Les Ivoiriens retiennent leur souffle. En 2020 au Port de Beyrouth au Liban, un entrepôt contenant de l’engrais composé de nitrate d’ammonium a explosé. La moitié de la ville a été soufflée. Après informations, l’entrepôt n’en contenait que quelques tonnes. Mais ici à Abidjan en 2025, il s’agit de milliers de tonnes de nitrate d’ammonium. Bienvenue au »PAA’‘, après le Probo-Koala en 2006 sous le régime Gbagbo.
« Une cargaison de près de 20 000 tonnes d’engrais à base de nitrate d’ammonium, également qualifiée de « bombe flottante » par de nombreux médias occidentaux spécialisés, est actuellement au mouillage, c’est-à-dire en attente de pouvoir accoster au poste à quai N°5 du Port Autonome d’Abidjan.
Les autorités de la Côte d’Ivoire vont-t-elles autoriser l’entrée effective de ce navire jusqu’aux quais ? » C’est l’alerte, de Jean Christophe Konan (un observateur et analyste) qui fait réagir la direction générale du Port d’Abidjan, aussi ce 4 janvier 2025.
Que dévoile-t-il ?
L’entrée imminente en douceur d’un navire chargé de ‘‘FEU’’ qui déjà a été refusé d’accès par plusieurs autres pays, aux portes d’Abidjan. Il rappelle le tristement célèbre Probo-Koala, un navire vraquier polyvalent battant pavillon panaméen, affrété par la société TRAFIGURA, ayant déversé des milliers de mètres cubes de déchets toxiques en 2006 à Abidjan et banlieue.
La suite : des milliers de morts par empoisonnement après inhalation des déchets toxiques, des vivants qui trainent encore des séquelles. Les responsables du Port d’Abidjan annoncent une réunion, le lundi 6 janvier 2025, sur la présence de la cargaison de près de 20 000 tonnes d’engrais à base de nitrate d’ammonium. Mais qui avance…
Voici les faits rapportés par le lanceur d’alerte
« Depuis des semaines un de nos consultants séniors suit ce navire, convaincu qu’il allait finalement atterrir discrètement en Afrique. C’est chose faite, ce navire est au port d’Abidjan. L’engrais, transporté par le cargo Zimrida battant pavillon de la Barbade, est arrivé à Abidjan plus tôt cette semaine (voir illustration et tracking )
La cargaison avait été transportée à l’origine par le navire battant pavillon maltais Ruby, qui a attiré l’attention du monde entier en raison de son état dangereux et de sa cargaison extrêmement explosive. La quantité d’engrais utilisée était sept fois supérieure à celle utilisée lors de l’explosion de Beyrouth en 2020, qui avait tué plus de 200 personnes et en avait blessé des milliers.
Le Ruby a chargé l’engrais à Kandalaksha, en Russie, en août 2024 et est parti pour le Brésil. C’est la partie la plus importante donc on va l’isoler :
« Chargé l’engrais à Kandalaksha, en Russie, pour le Brésil ».
En conclusion on y reviendra. Cependant, une violente tempête a endommagé la coque, l’hélice et le gouvernail du navire. Le navire a cherché refuge à Tromsø, en Norvège, début septembre, mais les autorités s’inquiétaient de la proximité du navire avec une université et un hôpital et lui ont ordonné de se déplacer en mer.
Bien que Malte et la société de classification du navire, DNV, aient déclaré le navire apte au transport, ils ont annoncé qu’il avait besoin de réparations immédiates. Les autorités locales lituaniennes ont par la suite refusé l’entrée du navire en raison de risques pour la sécurité et d’autres pays comme le Danemark et la Suède ont également refusé l’entrée du navire.
Après s’être vu refuser l’entrée dans plusieurs ports, le Ruby a dû se dérouter vers un mouillage au large de l’Angleterre. Fin octobre, le port de Great Yarmouth a accepté de transférer la cargaison d’engrais sur un autre navire, le Zimrida. Cette décision a provoqué une vague d’indignation politique et publique. Les autorités locales ont exprimé leurs inquiétudes quant à la sécurité après avoir découvert qu’environ 300 tonnes d’engrais avaient été contaminées par une fuite de carburant.
