédées sur le seul continent africain à cause d’un avortement risqué. Sur un total de 36.000 cas, cela fait environ 60% ! C’était absolument inacceptable sachant qu’aucune femme, vraiment aucune, ne devrait mourir suite à un avortement pratiqué dans de mauvaises conditions. Ce sont des décès qui sont complètement évitables«
Aujourd’hui encore, l’Afrique subsaharienne reste la région la plus dangereuse au monde en termes d’accès à l’avortement. Mais les efforts d’Eunice Brookman-Amissah ont permis des avancées significatives au Bénin, au Sénégal ou encore à Maurice, pour ne citer qu’eux, tant sur le plan de la contraception que de la pratique de l’avortement.
« Je pense que grâce à mon travail et à celui des experts avec lesquels j’ai travaillé, les femmes ont désormais accès à l’avortement sécurisé dans beaucoup de nos pays. Et les décès dus à ce qui est pour moi un fléau ont pu considérablement être réduits. Mais il y a encore beaucoup à faire ».
C’est pour saluer ce combat que la Fondation Right Livelihood a décerné ce jeudi 28 septembre 2023 à Eunice Brookmann-Anissah une récompense d’honneur pour les droits des femmes à disposer de leur corps en Afrique. Elle recevra sa récompense à Stockholm, en Suède, le 29 novembre prochain. Aujourd’hui, 28 septembre a été célébrée par ailleurs la Journée internationale du droit à l’interruption volontaire de grossesse.
LEDEBATIVOIRIEN.NET
Auteur-KONSTANZE FISCHER