L’incapacité du système académique ivoirien à intégrer ses élites dans le tissu économique ?
Les titulaires du Doctorat en attente d’un recrutement par l’Etat de Côte d’ivoire (recrutement Nouveau, Glissement Catégoriel et Contrat) ne cessent pas de donner de la voix. De novembre 2021 à septembre 2024 les mêmes cris sont poussés par cette élite désabusée.
La crise de la valorisation du DOCTORAT et sa reconnaissance par la Fonction publique ivoirienne est dévastatrice pour les titulaires dudit diplôme. Dans une ambiance électrique contrastée par le quotidien de ces diplômés faite de lutte pour la survie, une déclaration de haut volet est livrée par le Porte-parole du jour, docteur KOUAME KONAN JOEL, membre de la FECODAR-CI, vient d’être livré.
Faisant le bilan de plusieurs années de lutte pour une insertion professionnelle, la Fédération des Collectifs des Docteurs en Attente de Recrutement de Côte d’Ivoire dresse un tableau sombre à l’opinion, dévoilant une fois de plus, la précarité socioéconomique des titulaires du diplôme du Doctorat en Côte d’Ivoire. Ledebativoirien.net qui suit la bataille de tous ces titulaires du DOCTORAT en Côte d’Ivoire peinant à trouver une place dans l’appareil de l’Etat livre la teneur du message à l’allure d’un véritable réquisitoire.
Traitant de la problématique de la crise du doctorat en Côte d’ivoire, les docteurs en attente du recrutement coincent le principal destinataire, le professeur Adama Diawara, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique submergé par le dossier.
Il ne semble pas, à l’observation, bien murmurer aux oreilles de la ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique et de la réforme de l’Administration, Désirée Anne Ouloto, pour élargir son champ d’action devant la résorption du fort taux de docteurs sans emplois dont le chiffre croit d’année en année.
Toutes les limites de la gestion de l’Enseignement Supérieur par le professeur ADAMA DIAWARA ici à nue. Suivez avec Ledebativoirien.net la FECODARCI….
Docteur Kouamé Konan Joël explose face à la situation alarmante des titulaires du DOCTORAT sans emplois en Côte d’Ivoire
« (…) Le problème est-il d’ordre structurel et systémique ? « Peut-être » ! Le problème est-il d’ordre budgétaire ? Le problème est-il le mauvais choix de l’option stratégique adoptée ? Le constat au final est que cette crise trouve son expression, dans l’incapacité du système éducatif ivoirien à intégrer ses élites dans le tissu économique, dont les effets immédiats sont le mode de vie précaire, dévalorisant, humiliant et honteux : on observe des familles de docteurs disloquées, l’honneur du docteur bafoué et le comble, des docteurs qui perdent prématurément la vie…
Origines et rappel
La crise du doctorat tire ses origines de l’après crise électorale de 2011, c’est- à-dire entre 2012 et 2013 : Les universités sont restées fermées pendant deux pour rénovation.
En 2014, un rapport du ministère de l’enseignement supérieur estimait que la Côte d’Ivoire avait un besoin de 5 000 titulaires de doctorats.
Cependant, aucun recrutement nouveau n’a été observé entre 2014 et 2016. Pendant ce temps, de nouveaux docteurs étaient formés.
En 2017, les recrutements des docteurs ont repris mais avec un changement de mode. Malheureusement, ce mode de recrutement des assistants et attachés de recherche que nous sommes ne permettait pas d’absorber l’ensemble des docteurs par le tissu économique, sur une période raisonnable. De plus, le concours par lequel le recrutement se faisait s’est enchevêtré dans des contours flous. Dès lors, en 2021, des collectifs de docteurs non recrutés ont vu le jour, afin d’ouvrir un dialogue social avec le ministère de tutelle.
Mais que se fut dur et difficile de se faire entendre et avoir une rencontre de discussion avec le ministère : les docteurs non recrutés ont usé de grève de la faim, de marches pacifiques, de publications sur les réseaux sociaux, d’appels aux partis politiques et à la société civile, et menés des actions d’éclats (Utilisation de la toge pour vendre du GARBA) et ces actions ont conduit à une succession d’arrestations, dont la plus marquante fut l’incarcération de 46 docteurs.
Au final, le samedi 04 Février 2023, à l’auditorium de la primature à Abidjan dans la commune du Plateau, l’actuel ministre de tutelle de l’enseignement supérieur, dans une ambiance bon enfant, a rencontré l’ensemble des collectifs des docteurs non recrutés.
A cette occasion, il a pris l’engagement de mettre en place un nouveau mode de recrutement qui garantirait à tous les docteurs en attente de recrutement une insertion socio-professionnelle en tenant compte du Compendium des compétences. Et il avait aussi sollicité l’indulgence des Collectifs afin qu’ils prennent part, pour une dernière fois, à la session 2023 du concours de recrutement des docteurs sous l’ancien format.
Une trahison du ministre…
Les collectifs des docteurs non recrutés, sur la base de la confiance, ont donc obtempéré et pris part aux sessions du concours aux contours flous de 2023, espérant que 2024 permettra de résoudre définitivement la crise.
Conforment aux engagements du Ministre de tutelle, dans la période du 26 février au 25 mars 2024, le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique lance un recensement des docteurs non recrutés et enregistre un total de 2 375 Docteurs recensés dont 1840 hommes et 535 femmes, tout en sachant que certains n’ont pu se faire recenser.
Sur les 2 375 Docteurs recensés, 628 sont fonctionnaires, glissement catégoriel et 1735 ont un statut de recrutement nouveau et 12 ingénieurs.
