mauvais présage pour la rentrée scolaire et académique 2024-2025 en Côte d’Ivoire
L’Union Nationale Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (UNESCI) et le Réseau des Estudiantins du Privé et de l’Enseignement Technique-Professionnel en abrégé RESPET ont annoncé un meeting conjoint devant se tenir à la Cité Administrative du Plateau.
L’information a été donnée, le mercredi 11 septembre 2024, à l’occasion d’une conférence de presse. Au centre des critiques, le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique professeur ADAMA DIAWARA.
Les premiers responsables de l’UNESCI et du RESPET répondant respectivement aux noms de Kouamé N’guessan Jean Vincent dit NL Pacifik et Seka Seka Gilles dit NL Sharon ont dévoilé la date du mercredi 18 septembre 2024 comme jour du meeting. Ils annoncent décréter leur plateforme commune de revendications. Ci-dessous, les temps forts de ce propos liminaire.
Des revendications qui s’articulent autour sept grands (7) points un tant soit peu détaillés dans le propos liminaire lu à cette occasion.
« Le 22 mars 2023, Monsieur le Ministre ADAMA DIAWARA annonçait la mise en place d’un Cadre de Dialogue Permanent (CDP) qui devrait pouvoir à travers le dialogue nous éviter les crises par l’anticipation. Un an après la mise en place de ce cadre, nous constatons que le MESRS à travers le CDP n’a pu apporter de solutions concrètes aux problèmes des étudiants ivoiriens.
Le CDP déplace les problèmes de fonds de notre système et/ou les esquivent. Aussi, l’annonce de l’élaboration d’une nouvelle loi sur l’Enseignement Supérieur par Monsieur le Ministre ADAMA DIAWARA, a suscité beaucoup d’espoir dans le monde des organisations estudiantines et scolaires. Nous avions espoir que bon nombre de nos revendications allaient trouver solutions.
Nous nous attendions à voir des reformes adaptées au système LMD en vigueur depuis 2012 et renforcer le dialogue social au sein de la communauté universitaire. Force a été de constater que, non seulement la démarche de son (la nouvelle loi) élaboration a été unilatérale, mais également la loi promulguée est en-déca de nos attentes, tant, elle suscite plus de polémiques que ne résout les problèmes sempiternels de notre système d’enseignement supérieur et de recherche scientifique.
Occasionnant ainsi un déséquilibre criard, engendrant également des inégalités et des injustices. Ajouter à cela, les problèmes de mauvaise gouvernance (non application des textes en vigueur), de mercantilisme et de détournement de deniers publics sur lesquels les yeux sont fermés. Face à ce que nous qualifions de cacophonie administrative au sein du MESRS, qui accentue les souffrances de nos camarades étudiants, nous organisations estudiantines et scolaires, avons décidé de prendre nos responsabilités devant l’histoire.
Ainsi, nous demandons à Monsieur ADAMA DIAWARA et à son équipe, de prendre toutes les dispositions nécessaires dans un délai de sept (07) jours à compter de la date de signature de ladite plateforme, pour :
- Intégrer tous les bacheliers 2021, 2022 et 2023 en exode des grandes écoles privées vers les universités publiques, fuyants ainsi l’abattoir que constitue l’enseignement supérieur privé ivoirien qui ne répond plus aux besoins du marché de l’emploi et est en déphasage avec les mutations effectuées au cours de la dernière décennie en matière de système d’enseignement.
La nouvelle loi de Monsieur ADAMA DIAWARA consacre, la non appartenance du BTS au système LMD. Ces bacheliers en exode veulent eux aussi intégrer le système LMD comme leurs camarades des universités publiques et conformément à la loi sur l’Enseignement Supérieur, en sa section II intitulé :
Organisation des études Supérieures, article 26: « Le déroulement des études supérieures est structuré selon le système Licence-Master Doctorat, en abrégé LMD, en trois cycles conférant des grades correspondant aux diplômes nationaux de Licence, en abrégé L, de Master, en abrégé M, et de Doctorat en abrégé D. » À en croire cette loi, le BTS ne fait pas parti des diplômes des études supérieures conformément aux dispositions du système LMD. Ce qui voudrait dire que plus de 60% des étudiants ivoiriens sont exclus du système LMD en vigueur en Côte d’Ivoire.
