Ah, Gbagbo, toujours prêt à piquer les zygomatiques de son auditoire ! Tel un prestidigitateur de la parole, il dégaine ses boutades avec la précision d’un horloger suisse. Laurent Gbagbo, l’homme du jour, s’est réinventé en conteur espiègle.
Oubliées les anecdotes domestiques sur Nady Bamba et les effluves de sa cuisine. Terminées les louanges à l’endurance de sa compagne, bravant les autoroutes européennes pour apporter le réconfort d’un plat mijoté.
Désormais, il nous régale d’une épopée musicale, celle de Yodé et Siro, ces chanteurs qui, dans leurs vers, n’hésitèrent pas à lui rappeler que si on nomme un chat un chat, on ne peut masquer un voleur derrière un voile de mots.
Devant une foule hilare, Gbagbo a joué sa partition avec brio, éclipsant presque l’annonce de sa candidature à l’élection présidentielle de 2025. Virtuose de l’humour et de la diversion, il captive ses fidèles avec des récits qui semblent dénués de logique mais regorgent de charme. Ses partisans, en extase, boivent ses paroles, oubliant presque que ce maestro de la dérision est, pour l’heure, hors-jeu électoralement.
Criblé par une sentence de 20 ans, Gbagbo se meut avec la grâce d’un danseur enchaîné. Mais, oh, quelle pirouette ! Il feint l’insouciance… Sur sa scène imaginaire, il vit dans un monde à part, où ses soliloques poétiques lui permettent de lancer des quolibets à l’encontre d’un Tidjane Thiam, égaré dans un labyrinthe de chimères.
Gbagbo, fin observateur, a peut-être perçu que l’aura du banquier s’est ternie, ses contes de fées ne suscitant plus l’émerveillement d’antan. Thiam, lui, doit sans doute regretter son escapade éphémère à Mama, après avoir tapé un poteau monumental à Yamoussoukro.
Mais, hélas, à rusé, rusé et demi. Il apprendra à ses dépens qu’on ne conclut pas d’alliance avec un boulanger dont le second métier, après la comédie, est d’enfariner amis comme ennemis. Sacré Gbagbo, un maître de l’illusion qui sait toujours tenir son public en haleine !
Yacouba DOUMBIA -Journaliste / Observateur averti
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