17 h 28 heure d’Abidjan, Jacques Cinamula, leader de la société civile en RDC en direct de Goma déclare : « Notre territoire est sous contrôle à 80%. Les informations sur les réseaux sociaux ne sont pas fondées.

Nous sommes sans eaux et électricité depuis hier. L’aéroport de Gisensy, une ville d’une province rwandaise est sur le point de tomber aux mains des militaires congolais. Le drapeau congolais implanté dans le territoire conquis par l’armée congolaise. On avance », propos recuillis par le confrère Mathias Zakam.
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Litsani Choukran raconte Goma
Une ville sous tension, une armée face à son destin, un récit où le courage se mêle à l’incertitude. À Goma, une journée hors du commun s’écrit dans le sang et l’honneur. L’aube s’élevait sur Goma, mais la ville n’avait pas dormi. Depuis minuit, des proclamations triomphantes avaient envahi les ondes :
Goma est tombée. Le M23, relayé par certains journalistes, annonçait avoir pris la ville. Pourtant, sur le terrain, la réalité était tout autre, enveloppée de mystère et de résistance. Les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo), pourtant sous pression, avaient refusé de céder.

Pour autant, loin des caméras, le destin de la ville se joue : vers 20 heures, dimanche 27 janvier 2025, un ordre retentit dans les rangs des FARDC : se replier, abandonner Goma. Un choix imposé par le Haut Commandement, mû par une priorité claire : éviter un bain de sang dans une ville déjà meurtrie. Mais sur le terrain, cet ordre sonne comme une trahison, un abandon qui pèse plus lourd que les armes ennemies.
Les soldats se regardent, silencieux. L’idée d’obéir les étouffe. Pour beaucoup, cet ordre réveille des blessures anciennes. Ils souviennent des humiliations passées, des images insoutenables de leurs camarades contraints de déposer les armes, de se rendre à la MONUSCO, de marcher, têtes baissées, sous les regards moqueurs des ennemis. Cette mémoire vive, ces moments où l’armée congolaise avait dû battre en retraite face à un adversaire soutenu par des forces invisibles mais puissantes, déchirent leur esprit. Cette fois encore, ils devraient abandonner la ville, leurs frères et sœurs, pour éviter des massacres.
Un choix logique au sommet, mais incompris sur le terrain. Le gouvernement congolais, en prenant cette décision, pensait avant tout aux habitants de Goma. Les souvenirs de batailles urbaines sanglantes dans d’autres régions hantaient encore les esprits. Il était impensable de transformer Goma en un cimetière à ciel ouvert, où chaque ruelle deviendrait le théâtre d’un massacre, chaque maison un piège mortel.

Les autorités savaient que des combats intenses dans une ville aussi densément peuplée laisseraient derrière eux des milliers de civils innocents pris entre deux feux.
Mais ce choix, dicté par la raison, était lourd de conséquences. L’abandon de Goma signifiait aussi l’abandon d’un arsenal précieux, des postes stratégiques, et, pire encore, un message de faiblesse aux yeux du monde et des ennemis. Ce scénario avait déjà été vécu sous d’autres régimes. Chaque fois, il avait laissé une cicatrice indélébile sur le visage de l’armée congolaise.
6 heures : Le refus
À l’aéroport de Goma, l’ordre de repli arrive. Mais il n’est pas accueilli. Une lutte intérieure émerge dans chaque soldat présent. Faut-il vraiment quitter la ville ? Comment peuvent-ils abandonner leurs armes, leurs positions, et surtout leurs compatriotes, aux mains d’une armée étrangère ? La ville de Goma, berceau de tant de douleurs, n’est pas seulement un point sur une carte. C’est une promesse, un symbole, un serment silencieux qu’ils avaient fait en portant l’uniforme : protéger à tout prix.
Le prix d’un choix.
Se retirer, c’était ouvrir la porte à un chaos sans précédent. Les Rwandais, qui venaient de traverser la frontière par milliers, n’avaient qu’une idée en tête : consolider leur emprise sur Goma. Ce retrait serait une victoire pour eux, une défaite totale pour le Congo. Les soldats savaient ce que cela signifiait. Abandonner Goma, c’était aussi trahir les habitants qui comptaient sur eux pour les protéger. Ces civils, leurs propres frères et sœurs, seraient laissés à la merci d’un adversaire connu pour ses exactions. La peur et la honte se mêlent à leur colère. L’idée de marcher en laissant derrière eux des rues, des maisons, des vies, leur est insupportable.

