Deux présumés trafiquants spécialisés dans le commerce illégal de défenses d’éléphants arrêtés le 18 octobre dernier, à Lomé, en possession de trois grosses défenses d’éléphants, quarante-un sculptures en ivoire d’éléphants et de treize dents d’hippopotames, ont été déférés le 22 octobre 2024, à la prison civile de Lomé.
Arrêtés pour flagrant délit de détention, de circulation et de la commercialisation illégale de produits fauniques bruts et sculptés, les nommés Ignace A. et Nibang L., tous de nationalité togolaise, sont d’abord mis en garde à vue à l’Office central de répression du trafic illicite des drogues et du blanchiment (OCRTIDB).
Et ce,avant d’être déférés à la prison civile de Lomé, après avoir reconnu les faits à eux reprochés, devant le procureur de la République près tribunal de Lomé. Ils encourent une peine de prison allant d’un à cinq ans et d’une amende d’un (01) million à cinquante (50) millions de Francs CFA, selon l’article 761 du nouveau code pénal dans son volet environnement.
Les deux présumés trafiquants d’ivoire ont été interpellés par les agents de l’OCRTIDB et du Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF) en collaboration avec EAGLE-Togo, en pleine négociation de vente des produits fauniques bruts et sculptés, qu’ils ont emballé dans deux sacs à céréales, transportés à bord d’une voiture taxi.
La lutte contre le braconnage des éléphants fait généralement partie des compétences des autorités qui ont d’une part, ratifié des textes nationaux et internationaux sur la protection des espèces protégées, et ont ensuite, mis en place des services en charge de la protection de la faune et de la flore sauvages, afin de lutter efficacement contre le commerce international d’ivoire.
Le Togo a aussi adopté un code forestier, sans oublier les efforts de saisies d’ivoire en provenance des autres pays. Et, le nouveau code pénal dans son volet environnement renforce la protection de la faune et la flore dans son article 761 qui réprime d’un maximum de cinq ans de prison et de cinquante millions d’amende, toute personne qui directement ou indirectement commercialise sans droit, une espèce animale protégée. Mais le problème du Togo est que le pays constitue une plaque tournante de transit pour le transfert illicite des ivoires.
Du coup, le pays a perdu plus de 80% de ses éléphants, et ceci, à cause du braconnage. Les inventaires fauniques menés par le WWF et ses partenaires dans certains pays africains dont le Togo, ont révélé que les populations d’éléphants avaient diminué de plus de 70% en l’espace de dix ans.
Malgré cette disposition juridique visée plus haut, le braconnage des éléphants prend toujours de l’ampleur et le Togo constitue aussi un pays de transit du commerce illégal d’ivoire. Le commerce illégal des espèces sauvages menace la survie de nombreuses espèces dans la nature, dont l’éléphant. Au cours des trois dernières années, environ un cinquième de la population totale d’éléphants d’Afrique a été tuée pour l’ivoire, selon l’UICN.
Le trafic d’espèces sauvages génère d’énormes profits illégaux pour des organisations criminelles complexes qui sont souvent responsables de l’abattage, du transport et de la commercialisation de produits illégaux issus des espèces sauvages. Selon le Coordinateur d’EAGLE-Togo, cette opération majeure est un exemple d’union de plusieurs forces pour combattre et essayer de mettre fin à une pratique illégale de l’exploitation de notre patrimoine faunique.
« L’opération témoigne une fois encore de la détermination des autorités togolaises à lutter ensemble contre le trafic de faune transnational et démanteler les réseaux de trafic d’ivoire qui opèrent impunément entre le Togo, le Bénin, le Burkina et le Nigéria. », a-t-il déclaré.
A part le braconnage, deux autres facteurs sont considérés comme étant la cause de cette baisse drastique de l’effectif des éléphants : d’une part, l’accroissement du trafic illégal d’animal lié à la forte demande internationale de l’ivoire et d’autre part, l’exploitation abusive des ressources naturelles nécessaires aux éléphants du fait de l’agriculture industrielle et des occupations anarchiques de leur habitat.
Rappelons que cette arrestation concernant le trafic de l’ivoire réalisée par l’OCRTIDB fait suite au procès de quatre trafiquants d’ivoire dont deux Togolais et deux Burkinabè arrêtés en juin 2024, jugés et condamnés à une peine d’emprisonnement de trente-six mois dont vingt-quatre de sursis par le Tribunal de Grande Instance de Kara, le 9 octobre dernier.
Ledebativoirien.net