Le Président Houphouët-Boigny a fondé le PDCI-RDA en s’entourant de cadres issus de toutes les communautés. C’est ce qui a fait la force et la vitalité de ce parti, jusqu’au décès du sage de Yamoussoukro. Que constate-t-on aujourd’hui ?
Le parti est réduit à une affaire de Baoulé. Et c’est Cowppli-Boni qui nous l’apprend, lors d’une rencontre avec les chefs traditionnels Baoulé, mercredi 24 juin 2024 à la Fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro. Voilà ce qu’il dit :
«Aujourd’hui il, (Félix Houphouët-Boigny) n’est plus là, et Henri Konan Bédié& son successeur, vient de nous quitte. Et que nous dit-on ?
Ceux qui veulent enterrer le PDCI-RDA nous disent : le Président Henri Konan Bédié est décédé, nous allons enterrer le Président Bédié et le PDCI-RDA avec lui. Vous savez bien que c’est impossible. La communauté baoulé est une force majeure en Côte d’Ivoire. Alors pour tuer le PDCI-RDA, il faut diviser les Baoulé, les monter les uns contre les autres. Voilà la véritable raisons ».
Un discours choquant
Ce qui est à la fois incompréhensible et choquant ici, c’est l’amalgame dangereux entre le PDCI et les Baoulé. Cowppli-Boni aurait pu difficilement réduire davantage le PDCI-RDA au royaume. Pour lui, « ceux qui veulent diviser la royaume veulent diviser le PDCI. »
Ce raccourci est révoltant. Un enseignant de son âge (plus de 90 ans) aurait pu faire preuve de sagesse en évitant de mêler politique et ethnie. Imaginez un peu l’ancien président Laurent Gbagbo ou le président Alassane Ouattara réunissant les Béthé ou les Malinké pour leur tenir ce genre de discours ! Le ciel leur tomberait sur la tête, sans aucun doute.
Depuis l’entrée de Tidjane Thiam en politique, le débat au PDCI-RDA s’est encore plus ethnicisé. Souvenons-nous de son élection : ceux dont la « Baouléité » n’était pas suffisamment prononcée ont été contraints à la démission au profit d’un arrière-petit-fils de Baoulé.
En établissant un lien direct entre les Baoulé et le PDCI, Cowppli-Boni emprunte un chemin dangereux. Il cherche manifestement à opposer les Baoulé aux autres communautés et partis politiques. Quelle communauté aujourd’hui n’a pas ses propres problèmes ? Quelle chefferie n’a pas ses propres difficultés ?
Un message fort aux autres communauté au PDCI-RDA
Cowppli-Boni adresse un message fort aux cadres issus d’autres communautés au sein du PDCI : « Ne vous fatiguez pas ! Ce parti est notre chasse gardée », semble-t-il leur dire. C’est désormais clair : le PDCI-RDA est et restera Baoulé. Tidjane Thiam, arrière-petit-fils de Félix Houphouët-Boigny, a été « nommé » président parce qu’il a du sang Baoulé. Dont acte.
On comprend aisément pourquoi ce parti recule en termes de représentativité à l’échelle nationale. Sa vision réductrice l’a finalement confiné au centre du pays.
Les Baoulé dans d’autres partis sont fiers d’être membres et ont embrassé une idéologie, pas un tribalisme rampant. Ils ont choisi d’appartenir à des organisations politiques qui veulent faire avancer leur pays. Et les autres communautés au PDCI ont fait le même choix.
Le nécessaire rappel à l’ordre
Pour préserver la cohésion et le climat social, il est crucial d’interpeller tous les acteurs politiques sur la nécessité de tenir l’ethnie à l’écart des partis politiques. Cowppli-Boni devrait être rappelé à l’ordre pour la nocivité et le caractère tribaliste de son discours.
Par Yacouba DOUMBIA -Journaliste / Observateur averti
Ledebativvoirien.net
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