Le Ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage Koffi N’Guessan expliqu’«en plus de nombreux programmes et formations des jeunes aux métiers en vue, nous allons instituer un examen national de l’apprentissage traditionnel pour tous les jeunes qui ont fini l’école et sont dans les ateliers de mécanique, de couture et de soudure, afin de créer le Certificat de Qualification au Métier (CQM) ».
Dans une interview accordée au Centre d’Information et de Communication gouvernementale à Abidjan-Plateau, le ministre annonce l’institution d’un examen national de l’apprentissage traditionnel pour tous les jeunes qui ont fini l’école et sont dans les ateliers de mécanique, de couture et de soudure, en vue de créer un Certificat de Qualification au Métier (CQM).
Il aborde les perspectives pour une formation professionnelle efficace et durable.
La formation professionnelle a longtemps été négligée en Côte d’Ivoire, surtout par les apprenants et leurs parents. Pourquoi pensez-vous qu’elle pourrait, surtout par l’apprentissage, contribuer au développement de la Côte d’Ivoire ?
La formation professionnelle n’a pas été suffisamment valorisée ni expliquée. On pense que c’est parce qu’on échoue à l’enseignement de type général qu’on se rabat sur l’enseignement professionnel. Ce n’est pas totalement exact et c’est ce que nous voulons corriger. Ce qui a fait la force de certains pays comme la Suisse et l’Allemagne, et les nouveaux pays industrialisés d’Asie, c’est la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée dans pratiquement tous les secteurs, notamment ceux liés à l’industrie.
On peut commencer avec un CAP, gagner sa vie et évoluer progressivement pour devenir un brillant ingénieur, un brillant docteur dans n’importe quel domaine. Lorsque nous retrouvons ici certains partenaires venant d’Allemagne ou de Suisse, on voit leur background. Ils ont fait la formation professionnelle avant de faire la formation de type général, donc ils ont un métier. C’est la raison pour laquelle notre vision est de repenser et de revaloriser l’enseignement technique, la formation professionnelle et l’apprentissage pour soutenir l’évolution économique de notre pays.
Pour cela, il faut que la main d’œuvre qualifiée soit disponible. De nombreux jeunes et échouent au niveau de l’enseignement de type général et c’est la mort dans l’âme qu’ils viennent dans l’enseignement professionnel.
On ne souhaiterait plus que ce soit comme cela. On souhaite aujourd’hui que les parents permettent à leurs enfants de saisir la chance, en venant dans des écoles de bonne qualité.
C’est la raison pour laquelle si vous allez à Yopougon, le lycée professionnel commercial et les lycées que nous y avons sont des établissements qui attirent d’abord de par leurs infrastructures. Progressivement, les lycées, qui sont sur toute l’étendue du territoire seront réhabilités et permettront d’avoir des plateaux techniques rénovés destinés à un apprentissage de bonne qualité, avec des enseignants qui seront eux-mêmes passionnés.
Il y a en face le secteur privé dont de nombreux inspecteurs viendront renforcer la formation et expliquer aux jeunes ce qu’on va faire et où est-ce qu’on peut travailler quand on est peintre bâtiment, peintre auto, mécanicien, ouvrier, etc. Parce qu’on a l’impression que tout peut se faire par tout le monde facilement. Non, il faut une formation de bonne qualité. C’est ce que nous allons pouvoir offrir en valorisant et en mettant l’accent sur le métier.
Vos Perspectives pour une formation professionnelle efficace et durable ?
De nombreux programmes et formations des jeunes aux métiers sont en vue. La population ivoirienne est extrêmement jeune, parce que 75% a moins de 35 ans. Ce qui revient à dire qu’il faut des programmes pour tous ces jeunes qui vont être diplômés ou qui vont sortir. On aura des programmes pour eux dans les secteurs de l’industrie, du commerce, etc. Dans nos lycées professionnels, on aura aussi des projets dans le domaine agricole.
Nous avons un grand programme aujourd’hui à Botro (département de Bouaké) où on va former des jeunes très rapidement dans le secteur agricole et les aider à s’installer à leur propre compte. Aussi, en 2024 les activités liées à la construction du Métro d’Abidjan seront intensifiées. On aura besoin de jeunes formés, notamment les conducteurs d’engins lourds, les maintenanciers de ces engins, les topographes. Nous allons poursuivre la formation avec nos partenaires en France.
Mais avec leurs appuis, on va ouvrir aussi notre Centre de Formation pour Apprenti (CFA) à Gagnoa pour former un grand nombre de jeunes dans les différents métiers du BTP. Dans le contrat qui est signé, les jeunes recrutés et formés en France dans le BTP doivent, après, devenir des formateurs dans les centres de formation. Ce ne sont pas seulement des jeunes qui vont travailler dans les entreprises, mais certains seront aussi les futurs formateurs pour nos établissements de formation comme celui de Gagnoa.
En 2024 également, nous aurons de la formation au niveau des TIC. On va ouvrir au lycée technique d’Abidjan des filières de formation en informatique. Nous sommes en train d’avoir des équipements conséquents et ces programmes seront mis en valeur. En 2024, nos CFA de Yopougon seront achevés. On va avoir sur le site de Yopougon, la formation aux métiers de l’électricité, du bâtiment, du câblage, etc. Nous avons commencé les travaux de construction de sept infrastructures pour la plupart et d’ici à la fin du premier trimestre 2024, les premières infrastructures seront ouvertes.
