Site icon LE DEBAT IVOIRIEN

Historique et exclusif – Clémentine Tikida à jamais  RTI :  « Je suis bété d’Issia et ma mère de Tiassalé…Mais… »

HOMMAGE A CLEMENTINE TIKIDA ANIMATRICE REALISATRICE RTI LEDEBATIVOIRIEN.NET

Un jour de février 2022, et voici qu’embarque l’équipe de ‘‘LE DEBAT IVOIRIEN’’ avec à son bord Hervé Makré (le journaliste reporter) et la Victorine Soko (photographe. Elle est  la Présidente de l’Organisation des femmes reporter-photographe de Côte d’Ivoire). Il est question de réaliser un document  historique, portant sur  les pionnières des médias et dans  les médias. Une rencontre avec une icône de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne-RTI, Clémentine Tikida Anfriani.

Elle nous confia avoir été dubitative relativement  à notre visite. Heureuse de la rencontre et de nous recevoir, elle émet quelques petits regrets. N’être pas, ou n’avoir pas assez  été honorée par la RTI. « Pourquoi ce petit regret madame? »  Demandons-nous hors  micro.

 « Je ne vois aucune trace de moi visible, pas même  mon nom ne figure à l’entrée d’un studio ou d’un bureau. Du moins  à  ma connaissance, si je n’en suis pas informée.

Alors que j’ai été la première femme de cette institution, la Radio, comme la Télévision. On m’a oubliée. On ne se souvient  plus de moi là-bas. C’est normal ! ».

Et elle ajoute avec sourire : « Mais, vous, vous ne m’avez pas oubliée. Vous savez, j’ai pris de l’âge maintenant, hein…Ce n’est bien qu’on voit mon visage maintenant, j’ai pris de l’âge. Mais je suis contente que vous vous souveniez de moi. Je suis contente…».

Puis, elle fait quelques compliments  à  la présidente de l’OFREP-CI, Victorine SOKO : « Vous êtes belle et battante. C’est très bien. Je me vois encore  à votre âge. Aujourd’hui j’en aurai bientôt 83. J’encourage toutes filles à se battre comme vous. Il faut se battre pour prendre sa place et s’imposer...», lâche-elle souriante,  riant même.

«  Mon père s’appelait MIMI PROSPER. Il était cuisinier chez le président Félix Houphouet-Boigny. Il serait d’un village d’Issia. Je suis bété d’Issia et ma mère est de Tiassalé. TIKIDA est un prénom guinéen qui est intervenu à la maternité. Un homme prononçait ce prénom. Et quand on a demandé à mon père mon prénom il a dit CLEMENTINE.

Alors on lui a demandé et l’autre nom? Il a dit TIKIDA! Plutôt que de dire MIMI. J’ai de l’amertume parce que, il est décédé très tôt et du coup on a plus eu de contacts avec mon côté Issia qui me manque énormément ».

Le sourire, c’est ce que cette octogénaire imprime en nous et laisse en cette  mémorable journée d’une plongée dans sa vie, mais dont-elle nous prie instamment et avec insistance de n’en retenir que le côté professionnel. Nous priant même d’ignorer, les nombreuses anecdotes qu’elle raconta ce jour-là.

Dans sa résidence à Marcory, chaque minute passée avec elle, lors de l’entretien a été bien séquencée et éclairée à merveille d’un sourire ou même de rires aux éclats, qu’elle communique pour nous baigner dans ses beaux souvenirs.

Hommage à cette grande pionnière des médias en Côte d’Ivoire. Voici ce qu’elle confia au micro de ‘‘Le Debat Ivoirien’’  à l’occasion de la célébration de la Première édition de la Journée des Femmes de  Médias et dans les Médias en Côte d’Ivoire en 2022 (Belle 1ère édition de la JNFM qui n’eut pas la force, depuis, de franchir le 2ème pas).

 ‘‘La naissance de  la Radio et de  la Télévision  ivoirienne’’. Suivez.

Entretien Exclusif

LDI : Madame Tikida parlez-nous de la Radio en Côte d’Ivoire….

C.T.A. ‘‘La Radio Côte d’Ivoire’’ est née après la proclamation de l’indépendance. Je crois qu’elle existait déjà depuis 1951 par les blancs qui étaient là, qui ont créé la radio.  Et  moi j’étais  là au moment  des blancs jusqu’en 1960. Après la proclamation de l’indépendance,  la radio est devenue  ‘‘Radio Côte d’Ivoire’’. Sinon la radio s’appelait ‘‘Radio Abidjan’’.

