Bénéficiant des contrats d’exploitation octroyés par les autorités centrafricaines, la société de mercenariat russe Wagner a récemment intensifié ses activités d’orpaillage en République Centraricaine.
À l’occasion de la visite à Moscou du Président Faustin Archange Touadéra en janvier 2025, la République centrafricaine et la Russie ont signé un mémorandum sur « l’évaluation et l’exploitation » des ressources naturelles centrafricaines.
Si l’ours russe a développé un quasi-monopole sur le secteur minier local ces dernières années, c’est avant tout grâce à la présence de la société Wagner.
Cette dernière a récemment commencé à extraire l’or de la mine d’Idere (région de Nana-Mambere, ouest), suite à d’importants travaux de sécurisation et de protection du site. Un décret présidentiel datant du 4 janvier 2024 a effectivement octroyé les droits d’exploitation de la mine à la société Heavy Industrial, une société-écran de la galaxie Wagner.
Gérée par General Ressource, un prête-nom de droit local, Heavy Industrial a obtenu une concession de 10 ans, renouvelables par périodes consécutives de 5 ans jusqu’à épuisement du gisement dont la valeur est estimée à plusieurs centaines de millions de dollars. Elle bénéficie également d’importantes exonérations d’impôts, grâce à la signature d’un mémorandum bilatéral en 24 janvier 2024.
Wagner avait déjà obtenu les droits exclusifs d’exploitation pour la mine de Ndassima (préfecture de la Ouaka, centre) officiellement opérée par Midas Resources.
Le site, dont le potentiel industriel est majeur, rapporterait 290 millions USD par an à Wagner. Cette dernière exploite également le bois centrafricain par l’intermédiaire de la société-écran Bois rouge (renommée Wood International Group) accusée de pratiquer la déforestation illégale et intensive d’une forêt à l’Ouest du pays.
Pour rappel, Wagner a pris pied en Centrafrique sur sollicitation du Président Faustin- Archange Touadéra en 2018. La société a obtenu des permis d’exploitation des ressources naturelles en échange de prestations sécuritaires auprès des autorités centrafricaines ; un modèle économique prédateur également expérimenté dans l’Alliance des Etats du Sahel (AES), au Soudan et en Libye.
Ces accords léonins compromettent la souveraineté des Etats concernés et s’inscrivent dans une logique court-termiste incompatible avec tout développement durable local.
En Centrafrique, l’exploitation de ces ressources pourrait être impactée par la substitution de Wagner par Africa Corps ; une dynamique voulue par le Kremlin depuis la mort d’Evgueny Prigogine en août 2023. Vladimir Poutine cherche effectivement à reprendre la main sur la société dont le contrôle lui avait échappé,
et a ainsi entamé des négociations avec ses partenaires africains pour remplacer Wagner par Africa Corps, qui dépend directement du ministère russe de la Défense.
Au Mali, ce processus a déjà généré de vives tensions alimentées par les rivalités entre les cadres russes des deux entités. Lors de son voyage en Russie en janvier 2025, Faustin Archange Touadéra aurait consenti au déploiement d’Africa Corps, sous réserve qu’elle lui offre les mêmes garanties de sécurité que Wagner. Des rumeurs récemment diffusées sur les réseaux sociaux affirmaient que le remplacement des équipes de Wagner par Africa Corps aurait lieu courant février 2025.
Ledebativoirien.net
Une contribution de Oupoh Laurent
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