Suite à ce recensement, sans tenir compte du compromis avec les collectifs des docteurs non recrutés, issu des échanges du samedi 04 février 2023,
le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique organise le concours des assistants et attachés de recherches, et recrute 499 docteurs toutes spécialités confondues, dont 77 Attachés de recherches, 78 Assistants clinique et 344 Assistants.
Face à une telle attitude, les Collectifs des docteurs non recrutés ont décidé de s’unir et de parler d’une seule voix afin qu’une solution vraie, crédible et durable puisse être trouvé contre la crise du doctorat en Côte d’ivoire : d’où la naissance de la FECODARCI. La FECODARCI propose comme solution à cette honteuse crise, la prise d’un décret présidentiel par Son Excellence Monsieur le Président Docteur Alassane OUATTARA.
En effet, lors du Conseil des Ministres du 8 mai 2024 à Abidjan-Plateau, le ministre des Finances et du Budget, Adama Coulibaly, a présenté les avancées économiques de la Côte d’Ivoire.
Il en ressort que notre pays, la Côte d’Ivoire, fait partie des dix premières économies africaines en 2024, en se classant à la 9e place devant la Tanzanie. Ce rang que nous occupons montre que l’économie de notre pays se porte bien. De plus, selon le journal Le monde.
En 2014, un rapport du ministère de l’enseignement supérieur estimait que la Côte d’Ivoire avait un besoin de 5 000 titulaires de doctorats.
Aucune réévaluation n’avait été faite par la suite, mais le pays s’est doté de plusieurs nouvelles universités sans que les embauches n’absorbent tous les titulaires du doctorat.
Cette crise systémique et structurelle du doctorat a plongé les titulaires du diplôme le plus élevé dans une précarité sans pareille mesure : Difficulté à se loger, difficulté à se vêtir, difficulté à se déplacer, difficulté à se nourrir etc.
En outre Le docteur ivoirien n’a pas bénéficié de l’année de la jeunesse qui laisse entière la crise du doctorat, en effet, alors que la crise du doctorat battait son plein, l’année 2023 est déclarée année de la jeunesse. Docteurs en situation irrégulière que nous sommes, avons espéré en cette année de la jeunesse. Malheureusement, elle a laissé entière cette crise du doctorat.
Nous n’avons retenu de cette année 2023 qu’une simple promesse faite à l’auditorium de la primature le 04 Février 2023 et jusque-là non tenue.
La logique aurait voulu qu’aujourd’hui, la crise du doctorat soit un malheureux souvenir. Mais hélas ! Nous voici en train de lutter. Nous sommes obligés de mener une lutte pour l’honneur du docteur, du doctorat et du pays.
La souffrance morale et physique
Par cette lutte, nous disons à la communauté nationale et internationale que des jeunes souffrent avec le doctorat en main. Certains sont docteurs depuis une dizaine d’années. D’autres, très jeunes sont docteurs. Mais leur fougue est en train de disparaitre.
Il est donc urgent de trouver une solution pour freiner la mort intellectuelle et de sauver l’élitisme en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi mon discours va à l’endroit de l’État de Côte d’Ivoire et des docteurs en souffrance.
Par cette lutte, nous disons à la communauté nationale et internationale que des jeunes souffrent avec le doctorat en main. Certains sont docteurs depuis une dizaine d’années. D’autres, très jeunes sont docteurs. Mais leur fougue est en train de disparaitre.
Il est donc urgent de trouver une solution pour freiner la mort intellectuelle et de sauver l’élitisme en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi mon discours va à l’endroit de l’État de Côte d’Ivoire et des docteurs en souffrance.
Une mesure exceptionnelle attendue Nous, docteurs en quête de notre premier emploi et docteurs en situation de glissement catégoriel, sommes reconnaissants des avancées qu’il y a eu ces dernières années notamment au niveau du nombre de docteurs recrutés dans les universités, au niveau des universités construites et au niveau du nombre de docteurs en Côte d’Ivoire. Cependant le problème qui persiste est le nombre élevé de docteurs non reclassés et ceux qui n’ont pas encontre exercés leur premier emploi.
Ces derniers, comme nous signifié plus haut, traversent des situations délétères qui pourraient déboucher sur la dépression, la dévalorisation du doctorat, la dévalorisation de l’école alors même le président de la république prône l’école gratuite et obligatoire…
Nous invitons donc l’Etat de Côte d’Ivoire à trouver un mécanisme pour mettre fin à cette honteuse situation par l’insertion socioprofessionnelle planifiée des docteurs en souffrance selon leur compétence comme l’a promis le Ministre Adama Diawara lui-même.
En effet, le ministre lui-même a fini par reconnaître que le concours a des contours flous. Ce concours n’est donc non seulement plus fiable mais a fait des victimes.
De plus, dans certaines filières, le nombre de docteurs en situation irrégulière, c’est-à-dire recrutés est en moyenne 17. Pourtant le nombre de docteurs dans ces filières avoisine 250. Jusqu’à quand ces docteurs pourront-ils servir leur mère patrie avec la formation qu’ils ont eue d’elle ?
C’est pourquoi tout en reconnaissant les efforts du ministre Adama Diawara et de l’Etat de Côte d’Ivoire, la FECODARCI, propose la résorption de la crise du doctorat par une insertion par compétence dans les ministères, les instituons, les administrations pour évacuer ce stock d’intelligence.”
Voici le puissant cri de la FECODARCI qui ne parvient pas encore aux oreilles du professeur Adama Diawara, on ne sait trop pourquoi !
Ledeebativoirien.net
HERVE MAKRE