Donald John Trump était le 45è président des Etats-Unis, il en sera, le 20 janvier 2025, le 47è. C’est un exploit politique notable dans l’histoire politique étasunienne. En effet, il faut remonter au 19è siècle pour trouver le seul exemple comparable. En 1885, le démocrate Grover Cleveland est élu président des Etats-Unis.
Il est battu en 1889 et a remporté un deuxième mandat en 1892. Donald John Trump incarne parfaitement la résilience politique comme le brésilien Lula qui parti du pouvoir en 2011 a retrouvé le fauteuil présidentiel en 2023.
Nous pouvons citer également « le caméléon » Mathieu Kérekou, battu à l’élection présidentielle de 1991 après 19 ans de pouvoir. En 1996, il est revenu au pouvoir plébiscité par les béninois. Mais, au-delà de l’exploit politique, les africains doivent-ils s’inquiéter du retour de Donald John Trump à la maison Blanche ? La réponse est malaisée au triple plan politique, économique et social.
Politiquement, on peut l’écrire sans risque de se tromper, Donald John Trump n’est pas un amoureux du continent noir. Pendant son premier mandat, de 2017 à 2021, il n’a pas effectué de voyage en Afrique. Ses prédécesseurs, c’est-à-dire, John Walker Bush Junior s’était rendu 11 fois en Afrique. Quant à Barack Hussein Obama, il a visité à 7 reprises l’Afrique. Il pourra certainement se racheter pendant son second mandat.
Par ailleurs, l’administration Trump avait reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, malgré les protestations de l’Algérie et de l’Afrique du Sud.
La politique trumpiste a été suivie par l’Espagne et la France. Il y a cependant une bonne nouvelle pour l’Afrique. Donald John Trump n’aime pas les homosexuels et le wokisme.
De ce qui précède, son administration pourrait s’opposer aux sanctions imposées par les institutions de Bretton-Wood aux pays comme l’Ouganda, le Kenya ou le Rwanda pour leur politique anti-transgenre et homosexuelle.
Sur le plan économique, les choses ne s’annoncent pas bien pour l’Afrique. D’abord, c’est bien connu, Donald John Trump mènera une politique protectionniste. Les produits et les entreprises américaines d’abord. Cette politique protectionniste pénalisera considérablement les exportations africaines vers les Etats-Unis.
Ensuite, le plus grande crainte des africains, c’est l’avenir de l’AGOA, cet accord multilatéral signé en 2000 sous l’administration du président William Jefferson Clinton. L’AGOA vise à ouvrir le marché étasunien aux produits africains. En 2024, 32 États africains ont bénéficié de l’AGOA.
Plus de 6.000 produits africains sont concernés. Cet accord multilatéral prend fin en 2025. Des négociations pour sa prolongation jusqu’en 2036 ont débuté sous la présidence actuelle de Joseph Robinette Biden Junior. Il est fort probable que Donald John Trump renonce à cette prolongation.
Cependant, la présence chinoise en Afrique peut obliger le locataire de la maison blanche à revoir sa copie. Dans tous les cas de figure, la politique commerciale de Donald John Trump 2 sera fortement marquée par la rivalité avec la Chine et les autres puissances émergentes du Sud global.
Au niveau social, deux choses. Premièrement, la question des visas sera posée. C’est un des marqueurs de sa campagne présidentielle, l’expulsion des migrants illégaux. Des milliers d’africains sont entrés aux USA, ces dernières années, via le Mexique et le Nicaragua.
L’administration Trump donnera de moins en moins de visas aux étrangers en général, aux africains en particulier pour des questions sécuritaires et migratoires.
Deuxièmement, Donald John Trump est un climato-sceptique. De ce qui précède, son administration peut diminuer voire supprimer l’aide américaine pour lutter contre la déforestation et le dérèglement climatique.
A l’observation, les africains ont des raisons de s’inquiéter du retour de Trump à la maison Blanche. Cependant, il ne faut pas céder au découragement car, si l’administration Trump ne veut pas travailler avec l’Afrique, les africains ont d’autres amis qui sont la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie, la Turquie, etc.
Geoffroy-Julien KOUAO–Politologue et essayiste.