Il a été alors question d’évacuer certaines parties de la ville.
L’engrais contaminé a finalement été déversé dans la mer du Nord dans le cadre d’une opération contrôlée. Les écologistes ont critiqué cette décision, mettant en garde contre les conséquences néfastes pour les écosystèmes marins. Le gouvernement britannique a défendu sa décision en affirmant que le nitrate d’ammonium se dissout dans l’eau de mer et ne persiste pas en tant que polluant.
La majeure partie de la cargaison a donc été transférée à bord du Zimrida à Great Yarmouth à la mi-décembre. Le navire a fait escale aux îles Canaries avant d’arriver à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en début de semaine.
La cargaison d’engrais qui avait provoqué la panique en Norvège, en Lituanie, en Suède et en Angleterre, à cause de sa proximité de zones peuplées, s’apprête donc au port d’Abidjan. Maltes qui était une option a accepté, selon BBC, à la seule condition que le navire arrive complètement vide.
Il a été révélé plus tard que la cargaison était stable et correctement emballée, mais les risques et les craintes ont augmenté lorsqu’une partie a été contaminée. A ce niveau deux questions simples mais essentielles se posent :
1/ En admettant que l’engrais contaminé ait été effectivement déversé dans la mer : pour quelle raison, le reste de la cargaison, censée être de bonne qualité, n’a pas continué sa route vers le Brésil comme prévu, mais se retrouve dans les eaux territoriales ivoiriennes, au mouillage, en attendant son déchargement ?
2/ Quelle entreprise a décidé de récupérer cet engrais, sans doute à très bas coût, que visiblement personne en Europe et en Amérique du Sud ne veut, et que même le Brésil, destinataire initial, n’a lui aussi, plus voulu accepter de recevoir ? Nota : La position de ce navire indiquée sur la dernière illustration a été prise le 04/01/25 à 03:07 Abidjan local time », révèle Jean Christophe Konan.
La réaction du PAA sur l’affaire du bateau Zimrida
« Le nitrate d’ammonium est un composé riche en azote, et un principal intrant pour l’engrais (NP et NPK). Il est couramment utilisé comme fertilisant dans l’agriculture. Le port d’Abidjan a traité respectivement en 2023, un trafic de 20 000 tonnes, et en 2024, un trafic de 38 000 tonnes.
Le navire « ZIMRIDA » battant pavillon de la Barbade, ayant pour consignataire (représentant de l’armateur) SAKINA SHIP SERVICE, et transportant 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium (dont 3 000 tonnes doivent être déchargées à Abidjan), est arrivé en rade extérieure du port d’Abidjan le 30 décembre 2024. Il devait rentrer au port d’Abidjan pour accoster le 06 janvier 2025 à 16h GMT.
À la suite d’allégations faisant état d’une avarie de la cargaison transportée, et par précautions en vue de protéger les populations et les biens, les dispositions particulières suivantes ont été prises :
● Le navire restera en rade extérieure (en mer) en dehors des eaux ivoiriennes ;
● Une réunion de tous les services compétents de l’État dont le Port Autonome d’Abidjan et les Douanes ivoiriennes, avec le propriétaire de la Marchandise et le transporteur, est prévue se tenir le lundi 06 janvier 2025 à 9h30mn GMT, au siège du Port Autonome d’Abidjan, pour un examen approfondi du sujet.
C’est le lieu de rassurer les populations ivoiriennes que toutes les marchandises, entrant ou débarquant dans les ports ivoiriens, font l’objet de contrôle assidu par les services compétents de l’État, qui veillent en permanence sur la santé et la sécurité des populations.
La cargaison en question sera donc traitée selon les règles de l’Art, et les populations ivoiriennes seront informées des évolutions futures sur le sujet.
Pour rappel, le Port Autonome d’Abidjan, certifié à la norme environnementale ISO 14001 et au Code ISPS pour la sûreté et la sûreté et sécurité des biens et des personnes, tient à rassurer les populations sur la veille permanente à cet effet ».
La Côte d’Ivoire retient son souffle en ce début d’année 2025, face à la « bombe flottante ». Le Président Alassane Ouattara suit l’affaire avec grande attention, certainement.
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