‘‘Le CFA n’est pas une bonne monnaie’’ dixit Laurent Gbagbo: mais, il n’explique rien! ‘‘Pourquoi alors, le CFA est la seule monnaie africaine acceptée?

‘’Le CFA n’est pas une bonne monnaie. La monnaie des pays du Sahel est prête ’’Laurent Gbagbo

Lors d’un meeting à Agboville le 06 Avril dernier qui avait tout l’air d’une démonstration de force, l’un des plus illustres personnages de ce pays (la Côte d’Ivoire), a enfin déclaré officiellement sa candidature à la présidentielle de 2025. Dans un discours fleuve de deux heures, l’homme a parlé bien sûr économie, et a tenu certains propos sur le CFA sur lesquels on va s’arrêter un instant.

Evidemment ce n’est pas la première fois. Mais force est de constater que c’est toujours la même rengaine contre une monnaie qui a pourtant toujours fait ses preuves quant à la stabilité des prix et la croissance économique des pays francophones. On nous dit que le CFA  » n’est pas une bonne monnaie » mais, on n’explique rien.

On déclare, sans dire comment dans la pratique le CFA se révèle être une monnaie qui « n’est pas bonne ». Personne ne cherche à prendre parti dans le débat politique, là on parle d’économie, et on a droit à des explications.

Si le CFA n’est pas « une bonne monnaie », alors qu’on explique pourquoi les quarante pays africains qui n’utilisent pas le CFA  ne sont pas émergents, ne sont pas super développés depuis plus de 60 années qu’ils utilisent des « bonnes monnaies ». Beaucoup de ces pays sont superbement dotés en ressources minières, mais restent désespérément sous-développés.

Si le CFA n’est pas une « bonne monnaie », alors qu’on nous explique pourquoi le CFA est la seule monnaie africaine acceptée (sous certaines conditions) par la Chine et certains pays occidentaux, dans le cadre du règlement de la dette bilatérale de certains pays africains membre de la zone CFA. Aucune autre monnaie africaine n’a ce privilège, qui témoigne de la confiance que suscite le CFA sur le plan international.

Si le CFA n’est pas une « bonne monnaie », alors qu’on nous explique pourquoi la Guinée Equatoriale, et la Guinée Bissau, deux pays non colonisés par la France, ont abandonné leur monnaie respective pour utiliser le CFA.

Si le CFA n’est pas une « bonne monnaie », qu’on nous explique pourquoi plusieurs banques centrales africaines dont la Réserve Fédérale du Nigéria, stockent en catimini le CFA dans leurs paniers de réserves de change.

Si le CFA n’est pas une « bonne monnaie », alors qu’on nous explique pourquoi les pays francophones cartonnent en ce moment sur le plan de la croissance et sont devenus les « chouchou » des marchés (Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin, Gabon etc……). Pourquoi ces pays qui utilisent une monnaie qui « n’est pas bonne » ne sont pas tout simplement les derniers de la classe en Afrique. 

Si le CFA n’est pas n’est pas « bonne monnaie », qu’on nous explique pourquoi la Côte d’Ivoire reste le premier pôle d’immigration en Afrique, devant l’Afrique du Sud selon les Nations Unies, pourquoi la CI  en termes de PIB est passée de la 15^è économie en 2011 à la 10^è en 2024.

Si le CFA n’est pas « une bonne monnaie », alors qu’on nous explique pourquoi le Mali qui durant 16 ans (1968-1984) avait sa propre monnaie, le franc malien, est revenu vers le CFA, en faisant la cour aux autres pays pour sa réintégration. Certains pays, notamment le Burkina avait refusé de le voir de nouveau dans la zone, il a fallu le leadership du président Houphouët pour rendre cette réintégration possible.

Ce n’est pas une nouvelle monnaie qui va rendre les pays du sahel plus riches et plus performants. Bien au contraire ce sera source de désordre, parce qu’elle va se mettre à fluctuer dès le lendemain de sa mise en circulation. Ils n’auront pas les reins suffisamment solides pour maintenir sa valeur. Ils vont souffrir des prix qui fluctuent.

Les pays de la zone CFA disposent aujourd’hui en plus de leur marché local et du marché international, du marché sous régional où des centaines de milliards sont levés chaque année par les différents pays, y compris ceux du sahel qui prétendent aujourd’hui  » se préparer à quitter la zone « . Ce marché sous régional est possible grâce au CFA.

Les 40 autres pays africains hors de la zone CFA, n’ont pas de marché sous-région al où ils peuvent mobiliser des capitaux. Assim Goita est en place depuis bientôt quatre années, un temps largement suffisant pour faire circuler sa propre monnaie. Le fait de déclarer à tout bout moment leur intention de quitter la zone, crée l’incertitude, donc plombe l’investissement dans ces pays. Les investisseurs ont toujours besoin de visibilité.

Ce sont des questions que les « panafricanistes » évitent dans les débats. Lorsqu’ils sont sur des plateaux de certaines chaînes, le débat est à sens unique, personne ne leur apporte de contradiction. Nous demandons à notre cher leader politique d’étayer ses propos afin d’éclairer l’opinion, car on veut savoir comme il le clame. Affirmer que le CFA  » n’est pas une bonne monnaie » et ne pas rien dire d’autre, cela s’appelle une incantation.

La stabilité des prix est une caractéristique fondamentale du CFA du fait de son arrimage à l’euro. Le jour où nous aurons une monnaie propre aux pays de la CEDEAO (Dieu nous en garde), les Ivoiriens et les pays francophones vont expérimenter le goût amer des prix qui fluctuent sans cesse. Le CFA est une monnaie fiable et stable enviée dans tous les pays anglophones, et servant actuellement de monnaie de refuge dans ces pays. Tant qu’on ne nous expliquera pas comment ne plus utiliser le CFA va nous amener vers plus de prospérité, nous disons : non à l’aventure avec une hypothétique  »monnaie ouest africaine’’, Oui au CFA.

Douglas Mountain-Le cercle Libérale

Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de www.ledebativoirien.net, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.