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Cas de Suicides en Afrique : «Pourquoi la Côte d’Ivoire enregistre le 3ème  taux le plus élevé » Dr. Konaté Souleymane, Socio-criminologue 

suicide

Des officiers des forces de défense et de sécurité, des étudiants, des femmes ont eu recours au suicide pour résorber une situation de mal être qu’ils ont vécu en Côte d’Ivoire. Ces cas récurrents d’autolyse amènent les populations ivoiriennes à connaître exactement les facteurs explicatifs de ces suicides. Le Socio-criminologue, Konaté Souleymane nous éclaire sur des déterminants qui pourraient l’expliquer.

La Côte d’Ivoire enregistre le 3ème taux le plus élevé de suicide en Afrique avec 23 cas par an, selon une étude menée sur une période de huit ans (1er janvier 2013 au 31 décembre 2020) par l’Unité de Médecine Légale du service d’Anatomopathologie du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Treichville (Abidjan), derrière le Lesotho (28 cas) et la Guinée Equatoriale (25 cas).

Près de 4 ans après cette étude, les vagues de suicides n’ont pas disparu du corps social ivoirien. Ce mois de juillet aurait déjà enregistré 4 cas de suicides médiatisés. Un par pendaison (le mode le plus fréquent), un autre qui s’est jeté du 3ème étage d’un bâtiment en cité universitaire et les deux autres cas par noyade. Les cas de suicides en Côte d’Ivoire sont issus de presque toutes les catégories sociales.

On remarque quand il y a un suicide médiatisé, quelques jours après, il y a d’autres cas qui sont déclarés avec le même mode opératoire généralement ; cela pose un problème d’effet de contagion. C’est comme si on donnait inconsciemment une solution à des individus désespérés d’écourter leurs « souffrances » en imitant celui dont le suicide a été médiatisé.

Ces états de fait posent une fois de plus la question des facteurs qui expliqueraient cette résurgence et recrudescence de suicides dans le pays et les solutions opérationnelles pour en réduire l’ampleur une bonne fois pour toute.

Les conditions socioéconomiques à elle seule ne pourraient donc pas expliquer ce phénomène à travers le groupe nominal « la cherté de la vie ».

Il faut donc une approche multifactorielle pour en appréhender tous les contours pour un bon diagnostic, un bon pronostic afin de proposer un bon traitement.

Après analyse, les premiers facteurs qui pourraient expliquer ce phénomène sont les nouvelles conditions socioéconomiques ivoiriennes et par extrapolation, mondiales. La vie est devenue chère bien évidemment, la pesanteur sociale n’est pas proportionnelle au gain des travailleurs.

Et pour les diplômés et autres en quête d’emploi, décrocher un premier emploi est devenu une hantise qui conduit après moult tentatives infructueuses, à la perte du goût de la vie et au désespoir. Ensuite, il y a les facteurs d’ordre psychologique. Dans une même société, nous n’avons pas la même manière de réagir face aux mêmes difficultés. Certains face aux difficultés sont psychorigides tandis que d’autres sont psychoflexibles et donc sont très suggestibles.

Les dernières cités ont une prédisposition au suicide car à la moindre difficulté, ils peuvent remettre toute leur existence en cause et facilement se donner la mort à la stupéfaction de leurs proches. Enfin, Le dernier facteur qui expliquerait ce phénomène serait d’ordre mystico-spirituel.

En effet, selon les informations recueillies auprès de certains mystiques (Féticheurs, charlatans…) dans le cadre d’une étude que nous avons réalisée sur l’impact des pouvoirs occultes dans le passage à l’acte (2017), il en ressort que par des procédés géomantiques et autres (…), comme le ferait un spécialiste de l’hypnose, il serait possible d’amener quelqu’un à se donner la mort tout en prenant possession de son esprit pour conduire son corps à l’action.

Eu égard des facteurs précités, il est impératif d’agir positivement sur les conditions socioéconomiques des Ivoiriens, à travers le panier de la ménagère, la politique de l’emploi, les offres de santé…

En outre, sur le plan psychologique, l’Etat doit créer des cellules d’écoute et d’assistance psychosociale dans nos établissements scolaires et universitaires, également dans les services où les travailleurs sont enclins à la pression et à la dépression. Dès l’apparition des premiers signes suicidaires, ces cellules pourront prendre en charge le sujet. Si rien n’es fait, nous risquons de ravir la première place d’ici fin 2025 au Lesotho ». explique le Socio-criminologue.

Ledebat ivoirien.net

H.KARA

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