Dans la nomination de son septième Premier ministre, Alassane Ouattara a déjoué tous les pronostics. Ce ne fut ni Jérôme-Patrick Achi, qu’il a reconduit pour la deuxième fois, ni Dimba Pierre ou Anne-Désirée Ouloto, ministres respectivement de la Santé et de la Fonction publique du gouvernement démis, ni Fidèle Gboroton Sarassoro, son directeur de cabinet, que la rumeur persistante désignait.
Il a fait confiance, le 16 octobre 2023, à un vieux de la vieille pour prendre la tête du gouvernement: Robert Beugré Mambé. Ce successeur d’Achi, transfuge du PDCI-RDA, a présidé la Commission électorale indépendante (CEI). Il a été sous le feu des critiques et a été déchu, en janvier 2010, parce qu’accusé d’avoir falsifié la liste électorale en y intégrant plus de 400.000 faux électeurs.
Mais, il a fait son comeback politique à l’accession de, Ouattara au pouvoir d’État. Actuel ministre-gouverneur du district autonome d’Abidjan, il est député et maire de Songon. Il n’y a sans doute pas péril en la demeure, mais certainement urgence à colmater les brèches et nettoyer les écuries d’Augias. Comme en 2016.
Le 27 juillet de cette année-là, le gouverneur Beugré Mambé a été nommé, en catastrophe, ministre auprès du chef de l’État chargé de l’organisation des Jeux de la Francophonie. Un an avant son déroulement (21 au 30 juillet 2017), une menace planait sérieusement sur son organisation en raison de sérieux retards observés.
Les trois ministres en charge du dossier, François-Albert Amichia (Sports et Loisirs), Maurice Kouakou Bandaman (Culture et Francophonie) et Sidi Tiémoko Touré (Promotion de la jeunesse et Emploi des jeunes), qui se marchaient sur les plates-bandes, ont été écartés au profit du pompier Beugré Mambé. Et il va relever le défi d’une parfaite organisation des Jeux de la Francophonie.
En octobre 2023, deux ans exactement avant la prochaine présidentielle, il occupe la primature à un autre moment charnière. Alors que le RHDP ambitionne de conserver le pouvoir, l’image du pays est malmenée, à défaut d’être abîmée, malgré ou à cause d’un gouvernement pléthorique.
En effet, la Côte d’Ivoire est ouvertement accusée d’être devenue la plaque tournante du trafic de cocaïne et d’occuper, en Afrique, le deuxième rang après la Guinée, de pays pourvoyeurs de migrants clandestins vers l’Europe.
Ce n’est pas tout. Le scandale de « la pluie exceptionnelle » du stade olympique Alassane Ouattara d’Ébimpé, sous les risées de tous, a mis à nue l’ampleur de la corruption et du détournement de deniers publics, qui gangrènent le pays.
Beugré Mambé atterrit ainsi sur un terrain miné et ne bénéficiera pas d’état de grâce. Déjà, il est au pied du mur. Sa première mission, alors que le pays est pris à la gorge par la cherté de la vie, sera de donner vie à une équipe gouvernementale resserrée, selon les promesses d’Alassane Ouattara.
En 2010, le candidat a fait rêver. « J’ai été Premier ministre de ce pays et je sais, jurait-il, qu’on n’a pas besoin d’un gouvernement pléthorique. »
« Voyez-vous, dans les pays où j’ai eu la chance d’intervenir quand j’étais au FMI, ce sont des gouvernements de moins de vingt personnes souvent. Et c’est ce que je compte faire en Côte d’Ivoire, » renchérissait-il avant de rallier les sceptiques: « Je suis économiste; je sais gérer les dépenses. On n’a pas besoin de créer assez de postes ministériels pour mettre à mal le budget de l’État. » L’heure sonne pour un pays sous les fourches caudines des bailleurs de fonds », décrypte F. M. Bally.
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