Le Vendredi 28 Février aux environs de 11 h (Côte Est des Etats Unis), le président Trump recevait son homologue ukrainien Zelensky. Tout avait bien commencé, Donald Trump avait accueilli le président Zelensky sur le perron de la Maison Blanche, un privilège rare, les autres chefs d’Etat avant lui ont été accueillis au sein du bureau ovale. En serrant la main de Zelensky, Trump avait ironisé sur sa tenue, disant qu’il « s’est fait très élégant aujourd’hui ».

Zelensky comme à son accoutumée était dans une sorte de tenue militaire. A l’intérieur du bureau ovale, un journaliste américain l’a encore interrogé sur sa tenue, « Pourquoi ne portez-vous jamais de costume ? » Agacé, Zelensky répond qu’il en portera « lorsque l’agression contre son pays sera terminée « . Il est évident qu’il était quelque peu crispé.
Puis l’entretien a commencé par un long monologue de Trump, vantant ses relations « excellentes » avec Vladimir Poutine, un « type avec qui il a eu plusieurs conversations » et qui veut « mettre fin à la guerre ». Il conclut son exposé en disant que le président Zelensky doit conclure un accord avec Vladimir Poutine. Le président Zelensky répondit qu’il ne peut pas conclure un accord avec Poutine parce que « c’est un tueur, il bombarde les villes et tuent des innocents ». Ce fut la première contrariété pour Trump qui visiblement ne s’attendait pas à ce que l’autre marque un désaccord avec lui.
Le ton est immédiatement monté, « les gens disent que je suis aligné avec Poutine, c’est faux. Je ne suis aligné avec personne. Avec moi Poutine respectera les accords ’’ lâcha –t-il furieux. Sur ce, son vice-président J D Vance prend la parole pour signifier qu’après trois ans de guerre, il fallait mettre la diplomatie en avant. Mais le Président ukrainien fait aussi remarquer que la diplomatie a été mise en avant, parce qu’il y a eu plusieurs accords en 2014 et 2019, que Poutine n’a pas respecté. Pourquoi le fera-t-il aujourd’hui ? Et de quelle diplomatie parle le vice-président ?
Cette question mit le feu aux poudres. Pour le vice-président J D Vance, Zelensky « manque de respect en tenant de tels propos dans le bureau ovale’’, et Trump d’enchaîner en affirmant que Zelensky n’a pas dit « merci » pour ce qui est fait pour lui. Zelensky répond qu’il l’a fait à plusieurs reprises. « Ce n’est pas vrai » coupa Trump hors de lui, « vous n’avez pas dit merci, vous faites preuve d’ingratitude, vous n’avez aucune cartes en mains, nous essayons de mettre des cartes entre vos mains. Zelensky répond qu’il ne joue pas aux cartes.

« Nous essayons de vous aider à vous en sortir, » poursuit Trump hors de lui, « votre pays est détruit, vous jouez avec la troisième guerre mondiale, vous jouez avec la vie de millions de vos concitoyens, avec nous vous avez une chance, vous devez nous remercier. Vous allez signer un accord avec le Président Poutine ou nous vous laissons tomber » !
Il faut remarquer que pendant qu’il parlait, le président Ukrainien lui répondait. Le spectacle était simplement surréaliste, devant la presse du monde entier. Tout le monde s’accorde à dire que jamais une telle altercation ne s’est produite dans le bureau ovale. « J’en ai assez entendu pour aujourd’hui. Revenez lorsque vous serez prêt pour la paix », telles furent les dernières paroles de Trump qui congédia le président Ukrainien.
La conférence de presse commune que les deux hommes devaient tenir, et la signature de l’accord sur les minerais qui devait intervenir, ont été annulées. En fait, le format de la rencontre était faussé. Vu les profonds désaccords entre les deux parties qui étaient régulièrement étalés dans la presse, il aurait fallu au préalable une séance de travail à huis clos entre les deux présidents et leurs délégations. Une fois les choses aplanies, alors la rencontre aurait été ouverte aux médias. Les désaccords ont surgi parce que rien n’avait été discuté en amont.
Le fiasco de la rencontre tient aussi en partie à la personnalité de Trump. Comme plusieurs analystes ne cessent de le dire, à bien des égards, il fonctionne comme un gamin. Ses réactions sont primaires, spontanées, vives, brutales, tout est ramené à lui comme le font les enfants quand ils veulent quelque chose. Il prend pour acquis que ses idées sont justes, qu’elles seront acceptées par tous, et lorsque ce n’est pas le cas, il est dans tous ses états. Trump est parti du principe que Zelensky n’aurait rien à redire, rien à objecter, il est sursis de ce que l’homme le contredit. Trump veut être couvert de louanges, c’est visiblement ce que le président ukrainien a manqué de faire.

Un autre point sur lequel il faut insister, c’est que jusque-là les Américains n’ont mis aucun plan sur la table. Ils n’ont tout simplement aucun plan. L’obsession pour Trump est un arrêt des hostilités afin de pouvoir dire qu’il a arrêté la guerre. Ce qui vient après ne l’intéresse pas, or pour Zelensky il faut plus qu’un arrêt des hostilités, il faut un accord global et des garanties une fois qu’il sera signé, il faut une présence de troupes étrangères sur le terrain pour dissuader la Russie de toute nouvelle attaque.
Sur le terrain, l’Ukraine est certes en difficulté, mais l’armée russe ne fait pas des merveilles. Le front est figé aujourd’hui, la Russie n’avance plus, elle commence à souffrir des sanctions et aussi du manque de soldats puisqu’elle fait appel à des nord-coréens. Trump parle de concessions que l’Ukraine doit faire, mais il ne dit rien à propos des concessions que la Russie doit faire.
La Russie est loin d’avoir gagné cette guerre, en fait elle ne peut pas la gagner militairement, c’est une évidence. Notons que Zelensky a reçu du soutien du monde entier depuis la rencontre. Des manifestations de soutien se sont produites en Europe et aux Etats Unis. La presse conservatrice américaine, Zelensky doit présenter des excuses au président Trump. Tout en remerciant les Etats-Unis pour leur soutien, il a répondu qu’il ne ferait pas d’excuses.
Douglas Mountain-Le Cercle des Réflexions Libérales
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