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Côte d’Ivoire-PDCI : ‘‘La Fibre Patriotique’’-F. M. Bally 

Le PDCI-RDA compte le nombre de semaines et de mois pour la présidentielle du 25 octobre 2025. Il a son oiseau rare pour ce scrutin: Cheick Tidjane Thiam, 61 ans. Élu, le 22 décembre 2023, à une large majorité, président du parti, il a été aussitôt missionné, par le 8è Congrès extraordinaire, pour être le candidat à la prochaine Convention du parti, destinée à désigner celui qui défendra les couleurs du PDCI-RDA à l’élection.

De ce fait, dans son message du 31 décembre à la nation, Tidjane Thiam, baptisé TiThi, s’est engagé pour « un changement démocratique de la gouvernance ».

Les dés sont ainsi jetés. Le troisième président du PDCI-RDA, après son arrière-grand-parent Félix Houphouët-Boigny (9 avril 1946-7 décembre 1993) et Henri Konan Bédié (30 avril 1994-1er août 2023), a le profil du parfait technocrate.

Diplômé de l’École polytechnique et de l’École des mines de Paris, TiThi a occupé de très hautes fonctions dans le privé en Europe. Et il est très bien connu des milieux d’affaires internationaux.

C’est ainsi qu’il a été l’envoyé spécial de l’Union africaine pour mobiliser le soutien international aux plans de riposte anti-Covid 19 sur le continent. Et le président Paul Kagame a fait de lui le PCA du Rwanda Finance Limited, cette agence gouvernementale rwandaise chargée du développement de la promotion des investissements.

Cependant, le parcours ne fut pas sans faute. En mars 2013, TiThi est blâmé par la FSA, le superviseur britannique du secteur financier, quand il dirigeait la compagnie britannique d’assurances Prudential. Et en février 2020, accusé d’espionnage sur des responsables de la banque Crédit Suisse, qu’il présidait, il a été poussé à la démission.

Mais TiThi est descendu dans l’arène politique pour sa reconversion. Qu’il préparait dans l’ombre à travers un réseautage. Du 30 mai au 2 juin 2019, il a participé à la 67è conférence annuelle d’un puissant groupe, où avant leur élection ou nomination, des présidents américains (Bush) et européens (Chirac, Macron) ou des Premiers ministres occidentaux (Manuel Valls, Edouard Philippe), sont conviés: le club de Bilderberg.

Réunissant chaque année le gratin du grand échiquier occidental de la politique, du patronat et du savoir, ce groupe, fondé en 1954, s’est assigné un double objectif: d’une part, renforcer les relations entre les USA et l’Europe et d’autre part, réfléchir sur l’avenir politique et économique de l’humanité.

A priori, le candidat du PDCI-RDA, pour succéder au libéral Alassane Ouattara, apparait comme un pion de l’Occident et un autre valet de la France. S’il a néanmoins été formaté dans le moule du capitalisme triomphant, TiThi laisse dégager un pan qui le distingue: sa fibre patriotique, se revendiquant « pro-Côte d’Ivoire ».

C’est pourquoi, dès que Bédié l’a nommé, en 1994, comme directeur général de la Direction et contrôle des grands travaux (DCGTx, devenue BNETD), il a mis fin aux traitements discriminatoires qui y règnaient depuis Cesario. Il a imposé aux 150 agents expatriés, qui absorbaient 48% de la masse salariale contre 3.850 travailleurs ivoiriens, des contrats ivoiriens. A prendre ou à laisser.

En outre, il a participé à l’élaboration, en 1995, des 12 travaux de l’Éléphant d’Afrique (qui s’exécutent encore aujourd’hui) et, crime de lèse-majesté, il a été, en tant que ministre du Plan et du Développement, au coeur de la politique de conquête, en 1998, du vaste marché chinois pour valoriser le cacao ivoirien, acheté à vil prix, à travers un projet: une usine de traitement avec des opérateurs de Chang-Hai.

Ce projet a avorté. Le pouvoir Bédié a payé le tribut de sa volonté de défense de la souveraineté nationale et du rejet des ingérences occidentales dans les affaires intérieures ivoiriennes: le coup d’État du 24 décembre 1999, qui l’a emporté, sous le prétexte bon marché de l’ivoirité.

TiThi est parti du pays pour laisser passer l’orage. Et tout montre que s’il a pris la nationalité française (qui pourrait lui créer des ennuis judiciaires au regard des dispositions constitutionnelles), c’était le visa dont il avait besoin pour évoluer librement dans le monde occidental.

Toutefois, il a refusé, à l’instar de Didier Drogba au football, de franchir le dernier pas: la politique en France en intégrant l’équipe d’Emmanuel Macron au poste envié de ministre de l’Économie et des Finances.

TiThi est revenu sur la « terre de (sa) mère, de (sa) grand-mère » et tape aux portes de la présidence. Avec son slogan « Tous ensemble », il ambitionne de faire de la Côte d’Ivoire « un pays maître de son destin », en commençant par un secteur sinistré, l’éducation qui doit redevenir la priorité des priorités. Tout un programme.

Par F. M. Bally

Ledebativoirien.net

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