Au niveau du sport, notre pays va abriter la CAN 2023 qui se tiendra du 13 janvier au 11 février 2024. Durant la période de la CAN, il faudra former pour entretenir les différents stades qui ont été construits, que ce soit au niveau de la sécurité et dans tous les autres domaines. Sur le plan descriptif, d’ici à la fin de l’année, deux textes majeurs, notamment le décret sur l’E2C et celui portant sur le Certificat de Qualification au Métier (CQM), devraient être pris. Certains programmes initiés en 2022 et 2023 dans les secteurs du BTP, de la grande distribution, etc., doivent se poursuivre en 2024, pour continuer en 2025 et au-delà, parce qu’on a une croissance relativement forte.
Au niveau de l’apprentissage, le gros programme qu’on lance c’est la valorisation de l’apprentissage traditionnel qui se matérialise par deux instruments importants : d’une part, l’institution d’un examen national d’apprentissage traditionnel pour tous les jeunes qui ont fini l’école et sont dans les ateliers de mécanique, de couture et de soudure. Ce sont des jeunes qui apprennent le métier réellement auprès des maîtres-artisans et arrivent à s’insérer.
D’autre part, étant donné que le dispositif actuel ne les prend pas compte, alors l’E2C va instituer cet examen de fin d’apprentissage pour créer un diplôme national qu’on appelle le Certificat de Qualification au Métier (CQM). Cela va permettre à ces jeunes d’avoir des diplômes et de pouvoir continuer leurs formations. Après le CQM, ils peuvent passer un Certificat de Qualification professionnelle (CQP), un Certificat d’Aptitude professionnelle (CAP), ainsi de suite.
On doit, en 2024, achever la construction des garages-écoles. Nous construisons les premiers garages-écoles à Abobo pour former des jeunes dans le métier de la mécanique. Le garage-école permettra de mettre en place la valorisation des acquis de l’expérience, Nous devons pouvoir former tous les maîtres-garagistes, c’est-à-dire les mécaniciens confirmés, leur donner une qualification supplémentaire et leur donner des Certificats de Qualification au Métier (CQM). Pour ceux qui savent lire, ceux qui ont des niveaux, c’est la réforme majeure aujourd’hui pour laquelle nous avons embarqué cette année 2023 avec 15 000 apprentis qui sont déjà en formation.
C’est quoi votre ambition pour ce secteur ?
Notre ambition, c’est, non seulement de former de nombreux jeunes pour notre pays, leur donner la compétence, mais progressivement de former des jeunes qui pourront aussi aller dans d’autres pays développés pour y travailler. Il s’agit d’une lucarne pour avoir des accords avec certains pays afin que nos jeunes n’aillent pas mourir à la mer lors de la traversée périlleuse, mais s’expatrient dans de bonnes conditions, dans des conditions de dignité. Nous voulons passer à échelle. C’est la raison pour laquelle la formation qui est faite en Europe, en dehors du pays, sera répliquée en interne pour qu’elle ait un impact sur un grand nombre de jeunes en lien avec les entreprises.
Aussi, dans le domaine de l’agriculture, nous voulons repenser notre agriculture avec des jeunes qui ont des techniques modernes au niveau de tous les secteurs : industrie, commerce, tout ce que notre système peut offrir. Je tiens à remercier le Président de la République et le Premier Ministre pour les opportunités données à mon ministère de mettre en place les deux programmes majeurs : l’Académie des Talents et l’E2C. L’Académie des Talents consistant aujourd’hui à rénover les infrastructures, à construire de nouvelles infrastructures.
Au niveau de l’Ecole de la 2ème Chance, programme lancé vers mars 2022, après avoir adopté ce concept, c’est cette possibilité offerte au ministère de pouvoir signer des accords avec des partenaires qui nous appuient et de pouvoir aussi former de nombreux jeunes de notre pays dans des secteurs d’activités où le travail est plus facile. On a commencé par le BTP, on poursuit dans la grande distribution.
On sera dans le domaine de l’agriculture avec nos partenaires du ministère d’Etat, ministère de l’Agriculture, dans le commerce, dans l’industrie. L’idée aujourd’hui, c’est d’informer les jeunes et de leur donner cet espoir au niveau de la formation et de l’insertion professionnelle.
Concernant les parents d’élèves, je crois que s’ils ne sont pas convaincus, la formation professionnelle de leurs enfants sera difficile. Certains jeunes ne peuvent pas faire la formation de type général de longue durée, mais ils sont talentueux, ils sont plus professionnels, plus pratiques. Je crois que pour ces nombreux jeunes, la formation professionnelle est une voie appropriée qui va déboucher sur l’emploi.
C’est pourquoi, notre ambition est de faire en sorte qu’à partir de la classe de Troisième, un grand nombre vienne à la formation aux métiers pour décongestionner aussi l’enseignement supérieur parce qu’ils pourront repartir par le biais des passerelles. De façon générale, lorsque des investisseurs arrivent dans un pays, en plus des questions de sécurité, de justice, ils s’assurent de la disponibilité de la main d’œuvre. Si la main d’œuvre existe, ils s’installent. Ce sont toutes ces questions que nous voulons aider à résoudre pour notre pays.
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