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Le « petit père des peuples » de retour en Russie ?

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Vladimir Poutine : le nouveau Staline

La vie de Staline est enseignée en cours d’histoire dans les lycées. Maître absolu de la Russie, ou plutôt de l’union soviétique de la fin des années 20 à 1953, l’homme a laissé une profonde empreinte dans la mémoire collective, pas seulement de son pays, mais du monde.

La Russie était une immense prison où les citoyens étaient surveillés par une police politique implacable. La délation était encouragée par les autorités, pour identifier ceux qui osaient émettre des critiques contre le régime. Le citoyen devait montrer du zèle, sous peine de se faire étiqueter comme ennemi du communisme, et finir dans un goulag (camp de travail), parfois avec toute sa famille.

Les goulags sont une invention de Staline, plus tard reprise par d’autres régimes répressifs. Sur le plan économique, la collectivisation de l’économie, notamment de l’agriculture avait engendré des pénuries en tout genre, et la famine dans les années 30. « Les magasins étaient vides, et les prisons pleines », pour reprendre une expression de la presse de l’époque. Malgré cela il fallait se montrer « heureux », toute plainte était interdite.

« Le petit père des peuples »

Staline tenait la Russie d’une main de fer, déportant des populations entières selon son bon vouloir. Il fut surnommé « l’homme d’acier » par la presse. Lui-même aimait qu’on l’appelle « le petit père des peuples ». On peut aussi parler des fameux procès de Moscou dans les années 30, où tous ceux qui lui faisaient un tant soit peu ombrage, tous ceux qui pouvaient incarner une alternative à sa dictature, qui jouissaient d’une popularité dans la population ou dans l’armée, étaient arrêtés pour des complots imaginaires, jugés sans avocats, condamnés à mort et exécutés. Ces procès ont révélé la brutalité du personnage.

Staline avait agrandi l’Union soviétique par la force en annexant entre autres les pays baltes du Nord de l’Europe, la Géorgie, l’Azerbaïdjan, etc… En Novembre 1939, il envahit la Finlande dans le but de l’annexer. Mais à la stupéfaction générale, la Russie ne parvenait pas à vaincre ce petit pays rural, peu industrialisé, qui ne pouvait compter sur personne vu sa position à l’extrême Nord.

Les divisions russes se faisaient « tailler en pièce » par une armée finlandaise efficace et motivée. Le monde a commencé alors à s’interroger sur les capacités de l’armée russe, certes nombreuse mais qui ne parvenait pas à s’adapter aux techniques modernes de combat.

Après quatre mois de combats, la Finlande a fini par négocier et céder les territoires demandés, mais il n’échappa pas aux Allemands que la Russie était « un géant aux pieds d’argile ». Les historiens avancent que cela incita l’Allemagne a déclenché plus tôt que prévu la guerre contre l’URSS durant la seconde guerre mondiale. Avec des armes qui accusaient un retard considérable sur le matériel allemand, la Russie a failli être rapidement balayée.

Des erreurs stratégiques du haut commandement allemand (la poussée de l’armée allemande d’abord dirigée sur Moscou, s’est ensuite détournée vers le sud du pays), et un hiver rigoureux qui a ralenti l’avancée des chars, l’ont sauvée en décembre 1941. Il faut rappeler qu’un pacte de non-agression, véritable marché de dupes, avait été signé entre les deux pays en 1939.

Aujourd’hui la Russie a changé

Le communisme a été abandonné, les goulags ont disparu, et sur le plan politique ce n’est plus le parti unique (du moins sur le papier).  Sur le plan économique, le secteur privé existe, et l’écart avec l’Europe occidentale s’est réduit. Il y a aujourd’hui une société de consommation dans le pays, et Moscou a fière allure avec ses grattes ciels. Pourtant l’atmosphère de l’ère soviétique n’a pas vraiment disparu, surtout depuis 1999, année où Vladimir Poutine est parvenu à la tête du pays, après neuf ans de présidence de Boris Eltsine, au cours desquelles le pays s’était relativement libéralisé.   

En 1990 l’Union Soviétique s’est désintégrée du fait surtout des difficultés économiques. Les 15 républiques qui faisaient partie de cette fédération ont pris leur indépendance. Staline avait forcé des peuples qui ne s’aimaient guère depuis des siècles, à vivre ensemble. Résultat, des conflits territoriaux ont éclaté de toutes parts à partir de 1990. Et à ce jour, tous ne sont pas totalement réglés.  La dislocation de l’Union Soviétique a été suivie de la dislocation du Pacte de Varsovie, l’alliance militaire qui unissait l’Union Soviétique et six pays de l’Est européen, ainsi que du COMECON, le marché commun qui unissait ces pays. Ainsi à la fin 1990, la Russie a perdu son statut de « superpuissance ».

