Lors d’une rencontre il y a quelque temps, le président Gbagbo a affirmé vouloir ‘’relancer’’ l’économie ivoirienne si les Ivoiriens lui faisaient de nouveau confiance. La phrase est passée inaperçue, n’ayant fait l’objet d’aucun commentaire dans les médias. Si certains vont en sourire tant le bilan du président Ouattara paraît écrasant, le président Laurent Gbagbo peut néanmoins se prévaloir de quelques faits d’armes sur le plan économique.

Tout d’abord il y a le prolongement de l’autoroute jusqu’à Yamoussoukro
Le chantier a débuté en 2007 avec un prêt d’environ 136 milliards FCFA mobilisés auprès d’un consortium de banques arabes. C’est d’abord un exploit qu’un tel financement ait pu être mobilisé dans le contexte que l’on sait. En 2011 à la chute du régime, le projet n’était pas achevé, mais l’autoroute était largement bitumée. La nouvelle administration a dû contracter de nouveaux prêts toujours auprès des banques arabes pour l’achever totalement et l’inaugurer en 2013.
L’échangeur de la Rivier-II, l’autoroute Abidjan-Bassam, le troisième pont d’Abidjan
On remarquera que les chantiers de ces trois infrastructures ont été lancés quelques mois après la mise en place des nouvelles autorités en 2011. Un délai plutôt court pour les études, la recherche des financements, les appels d’offres, la sélection des entreprises etc…..
En vérité tout était bouclé dans le dernier trimestre de l’année 2010, y compris la date du lancement de ces travaux. Raison pour laquelle en 2011, dès que le « brouillard politique et institutionnel » s‘est dissipé, les chantiers ont débuté.
Le nouveau CHU d’Angré
Lancé le 01 Août 2009, la construction de l’hôpital d’Angré devait coûter environ 15 milliards. Le financement provenait des 100 milliards reçus par l’Etat ivoirien, dans le cadre du règlement à l’amiable, conclu avec l’entreprise responsable du déversement des déchets toxiques à Abidjan en 2006.

Les bâtiments étaient sortis de terre lorsque survint la crise. Le chantier est arrêté en 2010. Après la crise, les nouvelles autorités reconfigurent le projet et décident d’en faire un CHU. Coût des travaux : 35 milliards injectés entre 2012 et 2017. La paternité de l’infrastructure fut sujet à débat. En effet, si ce chantier n’avait pas débuté, aurait-on eu un CHU aujourd’hui à cet emplacement ?
L’hôtel des députés de Yamoussoukro
un bel édifice qui fait aujourd’hui la fierté de la capitale politique. Il fut totalement achevé en 2006, après deux ans de travaux. On peut aussi faire état du dédoublement de la voie du zoo à Abidjan terminé en 2009 là aussi après deux ans de travaux. Ainsi en dix ans, des réalisations sont tout de même sorties de terre.
Bien sûr, elles ne soutiennent pas la comparaison avec celles du président Ouattara si on les prend dans l’absolu. La question qu’on peut toutefois se poser est de savoir si le président Gbagbo aurait fait mieux si l’environnement était apaisé ? Inversement, on peut aussi se poser la question de savoir si le président Ouattara aurait pu entreprendre toutes les réalisations qu’on lui connaît s’il disposait d’un pays partitionné en deux ?

Bien sûr on ne construit pas le monde avec des ‘’si ’’, mais pour juger un fait historique, il faut se mettre dans le contexte de l’époque. On ne peut pas juger des événements d’hier avec des yeux d’aujourd’hui dit-on. Pour juger du bilan économique du président Gbagbo, il faut se remettre dans le contexte de l’époque et poser la question de savoir si les choses auraient pu être menées de façon différente.
Ainsi prise dans l’absolu, la comparaison du bilan des deux présidents ne fait pas sens. Bien sûr cela ne diminue en rien le bilan du président Ouattara. L’homme a conduit le pays avec brio, montrant ce dont il était capable en matière de développement. Mais, il a bénéficié d’un atout capital que n’avait pas l’autre, à savoir un pays tranquille.
Cela dit, le président Gbagbo prétend pouvoir relancer l’économie ivoirienne aujourd’hui. Il faut prendre la phrase comme telle. En tant qu’opposant, il est dans son rôle. Une chose est cependant établie, l’économie ivoirienne est sur une lancée, sous une forte impulsion depuis quinze années, cette impulsion qui profitera à tout dirigeant quel qu’il soit à condition que le pays soit en…paix.
On en revient toujours là. Si cet ingrédient ne manque pas à l’appel, l’expansion économique va s’amplifier quel que soit l’homme à la barre. Ainsi ce n’est pas tant de démocratie dont a besoin l’économie ivoirienne, mais de…paix et de stabilité.
Le président Gbagbo saura-t-il maintenir cette paix s’il est élu ?

L’homme parle d’organiser un « forum de réconciliation nationale », en somme sa bonne vieille méthode de 2001, qui n’a pas empêché la catastrophe survenue une année plus tard. A-t-il vraiment tiré les leçons de ce qui lui est arrivé ? Gouverner c’est anticiper, c’est avoir un temps d’avance sur ceux qui nagent et dont on voit le dos, c’est frapper quand il le faut.
Et il semble qu’à ce niveau, il a quelques déficiences. A l’image du président Houphouët Boigny, le président Ouattara a fait preuve d’un leadership conséquent et fort en maintenant la paix dans ce pays, chose dont a été visiblement incapable le président Gbagbo lorsqu’il était à la barre. En sera-t-il capable aujourd’hui ?
Douglas Mountain -Le Cercle des Réflexions Libérales
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