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Israël-Gaza: la réponse massive d’Israël est-elle justifiée ?

Les dirigeants israéliens font-ils preuve d’un  » terrorisme d’Etat « ?

Le 07 Octobre dernier, des commandos du Hamas, le groupe palestinien qui contrôle la bande de gaza, s’introduisaient en Israël, dans une attaque savamment préparée selon le déroulé. A l’aube, en plein shabbat et pendant la fête juive de Simbat Torah, un déluge de roquettes s’abat sur Israël depuis la bande de Gaza.

Des centaines de combattants du Hamas s’infiltrent par la mer, la terre et les airs (grâce à l’usage des parapentes) en territoire israélien, prenant les soldats par surprise. Ils sèment la terreur dans les petites villes de Sederot et Ofakim ainsi qu’aux abords d’Ashkelon, la grande ville israélienne la plus proche de la bande de Gaza, massacrant hommes, femmes, enfants et personnes âgées.

Plus de 1400 personnes sont tuées, en majorité des civils fauchés par balles, brulés vifs ou mutilés, dont 270 festivaliers d’une rave party, ces fêtes organisées en pleine nature dans les pays occidentaux et qui mobilisent des centaines voire des milliers de personnes. Quelque 240 personnes sont amenées comme otage à Gaza. Ce fut un choc pour la population israélienne, qui s’est rendu compte à ce moment que la nation était vulnérable et pouvait être « envahie ».

Cet assaut du Hamas a réveillé pour certaines israéliens le souvenir de la guerre du Kippour en 1973, où Israël fut attaqué par surprise par une coalition de pays arabes menés par la Syrie et l’Egypte, dont les armées ont profondément pénétré le territoire israélien avant d’être stoppés puis repoussés.

En fait, le 07 Octobre 2023, la population, l’armée, la classe politique, bref tout le monde a été surpris que le Hamas soit capable de mener un assaut d’une telle ampleur. Les combattants du Hamas ont occupé les villes durant des heures avant d’être délogés. Les services de renseignement israéliens n’ont pas vu venir l’opération.

Des israéliens s’inclinant sur les dépouilles des personnes tombées le 07 Octobre. Ce fut un choc immense pour la nation.

Cela a aussi choqué la population israélienne, les renseignements israéliens étant réputés être parmi les plus performants au monde. L’attaque du 07 Octobre a montré que le pays était vulnérable. Aussi pour le gouvernement israélien, il fallait réagir de façon d’abord à rassurer la population, puis à « démanteler les capacités du Hamas » selon la terminologie officielle employée.

Problème, le Hamas est imbriqué dans la population palestinienne, ce n’est pas une armée conventionnelle. Ces arsenaux, ces centres de commandements ne sont pas visibles, mais dissimulés dans des souterrains répartis sur tout le territoire du gaza. Ainsi les bombardements massifs entrepris par l’armée israélienne depuis le 07 Octobre dernier tuent essentiellement les civils.  L’armée israélienne  » frappe à l’aveugle  » et c’est cela le drame à l’heure actuelle. La frappe sur le camp de réfugiés de Jabaliya reste le symbole de cette situation.

L’armée israélienne a selon son communiqué ciblé un « haut cadre du Hamas qui se trouvait dans la zone». Une bombe de 250 kg a été larguée sur une zone densément peuplée, créant un cratère de quelque 15 mètres à l’impact avec le sol. Le corps des enfants retirés des gravats a fait le tour des médias, ce qui n’a pas empêché l’armée israélienne de frapper ce même camp trois jours de suite. C’est une violation claire du droit de la guerre. Malheureusement rien ne pourra arrêter les israéliens. Ils vont stopper les opérations quand ils l’auront décidé.

Israël  fait-il preuve d’un « terrorisme d’Etat  » ?

Frappe sur le camp de réfugiés de Jabaliya le 01 Novembre, condamnée par toute la planète. Le spectacle des corps d’enfants sortis des décombres a choqué les opinions publiques.

Les Israéliens ont certes largué des tracts sur la population pour avertir les habitants du Nord de la bande de Gaza de se réfugier vers le sud du territoire. Mais il faut savoir que la bande de gaza c’est quelque 2,3 millions d’habitants vivant sur un territoire de 360 km2. C’est l’endroit  le plus densément peuplé au monde selon les médias.

En outre, depuis les bombardements israéliens, tout est désorganisé, il n’y a plus de carburant pour les voitures, ni pour les centrales électriques, l’armée israélienne ciblant méthodiquement les dépôts et les infrastructures de distribution.  Plus d’eau, plus d’électricité, plus de nourriture, le tout sous un déluge incessant de bombes.