Pour Poutine, la disparition de l’Union Soviétique fut « l’une des plus grandes tragédies du XX siècle »

Il veut et il ne s’en est jamais caché, recréer l’Union Soviétique par la force. Staline reste son modèle même s’il ne le dit pas ouvertement. Il semble reprendre le flambeau de son devancier.

L’invasion de l’Ukraine ressemble en tout point à celle de la Finlande en 1939. Sur le papier, l’Ukraine, comme la Finlande hier, n’est pas de taille à tenir face à la Russie. Et pourtant celle-ci est incapable de vaincre. Si l’Ukraine a ses alliés, la Russie en a aussi les siens, la Chine, la Corée du Nord, l’Inde, l’Iran, les Brics, le Venezuela, le Viêt Nam, etc. lui fournissent une aide plus ou moins directe.

La Russie pèche par le retard de ses équipements, mais aussi par le fait que depuis la seconde guerre mondiale, elle n’a pas été engagée dans un conflit d’ampleur, hormis en Afghanistan. Avec le conflit ukrainien, l’armée russe « redécouvre » la guerre moderne. Elle n’a pas suffisamment de recul. Les exercices militaires auxquelles elle s’adonne régulièrement ne peuvent pas remplacer un conflit réel. Par contre les américains après la seconde guerre mondiale, ont fait la guerre de Corée, du Viêt Nam, la première guerre du golfe,  la seconde guerre du golfe, et la guerre d’Afghanistan. Ils ont ainsi acquis plus d’expérience.

A l’image de Staline, Vladimir Poutine dirige la guerre, quoi qu’il n’en donne pas l’impression. Il est informé de la stratégie, des objectifs, il préside aux choix des officiers, supervise la production des équipements etc. comme tout dictateur, il veut tout contrôler. Staline s’était fait couronné maréchal, alors qu’il n’avait aucune formation militaire (il était séminariste, et devait devenir prêtre !).

Poutine est lui, espion de formation. En poste en Allemagne de l’Est, la chute du mur de Berlin fut un choc pour lui dit-on. Son esprit n’a pas intégré les changements intervenus depuis 1990 dans la marche du monde. Il vit toujours dans la guerre froide. Il l’a dit, « la Russie n’a pas besoin de la démocratie » !

Staline, Poutine et même Mao Zedong,

fondateur de la Chine communiste, ont toujours détesté se retrouver face à des experts (quel que soit le domaine de l’expertise). Les psychologues diront que ces derniers leur renvoient l’image de leur ignorance. Lorsque Staline visitait une usine, il était demandé aux ingénieurs de ne pas se montrer trop techniques dans leurs explications.

Mao avait initié une « révolution culturelle » dirigée contre les universitaires pour leur enlever selon lui « l’orgueil du bachelier ». Poutine se veut « expert » en stratégies et technologies militaires. Ses avis ne peuvent en aucun cas être remis en cause selon la presse.

Soulignons enfin le rapport de ces dictateurs avec les femmes. Ils se sont unis à des femmes de très loin leur cadette. Staline avait 41 ans lorsqu’il se mit en couple avec une femme de 25 ans sa cadette. Celle de Mao, la dernière, une ancienne actrice de cinéma, fut de 21 ans sa cadette. Celle de Poutine, la seconde, une ancienne championne de gymnastique, est de 30 ans sa cadette. Perversité ? Le débat est ouvert.

Staline est mort en 1953, mais c’est en 1956 que ces crimes ont commencé à être dévoilés. Nul ne doute que lorsque le maître actuel du Kremlin ne sera plus au pouvoir, l’étendue de ses crimes sera portée au-devant de la scène. Bien entendu, l’époque n’étant pas la même, il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils soient de l’ampleur de ceux de son idole. Mais tout de même, à la tête du pays depuis 1999 (vingt-cinq ans de pouvoir aujourd’hui), Vladimir Poutine aura beaucoup de comptes à rendre au peuple russe, que ce soit de son vivant ou à titre posthume comme son maître Joseph Staline.

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Image forte-ZUMA

Mao Zedong, fondateur de la chine communiste, sur la photo en 1945. Lui aussi avait pour modèle Staline. La révolution culturelle qu’il a engagée a profondément traumatisé le pays. A sa mort, son épouse et ses principaux collaborateurs ont tout de suite été mis aux arrêts.

Le communisme fut dans les faits abandonné par la Chine. Toute référence à ses écrits, notamment le petit livre rouge, le concentré de sa pensée, n’était plus bien accueillie. La Russie est restée engluée dans le communisme plus de 37 ans après la mort de Staline, et la libéralisation intervenue en 1990 ne pouvait plus sauver l’économie.

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