Et  moi j’ai travaillé  à  ‘‘Radio  Abidjan’’. Et  il y a avait avec  moi  à  l’époque, Zogbo Sylvain dit Kakedim, le père de l’actuel Yves  Zogbo Junior. C’était un grand animateur.

Il y avait aussi Edo Kouamé alias Paul Améwé, pour les émissions radiophoniques, c’était joli. C’était un très grand animateur, Paul Améwé. C’était une extraordinaire expérience.

Vous souvenez les animatrices de l’époque ?

Les animatrices et réalisatrices que  je connaissais à  l’époque ; il y avait Justine Apéah, qui était formidable, elle est décédée très jeune. Cela nous a fait très mal. Il y a Valery Ekoué, Brigitte Obrou…A la télé, il y avait comme speakerine : Annick Amon, Amy Diarra et comme  journaliste, il y avait Danielle Bony…

J’oublie les noms maintenant. Je suis partie il y a 25 ans maintenant, donc toutes celles qui sont venues après, je ne les connais plus. Mais je les vois à  la télévision. Je sais qu’elles sont talentueuses. Elles travaillent très bien. Elles sont jolies ; alors que  nous  à  l’époque, on n’était pas très jolie du  tout, mais  on travaillait et ça plaisait aux gens. Ils étaient contents. Ils découvraient la télévision à l’époque. Et le Président Houphouët était content parce que c’est  lui qui voulait la télévision. Il l’a eue et il était content.

LDI : parlez-nous brièvement de votre parcours

Je suis  partie d’abord  à  la radio en 1960. Toute l’année j’étais à  la radio et avant. J’étais là quand Houphouët a fait la déclaration de l’indépendance de la république de Côte d’Ivoire. Ils célèbrent les 61 ans de la Radio, aujourd’hui (2022) mais moi j’étais là avant, à l’époque coloniale J’étais, reporter de la Radio. Nous étions quatre  reporters. Nous avons été  à  la soirée qui s’est passée  à  la place de  la République. Ça remonte à très longtemps, vous savez, en 1960.

En 1961, à la radio, le Président Houphouët a dit : ‘‘Je veux  la télévision chez moi’’. Et on nous a  choisis  à  la radio. Nous étions huit (8). On a dit : ‘‘Vous allez en France  apprendre le métier de la télévision’’.

C’est là que  nous sommes  partis, le 11 janvier 1961 en France pour apprendre  le métier de télévision. Et moi je suis Reporter, Animatrice, Réalisatrice, parce que j’étais la seule femme. Je suis réalisatrice de télévision. J’ai réalisé, pendant 35 ans  à  la télévision.

LDI : Comment vous  présentez-vous à  tous ceux qui nous suivent

Je suis grand-mère, arrière-grand-mère et arrière arrière-grand-mère. Sur ma carte ici, c’est marqué : Doyenne de la RTI. Ingénieur des techniques des médias. Première réalisatrice, rédactrice, animatrice RTI. Première parachutiste  ivoirienne en 1964. 2ème pilote rallye auto Bandama en 1968, 1969 ; puis en 1974 j’ai fait le ‘‘Rallye Tours de Corse’’. J’étais mariée  à  un Corse. Je l’ai fait une seule fois parce que  mon mari ne le voulait plus, il dit qu’il y a trop d’accidents.

Et  puis  le  gouvernement  m’a décoré. Je suis Chevalier dans l’Ordre du Mérite Sportif, parce que j’ai fait beaucoup de sports à l’époque. Je suis Chevalier dans  l’Ordre du Mérite  National; parce que j’ai  beaucoup travaillé. Je suis Officier de  l’Ordre du Mérite Ivoirien. Je suis Officier de l’Ordre du mérite de la Communication et c’est fini ! (rires).

Et vous êtes Madame…

TIKIDA Clémentine Anfriani (rires).

LDI : Merci à  la première réalisatrice et la première parachutiste femme de Côte d’Ivoire

C’est moi qui vous remercie (rires).

Clémentine Tikida aura marqué la radio et la télévision ivoirienne par son charisme et son talent. Selon plusieurs témoignages, sa voix entraînante et son visage radieux ont fait de ses productions, de grands moments de radio et de télé avec des moments cultes comme:

‘‘Calebasse’’, la première émission destinée aux enfants et son émission spéciale de lancement de l’Association des femmes ivoiriennes (Afi) en 1975, avec à la clé une interview avec mesdames Marie-Thérèse Houphouët-Boigny et Philippe Yacé.

Réalisé par HERVE MAKRE

Quitter la version mobile