Bien sûr le Hamas est un groupe terroriste et son attaque du 07 Octobre a été meurtrière, barbare, sauvage. Mais la réponse israélienne semble être de la même nature et sur une échelle plus vaste. C’est une ‘’punition collective’’  qui est infligée à une population prise en otage. Ce terme est quasiment employé par tous les médias du monde. Israël  » tire dans le tas « , sans distinction, sans souci d’épargner les civils. Le Hamas est un mouvement terroriste, cela est admis de tous.

Mais en ce moment, Israël fait preuve d’un  » terrorisme d’Etat « , car les méthodes ne sont pas fondamentalement différentes. Après un mois de bombardements intensifs, suivis d’une entrée en scène des chars, le bilan qui circulait au 07 Novembre s’élevait à 10 000 morts palestiniens. Combien de combattants du Hamas figuraient dans ce nombre ? Combien de combattants du Hamas l’armée israélienne a-t-elle vraiment éliminée depuis sa riposte ?  Ces  » 10 000  » personnes tuées sont essentiellement des civils non armés. Cela interpelle.

Le malaise des Occidentaux devant la « punition collective » infligée par Israël aux habitants de Gaza

Israël a certes le droit de se défendre. Mais le Droit de la guerre interdit de cibler des populations civiles, interdit de cibler des infrastructures civiles telles que les hôpitaux, les abris et autres, interdit de faire obstacle au déplacement des populations. Le Droit de la guerre n’est pas soumis à réciprocité. Si votre ennemi ne le respecte pas, cela ne vous dispense pas de le faire.

L’hôpital AL-Ahli touché par une frappe israélienne le 17 Octobre, environ 500 victimes retirées des décombres. Où va s’arrêter cette guerre ?

Certains diront qu’il ne faut pas se laisser dépasser par nos émotions, nous devons garder la tête froide. Mais comment ne pas se laisser aller à ses émotions devant ce qui se passe ? Ce sont nos émotions qui font de nous des hommes, et non des machines ou des animaux. Et ici l’émotion se mêle à la raison et au Droit pour condamner Israël dans une large part.

Depuis le 08 Octobre, les habitants de Gaza sont bombardés 24 heures sur 24 sans aucune pause. Les chefs d’Etat occidentaux se sont dépêchés en Israël pour exprimer leur soutien au pays. Mais aujourd’hui il y a un malaise chez ces dirigeants, parce qu’Israël ne fait pas dans la nuance, ne veut pas entendre parler de cesser le feu, alors que tout le monde l’exige.

Israël donne l’impression de vouloir simplement raser gaza, quel que soit le nombre de victimes que cela fera. Cela rappelle étrangement le bombardement de la ville allemande de Dresde en 1945. Sous la pression américaine, les dirigeants israéliens ont accepté le 10 Novembre ce qu’ils appellent des  »pauses tactiques » de 4 heures dans les bombardements quotidiens, alors que c’est bien un cessez-le-feu qui est exigé par la communauté internationale.

Israël refuse de donner un Etat aux Palestiniens

C’est cela le fond du problème. Tant que nous n’aurons pas deux états, tant que les Palestiniens n’auront pas un statut clair, tant qu’ils n’auront pas un Etat à eux, tant qu’ils resteront apatrides sur leurs propres terres,  Israël ne pourra pas vivre dans la paix. Ce sera toujours le cycle infernal des actions terroristes et attentats suivis de représailles. La droite israélienne ne veut pas entendre parler d’un Etat palestinien.

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Et ce qui vient de se passer va la conforter dans sa posture. Israël a le soutien inconditionnel de la droite religieuse américaine, qu’on appelle souvent « la droite évangélique ». C’est un puissant courant qui pèse sur la politique extérieure américaine, surtout lorsque nous avons en place des présidents républicains ( Trump, Bush père et fils, Reagan etc….). Déjà 14 milliards de dollars d’aide militaire vont être débloqués en urgence pour Israël, un pays qui est déjà « surarmé ». Comment pourra-t-on sortir un jour de ce conflit ?

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La ville allemande de Dresde bombardée en 1945 par les Alliés afin de  » briser le moral du peuple allemand ». Ce bombardement ne ciblait pas des objectifs militaires, il s’agissait de porter un coup au moral de l’Allemagne afin qu’elle se soulève contre son führer. C’était clairement des destructions gratuites, et les responsables auraient dû être traduits en justice. Les bombardements actuels sur Gaza font remonter cet épisode à la surface, leur logique étant étrangement similaire à ceux de Dresde.

Douglas Mountain-Le Cercle des Réflexions Libérales.

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