Le collectif des avocats de la communauté villageoise d’Abatta, représenté par Maitre LATTE, était face à la presse nationale et internationale, le jeudi 28 mars 2024, à la place publique du village pour entretenir les journalistes sur la crise de chefferie qui a cours en ce moment dans le village. Selon lui, c’est une crise artificielle créée, de toute pièce, par Abito Gaoua Abra Joseph et le Sous-préfet de Bingerville.
Avant d’en donner les raisons, l’homme de loi a fait un rappel historique sur le processus de désignation des chefs de villages en Côte d’Ivoire, depuis la période coloniale jusqu’à nos jours afin de permettre « aux uns et autres d’apprécier la situation qui prévaut aujourd’hui à Abatta ».
Selon l’avocat, ce qui se passe aujourd’hui dans le village d’Abatta est anormal pour la simple raison que cela prend à contre-pied la loi coutumière et la loi constitutionnelle. A ce propos, il rappellera que les villages existaient avant l’arrivée des colons.
Et c’est justement parce que ces villages existaient que la colonisation a été possible. Il va plus loin pour dire que si les villages existaient, ce n’était pas le cas pour l’Etat de Côte d’Ivoire qui n’existait pas en ce moment-là.
« Si les villages existaient avant les colons, ça veut dire que les villages existaient avant l’Etat de Côte d’Ivoire », a-t-il fait remarquer, avant d’ajouter que durant la colonisation, ce sont les villageois eux-mêmes qui désignaient leur chef et non le colon. Les choses, montrera-t-il, n’ont pas changé à la création de l’Etat de Côte d’Ivoire.
« La loi du 14 juillet 2014, portant statuts des Rois et Chefs traditionnels, en son article 3 alinéa 1, reprend un peu ce qui se passait à l’époque coloniale.
Elle stipule très clairement que les Chefs de villages sont désignés selon les Us et Coutumes dont ils relèvent. C’est dire que ce sont les communautés villageoises qui choisissent leurs chefs. Et pour cause, le village n’est pas une circonscription administrative autrement dit, le village n’est pas une création de l’Etat.
Ce n’est pas comme une sous-préfecture, une préfecture ou un district. Le chef du village n’est pas un fonctionnaire qu’on peut affecter ici et là. Il ne passe pas un concours pour aller faire une formation pour devenir chef de village. C’est donc la communauté qui désigne son Chef selon les Us et Coutumes en vigueur », indique Maitre LATTE.
L’affirmant, le juriste ne passe pas par deux chemins pour dire qu’Abito Gaoua Abra Joseph a été désigné chef du village d’Abatta, par le sous-préfet, foulant aux pieds, la constitution et la loi coutumière.
Selon lui, le chef du Village d’Abatta est bel et bien Djomo Cristal Hyacinthe qui a été désigné par la population conformément à la loi coutumière et au processus de désignation en vigueur. Il a rappelé les différentes étapes de cette désignation notamment le choix porté sur lui par sa catégorie, ensuite la validation de ce choix par la Génération Dougbô, la présentation du nouveau chef à la communauté villageoise à la place publique, la cérémonie de bénédiction du nouveau chef par le Nanan.
L’homme de droit s’est insurgé contre l’attitude du Sous-préfet de Bingerville lors de la consultation populaire.
A ses dires, « lorsque l’administrateur est arrivé au village pour faire le constat, il a fait fi de l’opinion des populations qu’il était censé interroger pour délivrer un arrêté abusivement, alors que Djomo Cristal Hyacinthe et ses partisans avaient quatre bâches débordants de monde, pendant que ceux d’ Abito Gaoua Abra Joseph était une vingtaine sous une seule bâche. Ce qui a soulevé la colère des populations ».
Interpellant alors les pouvoirs publics, et prenant à témoin, l’opinion nationale et internationale sur la crise, l’homme de droit affirme fort que c’est une crise artificielle créée par le Sous-préfet de Bingerville et certains parrains tapis dans l’ombre. L’avocat a indiqué pour terminer que « Djomo est le chef du village d’Adjamé-Bingerville. Le droit finira par triompher ». Il a donc invité le Conseil d’Etat à simplement faire des investigations sur le terrain et interroger certains acteurs encore en vie pour annuler pur et simplement cet arrêté qui a créé les troubles dans le village.
Ledebativoirien.net
LEON SAKI