Les économistes ont coutume de dire que le dynamisme d’une économie se reflète au dynamisme du secteur de la construction. Le bâtiment est le baromètre de la croissance économique, c’est l’indice qui permet d’entrevoir ce qui se passe ailleurs dans l’activité. La Côte d’Ivoire ne fait pas exception à cette règle, l’expansion économique se traduit par un secteur de la construction extrêmement dynamique aujourd’hui. La capitale Abidjan en est évidemment le reflet. Sa métamorphose est frappante. Bien sûr, toutes les zones ne se transforment pas à la même allure.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas le centre des affaires, la zone du Plateau qui se développe le plus vite. Les parties de la ville où la croissance est la plus spectaculaire sont les zones de Bietry-zone 4, Marcory Résidentiel, et la zone du Lycée technique. Nous avons désormais des immeubles de R+20 qui s’élèvent dans ces endroits, surtout dans la zone Biétry-zone 4, la zone la plus dynamique de la capitale sur le plan de la construction immobilière.
Certains analystes parlent même d’une bulle immobilière en Côte d’Ivoire. En poussant un peu plus la réflexion, on notera que ce sont les zones où est majoritairement implantée la communauté libanaise au sens large (c’est-à-dire les arabes en général). C’est dire que c’est particulièrement cette communauté qui est derrière ce dynamisme qu’on constate.
C’est du golfe que proviennent les financements. C’est dans cette région que nous avons les fonds d’investissements les plus actifs, exclusivement dédiés au secteur de l’immobilier mondial. C’est la zone la plus dynamique du monde sur le plan de la construction. Les financements du Parc des Expositions d’Abidjan, de la Tour F, et de bien de projets pilotés par l’entreprise PFO de l’architecte ivoiro-libanais Pierre Fakhoury, proviennent de ses connexions avec les milieux d’affaires du golfe.

Le futur pont sur le canal de Vridi (le plus haut d’Afrique), qui sera un partenariat public privé piloté par PFO, sera certainement financé par des capitaux du golfe. Le récent programme immobilier de 25 000 logements lancés en Septembre 2024 par le gouvernement a vu la participation d’un fond du golfe. Mentionnons aussi le projet Riyadh City, ce vaste projet immobilier dans la zone de Bingerville. Certes les travaux sont à l’arrêt depuis un moment. Mais le projet tient toujours.
Prospecter dans les Etats du Golfe (Emirats Arabes Unis, Qatar, Bahreïn, Koweït, Arabie Saoudite) en vue d’attirer des financements dans les projets immobiliers doit faire l’objet d’une démarche structurée, agressive, proactive, du gouvernement ivoirien à l’image du Rwanda qui a fait du Qatar sa base dans la région. Au Rwanda, une équipe directement reliée à la présidence, s’active avec un objectif clair, attirer les capitaux de cette région.
Et les résultats sont là, le Qatar intervient dans des projets majeurs, le plus emblématique étant l’agrandissement de l’aéroport de Kigali pour en faire l’un des plus modernes et des plus grands d’Afrique. Il y a de l’argent disponible pour les projets immobiliers, de l’argent qu’il faut capter de façon intelligente. La Côte d’Ivoire a l’avantage d’abriter la première communauté libanaise d’Afrique, et les premières communautés marocaine et tunisienne d’Afrique sub-saharienne. Il faut tirer parti de cette situation, ces diasporas arabes constituent un pont naturel avec la région du Golfe.
Du président Houphouët Boigny, une telle équipe était en place pour attirer les financements libanais. C’était informel, mais cela a fonctionné. La Côte d’Ivoire est devenue la première destination des Libanais en Afrique. Les investissements ont suivi. Aujourd’hui, il s’agit de revenir à cette formule mais en voyant large.

Les zones de Biétry-zone4 et de Marcory résidentiel sont un avant-goût de ce qu’on peut obtenir avec des capitaux du golfe. Un moyen d’accélérer ce processus est d’ouvrir encore plus la Côte d’Ivoire à l’immigration en provenance du proche orient. Les évènements qui s’y déroulent contraignent beaucoup de personnes à l’exil. Il faut sortir de la frilosité et leur ouvrir grandement les portes.
Toujours du temps du Président Houphouët, la communauté libanaise avait demandé un site dans la zone de Dabou pour y bâtir une ville. Cela leur a été refusé, de peur certainement que l’endroit ne devienne un « Etat ». Il faut reconsidérer la question aujourd’hui. Entre les villes de Bassam et de Bonoua, se trouve une vaste zone de marécages qui n’intéresse personne pour l’instant, qu’on peut remblayer à leur intention. Vont-ils en faire un ‘’Etat’’ dans le futur ?
C’est aux autorités ivoiriennes de se montrer suffisamment intelligentes en mettant en place les garde-fous nécessaires. L’expérience mérite d’être tentée. Bien sûr il y a aura toujours certains qui se plaindront de ce que les terres sont octroyées à des non nationaux. A l’heure de la mondialisation, ces critiques n’ont plus lieu d’être.
Douglas Mountain -Le Cercle des Réflexions Libérales
Ledebativoirien.net
Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de www.ledebativoirien.net, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.
En savoir plus sur LE DEBAT IVOIRIEN
Subscribe to get the latest posts sent to your email.