Alors, à 6 heures, un murmure traverse les rangs : Non ! Ce refus n’est pas crié. Il n’a pas besoin de l’être. C’est une révolte silencieuse, née de l’âme collective de ces hommes et femmes. Ils ne partiront pas.
L’aube d’une révolte. Ce refus marque le début d’un combat inattendu. Les FARDC décident de se battre. Non pas pour désobéir, mais pour rester fidèles à leur serment. Les premières escarmouches éclatent. Dans chaque rue, chaque ruelle, des soldats congolais tiennent tête à un ennemi supérieur en nombre et en armement. Vers 8 heures, une audace inattendue. Des troupes congolaises traversent la frontière vers Gisenyi, emportant la bataille sur le territoire ennemi. Ce geste, symbolique mais puissant, renverse la dynamique. Les rebelles, qui pensaient célébrer leur victoire dans le stade, commencent à douter.
11 heures.
Une bataille décisive. Les combats atteignent leur paroxysme lorsque le M23 vise la RTNC, espérant s’emparer du média public. Mais les FARDC, toujours stationnés près de l’aéroport, lancent une opération commando éclair. En quelques heures, la RTNC est reprise, et avec elle, la voix du Congo. Les rebelles, privés de leur plateforme de propagande, sombrent dans le silence.

Leçon d’héroïsme.
La journée s’achève, mais l’incertitude persiste. Combien ont payé ce courage de leur vie ? Combien de civils ont été épargnés par ce sacrifice ? Les communications sont coupées, mais une vérité demeure : ces hommes et ces femmes ont choisi l’honneur. Si Goma venait à tomber, elle tomberait sur des épaules droites, pas courbées.
Cette journée ne sera pas oubliée. Elle rappellera au Congo tout entier que l’abandon n’est jamais une option. Que l’humiliation d’hier peut devenir la fierté de demain. Et surtout, elle sera une promesse : celle d’une armée qui, malgré tout, se bat pour son peuple, pour sa dignité, et pour l’avenir d’un pays qui refuse de plier.
Contrairement aux humiliations vécues en 2012, cette fois-ci, l’armée congolaise s’était accrochée avec une ténacité inédite. La ville de Goma, loin d’être une victoire facile pour les rebelles, s’était transformée en un champ de bataille où chaque mètre carré devenait un symbole de courage et de sacrifice.
Les roquettes congolaises, tirées depuis Goma, touchent des zones frontalières du Rwanda. Kigali admet pour la première fois des morts. 5 au minimum, pour 35 blessés. L’armée congolaise avait ainsi décidé de répondre, en ramenant la guerre à sa source.
Mobilisation nationale et internationale Tout à coup, à travers le pays, un élan de patriotisme éclate. À Bukavu, Beni, et même à Kinshasa, les populations descendent dans la rue pour dénoncer l’agression rwandaise et exprimer leur soutien aux FARDC.

Le sentiment nationaliste grandit, renforçant l’unité autour de l’armée. Sur la scène internationale, le Rwanda fait face à des condamnations quasi unanimes. L’Union africaine convoque une session spéciale de son Conseil de sécurité, tandis que des grandes puissances élèvent la voix.
Goma tient.
Les FARDC, longtemps moquées et sous-estimées, livrent une bataille héroïque. Si la situation reste incertaine, une chose est sûre : cette journée marque un tournant.
Ce n’est pas seulement une bataille pour une ville, mais pour l’honneur d’une nation. Une leçon de courage, de résistance et de détermination, inscrite à jamais dans la mémoire collective du Congo.
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Litsani Choukran – une correspondance particulières envoyée spécial GOMA
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