Site icon LE DEBAT IVOIRIEN

La Côte d’Ivoire plurielle est donc championne d’Afrique : « UNITÉ NATIONALE »

 «  Notre formidable troisième étoile est passablement ternie par les querelles sans fin entre les partisans de Yacine Idriss Diallo et ceux de Didier Drogba. Qui se battent sur tout et rien alors qu’un séisme de grande amplitude se prépare pour bousculer le microcosme.

Le bel exemple offert par l’équipe nationale de football de Côte d’Ivoire, les Éléphants, est en train de pousser à la réflexion. Il a mis brutalement fin aux certitudes du tribalisme et aux pratiques de la ségrégation et de la catégorisation entre les Ivoiriens.

Le premier buteur des Éléphants au match d’ouverture Côte d’Ivoire-Guinée Bissau (2-0) se nomme Séko Fofana, fils du nord; le gardien qui a arrêté le pénalty des Maliens en quarts de finales est Yahia Fofana, fils du nord tout comme Oumar Diakité qui a marqué le but de la qualification (2-1). 

Les deux buteurs de la finale remportée sont des Bheté de la région du Gôh; le meilleur joueur de la finale est un Abron de la région du Gontougo; le porte-parole des heureux Éléphants est Bheté par son père (région du Gôh) et Abbey de la région de l’Agnéby-Tiassa par sa mère; l’encadrement technique est composé d’un entraîneur Wê (région du Guémon), de son adjoint Adioukrou (région des Grands ponts) et de l’entraîneur des gardiens Bheté (région du Gôh); et le président de la FIF est le fruit du métissage entre Wê et ressortissant du nord du pays.

La Côte d’Ivoire plurielle est donc championne d’Afrique. Max Gradel, au nom de ses coéquipiers, pouvait interpeller les politiques en déclarant: « Ici présents dans cette équipe, des enfants issus de toutes les régions de la Côte d’Ivoire; et nous avons montré à la face du pays, qu’une Côte d’Ivoire unie est capable de beaucoup de choses. »

Le foot est certes l’opium du peuple, mais ce sport ne s’embarrasse ni d’arrière-pensées ni de calculs politiciens. Et Gradel n’a pas prêché dans le désert. L’extraordinaire mobilisation des Ivoiriens, sans exception de régions, de religions, de partis politiques et d’ethnies, a provoqué un déclic.

Elle a chaviré et ému jusqu’aux larmes le chef de l’État, qui s’est jeté dans les bras des joueurs dans une totale fusion (photo d’illustration).

Aussi, profitant de cette unique occasion de retrouvailles nationales, Alassane Ouattara promet-il des mesures fortes -et non des mesurettes, croyons-nous- dans les semaines à venir, dont les plus urgentes portent sur la libération des militaires et prisonniers politiques détenus depuis la guerre post-électorale de 2010-2011 et la réhabilitation de Laurent Gbagbo dans ses droits civils et politiques, pour un véritable apaisement.

En effet, dans une ambiance mi-badine mi-sérieuse, le 13 février 2024 au Palais présidentiel, le chef de l’État a indiqué la voie de deux directions, qui étaient en friches, aux Ivoiriens. La première est le patriotisme. « Les Américains sont de partout dans le monde; mais à la première chose, ils sont d’abord Américains. Je demande que chacun de nous soit avant toute chose d’abord Ivoirien. Et vous (les joueurs) l’avez fait, » a-t-il salué.

Il ne faut pas l’oublier. Dans un contexte politique alors agité par la question de l’éligibilité d’Alassane Ouattara à la présidence de la République, Henri Konan Bédié avait lancé, en 1995, un concept de mobilisation des Ivoiriens: l’ivoirité. Mais galvaudé, ce concept, qui devait unir, a désuni.

C’est sur ce champ de ruines, que Ouattara veut capitaliser « l’étincelle de patriotisme » né après la victoire des Éléphants pour rassembler ses compatriotes dans un creuset: l’unité nationale.

La seconde voie fait appel à la réconciliation. « Nous devons nous faire confiance entre nous Ivoiriens. Faé lève-toi et bravo à toi et à ton équipe, » s’est montré grisé le chef de l’État, en réalisant l’association des compétences dans cette équipe victorieuse.

C’est un violent « coup de marteau » au rattrapage ethnique, fils de la charte du nord, que Ouattara lui-même a revendiqué dès sa prise de fonction pour faire la part belle aux ressortissants du nord dans les nominations et les promotions dans l’administration publique.

Est-ce un coup d’arrêt à cette politique qui a fait plus de dégâts que de biens dans un pays d’une poussière d’ethnies !?

Toujours est-il qu’Alassane Ouattara s’engage à semer la graine de la fierté d’appartenir à la nation ivoirienne à l’effet de créer une identité nationale.

Et ainsi, l’équipe nationale de Côte d’Ivoire aura alors joué le rôle d’objecteur de conscience pour aider à recoller les morceaux d’une Côte d’Ivoire profondément divisée. Et si notre pays a beaucoup appris par la défaite humiliante devant la Guinée équatoriale (0-4), la victoire éclatante en finale devant le Nigeria (2-1) est en train de lui ouvrir grandement les yeux »- Par F. M. Bally.

Ledebativoirien.net

Quitter la version mobile