C’est une injustice que nous ne saurions tolérer davantage. Tous les étudiants ivoiriens ont le droit de faire le LMD étant donné que c’est le système choisi par l’Etat de Côte d’Ivoire. Pourquoi donc marginaliser cette grande majorité? Nous réclamons justice en nous appuyant sur cette même loi, en sa section I : Accès à l’enseignement supérieur, article 25:
2- « L’Etat garantit l’équité dans l’accès à l’Enseignement Supérieur à toute personne de nationalité ivoirienne ou étrangère remplissant les conditions requises définies par décret. A ce titre, les institutions d’enseignement supérieur doivent : Protéger tout postulant à l’enseignement supérieur contre toute forme de discrimination ; Prendre des dispositions ou des initiatives appropriées facilitant l’accès des personnes en situation de handicap à l’enseignement supérieur… »
Organisation d’un séminaire avant la rentrée universitaire 2024/2025 pour aboutir à la révision des curricula de formation dans l’enseignement supérieur privé pour l’adapter au système LMD et la mutation vers une licence professionnelle subventionnée par l’Etat en lieu et place du BTS.
3- Le retrait sans délai de ‘’l’arrêté n°240/MESRS/CAB du 28 Mars 2024 fixant la période transitoire de la délivrance des diplômes par les universités et grandes écoles d’enseignement supérieur avec l’entrée en vigueur du système Licence- Master- Doctorat (LMD)’’. Car pour nous, et ce, conformément aux directives du CAMES, il y a énormément d’insuffisances. Notamment :
– La professionnalisation des parcours qui consiste en la mise en place des licences et masters professionnels dans les universités publiques ; – La relation université/ entreprise : les stages en entreprise pour les étudiants ; – La mise en place des écoles doctorales ; – L’adaptation de l’enseignement supérieur privé aux normes LMD… Nous considérons que la phase transitoire à la mise en place effective du système LMD est toujours en cours, sans ces éléments qui pour nous sont essentiels et donnent un véritable sens audit système.
4- Revaloriser la bourse et le secours financiers des étudiants ivoiriens conformément à la feuille de route 2024 du MESRS. En effet, conformément à la feuille de route 2024 du MESRS, au titre de l’appui aux étudiants, le décret portant sur la bourse et les secours financiers devait être révisé au plus tard fin mars 2024 afin de définir de nouveaux taux, paiement par trimestre.
Il convient à ce titre de rappeler qu’avant l’instauration du système LMD 2012, les inscriptions dans les universités publiques étaient à 6200FCFA de la licence au master et à 9200fcfa pour le doctorat pendant que les montants perçus par les étudiants boursiers étaient : 240.000FCFA pour les licences 1 et 2 ; 480.000FCFA pour les licences 3 et master 1 ; 600.000FCFA pour les masters 2 et doctorat. En 2012, à la faveur du système LMD, les montants des inscriptions dans les universités publiques sont passés du simple au quintuple pour les licences (de 6200fcfa nous passons à 30.000fcfa), pour les masters du simple au décuple (6200fcfa nous passons à 60.000fcfa) ainsi que pour le doctorat (9200fcfa nous passons à 90.000fcfa) ; pendant que les montants des bourses restent inchangés. Parallélisme des formes oblige, nous revendiquons la hausse des montants de la bourse et des secours financiers à hauteur de 20%.
5- Réduire le montant des préinscriptions des bacheliers à 5000F CFA au lieu 10.000F CFA jugé trop excessif pour une préinscription post baccalauréat, encore moins lorsqu’on ne sait pas à quoi ces dizaines de centaines de millions servent exactement. Aussi mettre fin à la commercialisation des bacheliers dans les grandes écoles privées en retirant l’exclusivité de l’opération d’orientation dans l’enseignement supérieur privé au Directeur des Systèmes de l’Information (DSI) au profit d’une commission composée des représentants des acteurs clefs du MESRS.
6- Bilan de l’édition et la distribution des cartes d’étudiants multiservices des années académiques 2020-2021 ; 2021-2022 et 2022-2023. En effet, le jeudi 04 Mai 2023, de 11h à 15h, le MESRS a tenu une rencontre avec les syndicats d’Etudiants, à l’issue de laquelle est sorti un protocole d’accord portant sur neuf (09) points. Parmi ces 09 points, le point qui a cristallisé l’attention ou a fait couler beaucoup d’encre et de salives, est le point 8 qui a porté sur l’édition et la distribution des cartes d’étudiants multiservices (CEMS).
Il est bien de noter qu’avant cette rencontre du 04 Mai 2023, qui a été suscitée par une grève des étudiants que nous sommes, les étudiants ivoiriens ont été privés de carte d’étudiant depuis 2017. Nous avons pu lire dans le protocole d’accord issu de cette rencontre, ce qui suit : – Le MESRS vérifiera que 40.000 cartes d’étudiants multiservices ont été effectivement déjà distribuées aux étudiants au cours de l’année académique 2022/2023 ; – Chaque semaine, 10.000 nouvelles cartes devraient être remises aux universités et grandes écoles, publiques et privées ;
– Le Comité de Dialogue Permanent (CDP) devrait assurer le suivi de la distribution des cartes … Toutes ces résolutions susmentionnées n’ont pas été respectées par le MESRS. Nous sommes donc en droit de réclamer que lumière soit faite sur cette affaire de détournement de l’argent destiné à la confection des cartes multi-services ces trois dernières années.
7- La prolongation sans délai des inscriptions 2023-2024 dans les Universités Publiques et Grandes écoles jusqu’au paiement intégral des bourses et secours financiers de 2022-2023. Pour nous organisations membres de la Ligue, la plupart des étudiants ivoiriens sont livrés à eux-mêmes, c’est-à-dire, qu’ils ne sont plus à la charge des parents.
Ils doivent recourir pour financer leurs études à des jobs extra-académiques pour avoir des ressources financières. Pour certains, la bourse d’études est leur principal source de financement. Jusqu’à ce jour, l’Etat ne s’est pas encore acquitté de son devoir de payer la bourse et le secours financiers des étudiants pour le compte de l’année 2022-2023.
Si l’Etat qui détient toute la manne financière du Pays éprouve des difficultés à payer la bourse des étudiants dans le délai, comment ce même Etat veut que les étudiants s’arrangent pour s’acquitter des frais d’inscriptions dans le délai ? Outre, l’aspect du non-paiement de la bourse dans le délai, il y a deux autres facteurs qui posent encore problème :
– Nos programmes d’enseignement ne favorisent pas la relation université/ entreprise. Non seulement les Universités ne créent pas le cadre de partenariat avec des entreprises au bénéfice des étudiants (les stages en entreprise pour les étudiants), mais également, les emplois du temps sont faits de sorte à ce que les étudiants soient dans les amphithéâtres 7J/7J.
Le Ministre ADAMA DIAWARA en est une parfaite illustration.
Comment les étudiants pourront-ils s’en sortir dans ces conditions pour les inscriptions et les documents ? Certainement en jouant aux paris sportifs ou se livrant à la prostitution. Notre système d’inscription traîne encore des failles considérables. Des périodes interminables de traitement des réclamations y sont pour beaucoup. »
Selon certains indiscrétions, il n’est pas à écarter que d’autres syndicats d’élèves et d’étudiants se ralient à cause des frondeurs pour prendre part et donner un coup de pouce à la manifestation annoncée. Une situation susceptible de mettre à mal la nouvelle rentrée scolaire 2024-2025 ayant débuté le 9 septembre dernier ainsi que la rentrée académique prévue pour le 7 octobre prochain.
Ledebativoirien.net
DJIBRIL PARKER
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